Voici une lettre très triste qui m’a été envoyée. L’auteure souhaite rester anonyme et nous livre ici son amour teinté de tristesse et de doutes. Une lettre très émouvante !
Au début tu as été ma bouffée d’oxygène. Tu m’as redonné confiance en l’amour, en l’homme. Tu as empli mon cœur de joie, d’amour et j’ai eu une confiance aveugle en toi. Tu n’étais pas comme les autres. Tu étais unique à mes yeux et à mon cœur. Tu étais mon âme sœur, ma perfection. Je ne pouvais pas me passer de toi, de te parler, de t’admirer, de te toucher. J’aurais quitté tout et tout le monde pour toi car tu étais mon univers.
Malheureusement moins d’une année après notre mariage ton comportement à mon égard a basculé dans les ténèbres. Tu es devenu violent, égoïste. Tu m’as rabaissée plus bas que terre. Tu m’as humiliée et tu as pris un malin plaisir à me blesser au point de me meurtrir au plus profond de ma chair. J’avais fait de toi mon prince, mon centre du monde, mon tout. Pour au final constater que je ne suis pour toi qu’un souffre douleur et que je suis devenue trop encombrante.
Aujourd’hui on ne peut plus être dans la même pièce.
Je me retrouve seule, désemparée et tiraillée entre ma tête et mon cœur. Tiraillée entre mon désir de mettre fin à l’humiliation et le manque de respect et mon désir de recoller des morceaux qui me ne semblent pas recollables. La vérité est que je t’aime à en mourir. Je mourrai de vivre sans toi mais je me meurs à petit feu de douleur en restant avec toi…
Photo : Andrew Phillips
Quand tu souffres moins quand tu n’es pas toi-même, quand tu te caches au monde, que tes cicatrices se transforment en accident, que même toi tu oublies pourquoi tu es là, que tu fais semblant d’avancer au jour le jour, comme si ce qui était passé n’existait plus, comme si tu n’existais pas, comme si tu étais un fantôme errant le jour parmi les vivants, et que tu te réveillais la nuit, parmi les morts. Ta vie n’a pas de sens, mais au fond, en a-t-elle pour personne ? Tu n’es pas toi, mais ça te permet d’avancer, ça te permet de continuer à monter ces marches qui te mène vers le gouffre, le gouffre qu’est la vie que l’on t’a « offerte ». On te l’a donné comme si elle était un cadeau, comme si tu allais faire mieux, comme si tu vivrais mieux. Mais comment vivre mieux, comment faire mieux ? On ne choisit plus, chaque soi-disant choix mène toujours au même endroit, au même résultat. Déception, fatigue, épuisement. Et on te dira que tu dois faire des efforts, ne pas relater le passé, que cela ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort, que quand tu touches le fond, il suffit de taper du pied et de remonter. Mais franchement, est-on si cons que ça ? Le monde ne sera pas meilleur parce qu’on fera des efforts, parce qu’on oubliera le passé, parce qu’on arrêtera de s’écouter souffrir, parce qu’on fera en sorte de toujours remonter. Le monde s’est arrêté depuis longtemps maintenant. Et toi, tu continues à tourner, sur ce manège infernal qui te ramène toujours au même endroit, toujours aux mêmes visages, aux mêmes déceptions. Et quand le tour passe tu crois à chaque fois, crédule comme tu es, que quand tu reviendras, tout sera différent. Mais à chaque fois, rien n’a changé. Et tel un poisson rouge dans son bocal, tu oublieras à chaque fois que tu auras fait le tour de celui-ci. Mais certaines fois ta mémoire te joue des tours, et tu te rappelles, tu te souviens de ce qu’on t’a fait, de ce que ça fait d’avoir mal, d’être aimé sans vraiment l’être, et que quand tu fais quelque chose de mal, on ne te le pardonne pas. Tu pardonneras sans vraiment pardonner, tu feras de nouveau semblant d’oublier pour avancer, ou du moins tu essayeras d’oublier. Mais certaine fois, le manège te ramène à des jours où tu te rappelles que tu voulais mourir, que la vie n’en valait pas la peine, où tu savais tout ce que le monde a à offrir réellement, à ces jours où tu savais que les gens n’étaient pas bons, et que même les personnes les plus proches de toi te mentaient et faisaient semblant. Car c’est ce que tout le monde fait, il me semble. Mais j’ai l’impression parfois, que ce manège qui est le mien, est le seul à me ramener à ces moments, il est le seul à me rappeler la réalité, le seul à me dire que je me trompe, que les gens ne m’aiment pas vraiment, que je suis réellement seule. Que quand je me persuade vraiment que j’ai quelque chose, en fait je ne l’ai pas. Que je ne suis rien et qu’aux yeux du monde, je ne suis que de passage. Un mirage que l’on oublie aussi vite une fois qu’il a disparu. Je rêve d’une vie qui n’existe pas, tel un utopique de l’histoire. Un de ceux qui croient encore que les choses peuvent changer, qu’un jour les gens se rendront compte et que tout sera différent. Mais comment y croire encore lorsque l’on marche de déception en déception. Que même ce qui te semblait cher à tes yeux, part en poussière. Que ton cœur disparaît petit à petit sous les décombres de la vie. Qu’il devient noir, à détester, haïr. Que tu oublies qui tu étais, que tu voulais être quelqu’un de bien, quelqu’un de bon mais que la vie ta rendue aigrie, méchante et seule. Seule pour ne plus souffrir, pour ne plus faire souffrir, seule pour mourir. Et je sais ce qu’on te dira, si tu dis ces mots à quelqu’un, que c’est égoïste, que tu penses vraiment qu’il n’y a que toi qui souffres, qu’en écrivant cette page, que tu ne penses pas au mal que tu feras aux personnes qui « t’aiment ». Mais qu’importe. Le soleil n’est là que pour nous obliger à nous lever chaque jour, il suffit de l’éteindre, et plus personnes ne se relèvera, tout sera enfin fini, tout sera calme et paisible, tout sera rien.
J’avais une poussière dans l’œil… c’est pas de ma faute.
Magnifique texte, vie difficile.
Je vous souhaites tout le bonheur du monde.