Un texte d’amour triste, certes, mais j’espère qu’il vous plaira 🙂
Juste entendre son rire une dernière fois
Il pleuvait ce jour-là. Ses larmes étaient dissimulées par la pluie mais je savais qu’elle pleurait. Elle me quittait et elle pleurait. Quand elle a craché cette phrase courte de deux mots « c’est fini », je me suis pris dans la tête tous les souvenirs de nous.
J’ai instantanément eu l’image d’elle sur la plage du Lavandou, ses seins bondissants hors de l’eau et elle, hurlant que je la prenne en photo. Et puis il y a eu tous ses rires qui ont raisonné en moi ; son rire d’adolescente quand je me ramassais par terre, son rire bruyant quand je faisais une blague bidon, son rire rauque quand elle avait trop bu et trop fumé, son rire tendre le matin au réveil, son rire gêné lorsqu’elle ne savait pas quoi dire. J’ai pensé à sa fossette unique qui se dessinait sur sa joue droite à chaque fois. J’ai pensé à la première fois que j’avais goûté sa peau, à son odeur de petit pain chaud, à son grain de beauté caché dans son décolleté, à nos corps ne faisant qu’un, à ses soupirs après l’amour, à nos engueulades qui se terminaient en fou rire. Le souvenir de notre rencontre est remonté, le souvenir de ses cheveux blonds tout emmêlés un soir d’hiver, de ses petits yeux rieurs et de sa voix un brin cassée. Et puis j’ai pensé à mon amour pour elle. Mon amour pour ses grimaces, mon amour pour sa joie enfantine, mon amour pour son corps nu dans nos draps blancs, mon amour pour sa force, mon amour pour sa fragilité, mon amour pour ses convictions que je ne partageais pas toujours, mon amour pour elle. Elle toute entière.
Elle a tourné les talons, je l’ai vue de dos, disparaître petit à petit, une image qui devient floue. Je ne voulais pas qu’elle le devienne. J’ai voulu lui courir après, lui prendre la main, lui dire pars pas, pas comme ça, qu’est-ce que tu nous fais ? J’ai voulu lui hurler que je l’aimais, que je l’aimais comme un malade, que je n’avais jamais émis la possibilité d’une fin entre nous, que je n’étais pas préparé, que je ne l’aurais jamais été, que c’était elle, et personne d’autre.
Et puis je suis resté là, planté, immobile, enraciné dans ma flaque. Pas une larme n’est sortie de mes yeux et pourtant mon cœur était déchiré. Je le savais, rien ne serait plus jamais comme avant. Ce n’était pas seulement ma tristesse, pas seulement mon désespoir, c’était toute ma vie qui s’écroulait. Ma vie passée que j’allais devoir effacer, ma vie présente qui cessait d’exister, ma vie future qu’elle venait de briser.
C’était il y a un an. 365 jours, 8760 heures, 525600 minutes sans elle. Et aujourd’hui, je suis là, devant sa porte qu’elle m’a ouverte tellement de fois. Je suis là, tordu de peur, avec ma boîte de chocolats. Je ne m’attends à rien, surtout pas à ce que tout recommence car rien ne serait jamais pareil. Non, je veux juste entendre son rire, juste une nouvelle première fois.