A toi lecteur, lectrice : Lettre d’Amandine

Dites-le avec une lettre

Il y a des choses qu'on aimerait pouvoir écrire... Mais on ne sait pas toujours par où commencer, comment trouver les bons mots, véhiculer la bonne intention. Aujourd'hui, on vous aide à vous lancer et envoyer la lettre parfaite:

Aujourd’hui, malgré la tristesse qui m’envahit et qui commence à nouer ma gorge, ce n’est pas à LUI, l’être que j’aime le plus au monde mais qui m’a tellement torturée jusqu’à le perdre, que je vais m’adresser. Aujourd’hui, toi, lecteur, lectrice, tu es la personne à qui j’ai envie de me confier.

Alors, oui, tu suis mes aventures depuis cinq mois maintenant. Tu sais ce que je suis à l’intérieur. Tu sais comment je me sens.

Tu sais, c’est la première fois que je t’adresse ces mots directement, et d’anxiété, de peur de me mettre à nu maintenant, les larmes me montent aux yeux. Après tous ces articles qui s’adressaient à toi indirectement, je ne me sens pas soulagée. C’est vrai, je me répète souvent dans mes articles, et pourtant je n’ai pas fait le tour de ma tristesse.

Tu connais ce sentiment étrange où, après une grosse déchirure, tu te sens comme vide, mais à la fois pleine de ressentis ? Eh bien moi, parfois, il y a des moments où je sens que mon coeur se déchire, qu’on m’arrache, petit bout par petit bout, des morceaux de moi. D’autres fois, il arrive que je ne ressente absolument rien. Et dans ces moments, j’ai l’impression que je suis en train de sortir du trou que je me suis creusée. Alors j’ai un petit espoir que ça aille mieux, et surtout … que ça dure. Mais il suffit d’un rien pour me refaire tomber. Tu connais ça, toi ?

C’est peut-être bête de se creuser un trou, juste pour une histoire de coeur, juste pour une rupture. Mais je ne sais pas faire comme si ça ne m’affectait pas. Je ne peux pas faire comme si je ne l’avais pas aimé. Je ne sais pas relativiser mes sentiments. J’ai honte d’être si faible, tu vois, à cause de lui. Cette histoire ne rimait à rien, je le sais bien, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être follement amoureuse de lui. D’être tellement amoureuse que je m’en suis déchirée. Complètement. Toi aussi, tu as aimé quelqu’un aussi fort alors que tu savais que ça ne mènerait à rien ? Je savais que ça ne nous mènerait qu’à une impasse, lui et moi, mais, contrairement à beaucoup d’autres, il a été honnête avec moi, il m’a prévenue qu’il était incapable d’aimer, de donner, que la seule chose qui comptait pour lui c’était de se détruire lui-même. Je savais tout ça, il ne m’a pas menti, mais je n’ai pas pu résister, j’ai laissé faire les choses, le temps. Mais le temps m’a pris de court, et très vite il est devenu mon monde ; tant et si bien que maintenant qu’il n’est plus dans ma vie, mes journées, mon monde semble évidé. Toi aussi, ça t’arrive ce genre de choses? Et le pire, c’est que je ne peux pas lui en vouloir, je n’ai rien à lui reprocher, et en même temps, chaque jour je meurs de peur : j’ai peur qu’il disparaisse de la surface de la terre. J’ai peur que le courage de se foutre en l’air lui vienne, et moi, je ne serai même pas là pour l’en empêcher.

Tu connais aussi cette contrariété quand quelqu’un vient te dire “ Ça ira. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais un jour, tu te lèveras et tu seras prête à tourner la page” et que toi t’as juste envie de répondre “Mais bordel, NON ça n’ira pas, parce qu’il est des blessures qui ne disparaissent jamais. J’aurais beau avancer, trouver peut-être quelqu’un d’autre, mais dans le fond, cette blessure qui me rappellera toutes mes autres blesses, elle sera toujours là. Toujours là.” ?

Et d’ailleurs, est-ce que toi aussi tu te sens si faible que tu refuses de prendre des forces pour te relever ? Moi, je ne peux pas me relever. Parce que j’ai peur maintenant. J’ai peur de me relever et de devoir me prendre un autre coup sur la tête. Alors je préfère rester au sol. Au moins, personne ne pourra me mettre de coups. J’avais, étant plus jeune, cette peur des coups, puis j’ai appris à la maîtriser grâce à quelqu’un. J’ai appris que j’aimais prendre des risques. Mais tous mes efforts sont vains, maintenant. C’est comme si je n’avais rien fait. Comme si je ne m’étais pas battue pour abolir cette peur. La peur est tellement plus forte que tout. Je suis déçue de ce que je suis, de ce que je suis devenue, mais à la fois, je n’ai pas la force de changer quoi que ce soit. Toi aussi, lecteur, les aventures de la vie te déçoivent?

Toi aussi, lecteur, tu te sens en marge du monde, comme moi, maintenant, à voir tourner le monde depuis ta place ? Toi non plus, lecteur, tu sais que tu ne sortiras pas indemne de ces aventures ? Toi aussi, lecteur, tu es blessé à jamais?

Amandine

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