Encore un matin…
C’est un matin ordinaire, semblable à tous ceux qui défilent depuis ton départ.
Je déguste un café allongé, tel que tu l’aimes. Sur l’étagère, trône ton paquet de biscuits préférés. Nul n’a le droit de s’en approcher. Il t’attend, comme moi.
Accoudée à la fenêtre, j’observe la ville… Doucement, elle s’éveille. Éblouie par la clarté, peinant à faire surface, je pense à toi. Une fois encore, j’ai ouvert mes yeux sur l’aube d’un nouveau jour… Un jour éphémère, un jour à la fois interminable, un jour sans toi.
COMME SI DE RIEN N’ETAIT…
Au cours des prochaines heures, je ne montrerai de moi que le meilleur. Aimable, avenante, patiente… J’afficherai tout le long de cette journée, un sourire large et rayonnant. Dotée d’une attention irréprochable, j’écouterai les autres, je compatirai aux tracas de chacun. Sans aucun trémolo dans la voix, je répondrai inlassablement à chaque « Ça va ? » par un « Oui » franc et persuasif. Parfois, spontanément, j’éclaterai de rire. A certains moments, en la sentant submerger mon cœur, avant qu’elle ne me fasse faiblir, je dissimulerai délicatement, tout au fond de moi, ma mélancolie. Et quand il me fera trop mal, je rangerai soigneusement sous le masque de ma bonne humeur, le manque de toi.
ET SI TU N’ES PAS LA …TU ES LA QUAND MÊME
Aujourd’hui encore, contrairement au monde qui m’entoure, toi, tu seras loin. Ta présence n’en sera pourtant que plus forte. Espionnant chacune de mes conversations, guidant le moindre de mes gestes, constamment, tu t’imposeras. Envahissant, tenace, tu accompagneras chacun de mes pas. Quelque fois oppressant, tu demeureras indispensable.
Ce matin de plus, en me réveillant dans ces draps glacés, j’ai senti tes bras m’envelopper, la chaleur de ton souffle chatouiller mon cou, tes mots doux glissés à mon oreille. Je me suis blottie dans tes bras, j’ai passé ma main dans la forêt d’épis qui constitue ta chevelure, j’ai savouré le goût de tes lèvres. Ce matin, immanquablement, je t’ai réservé ma première pensée, mon premier sourire, ma première larme.
ME RÉVEILLER A TES COTES …TOUJOURS.
A t’écouter, il n’est de spectacle plus affligeant que celui de ton réveil. Réalise ce que je suis capable de donner, là, maintenant, tout de suite…Pour en être à nouveau, la spectatrice privilégiée. J’aime tes cheveux en bataille, ta mine épuisée, tes rituels enfantins. J’aime t’observer, en train de petit-déjeuner comme un petit garçon devant tes programmes télévisés favoris. J’aime t’entendre pester quand tu ne trouves pas ton polo préféré. J’aime finalement te voir revêtir ce tee-shirt délavé et juvénile, si représentatif de l’homme-enfant que tu es, éternel et bouleversant. J’aime enfin, lorsqu’ au moment de se quitter, pressé comme à ton habitude, tendre à la fois, tu te penches vers moi en me disant « Je file…Fais-moi un bisou ». Je raffole de ce moment sacré où dans la langueur du baiser, tout à coup, ta nature taquine reprend le dessus, pour pincer mes hanches. Je suis folle du regard malicieux qui accompagne ce geste. Je suis folle de toi. Un réveil à tes côtés, pour ma part, est l’unique condition à une journée heureuse.
LOIN DES YEUX …PRES DU CŒUR !
Mon amour, laisse-moi te dire à quel point le proverbe « Loin des yeux, loin du cœur » est menteur.
Ce soir, je rayerai ce jour d’une croix. Un jour de plus, un jour de moins….Je compterai ceux qui me séparent du bonheur de te retrouver enfin. Et dans un mélange de solitude et d’amour infini, c’est bien au creux de toi que je finirai par trouver le sommeil.
Peu importe à quelle distance de toi, je verrai un nouveau jour éclore, à mon réveil, tu seras là.
Marie.
Source image : Flickr de You ME
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