J’aime beaucoup cet auteur de manière générale. J’avais adoré nos séparations, la délicatesse, je vais mieux et les souvenirs, je n’avais pas du tout aimé Lennon. Charlotte se démarque de ses romans : c’est un livre totalement bouleversant, écrit brutalement ; une ligne étant une phrase. Ce choix de la forme était plus que préférable tant le roman est lourd de duretés. Il retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une oeuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : « C’est toute ma vie ». Portrait saisissant d’une femme exceptionnelle, évocation d’un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d’une quête. Celle d’un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
Émotions d’une lecture
Je ne peux pas lire un livre dans gribouiller dessus, souligner des phrases marquantes… J’ai eu l’idée, une fois le livre terminé, de mettre bout à bout toutes les phrases qui m’avaient touchée lors de ma lecture, le résultat est assez incroyable je trouve :
Elle apprivoise sa mélancolie.
Charlotte peut sourire et souffrir en même temps.
Mais il y a comme une force noire dans son amour.
L’histoire se répèterait donc.
Se répèterait sans cesse, comme le refrain des morts.
L’atavisme morbide était trop puissant.
Mouillés de larmes, les mots bavent, deviennent difformes.
Et c’est au cœur de ce rouge qu’apparaît une dissonance.
La mort définitive des artistes, ou leur survie.
Etre sur scène, c’est vivre.
Illusoire rempart à la fragilité des autres.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Est-ce le charisme des taiseux ?
Son humeur marche dans la boue.
Elle ne peut croire qu’elle suscite un intérêt véritable.
L’homme se rendra forcément compte de sa médiocrité.
Subitement, les encouragements se transforment en peur.
Son corps abrite une armée de parenthèses.
Ils s’enlacent et c’est acide.
Presque des morsures de l’envie.
Telle une preuve giflée par la vie.
Ils ne sont pas un couple.
Ils sont des moments d’ailleurs.
Si tu m’oppresses tu me perds.
C’est tout un espoir qui parcourt sa gorge.
Des poèmes ou simplement des phrases orphelines.
La seule attitude judicieuse consiste à s’accommoder de l’état des choses.
Elle n’en fait qu’à sa tête, c’est-à-dire qu’à son cœur.
Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi.
Sa précision est la mémoire du cœur.
On finit par haïr ceux qui nous donnent tout.
Le sommeil est le seul endroit où elle semble être à l’abri d’elle-même.
Cette peur démesurée de l’abandon.
La certitude d’être rejetée par tous.
Considérer l’art comme la seule possibilité de vie.
Elle voulait mourir, elle se met à sourire.
J’étais tous les personnages dans ma pièce.
J’ai appris à emprunter tous les chemins.
Et ainsi je suis devenue moi-même.
On quitte brutalement l’habitude d’avoir les yeux rivés vers l’intérieur.
Le genre d’homme qui a l’allure d’un protecteur.
Et qu’on finit très vite par protéger.
Est-ce pour cela qu’on s’embrasse ?
Pour arrêter le silence ?
Il faut croire pourtant que la vie vient de s’infiltrer.
C’est un camp de transit.
La salle d’attente de la mort.
C’est la vérité de Charlotte.