Une magnifique lettre triste, remplie à la fois d’amour et de frustrations…
À toi,
Toi qui, par de simple mots, as bouleversé ma vie, mais qui par de simples mots l’a aussi tant abîmée. Toi qui m’as permis de déployer mes ailes et de prendre mon indépendance et ma liberté, mais qui, sans prévenir, est venu tout balayer.
Pas assez bien pour toi il paraît… Mais ça veut dire quoi ? Pas assez bien de quoi ? Des exigences que je ne saurais apparemment jamais égaler : alors pourquoi es-tu venu me chercher ?
Tu apparais, tu disparais. Alors que je pensais avoir enfin tiré un trait, tu réapparais. Tu me manipules, tel un jouet. Et moi, je suis là, à ta disposition. Et au fond de moi je hurle. Je voudrais m’affirmer. Te rejeter. Et pourtant je brûle de tes messages. Je les espère. Je les attends. Secrètement. Intimement.
L’esquisse d’un geste. La douceur d’un baiser. La profondeur d’un regard. Même juste un mot s’il n’en fallait qu’un… Il n’en faut pas plus à mon cœur et à mon âme toute entière pour s’embraser de nouveau. Alors que je sais.
Je sais et pourtant : c’est malgré moi, incandescent : tant de bêtise et de déni c’en est même indécent.
Des larmes j’en aurais versées. Plus que jamais. Au prix de quoi, au prix de qui ? De ces rares instants passés au creux de tes bras, sous le feu de tes étreintes et l’espoir constant que tu entretiens en moi au travers de tous tes mots.
Chaque nouveau silence, chaque nouvel abandon, chaque nouveau rejet et toutes mes attentes qui repartent en fumée. Les jours qui passent, la vie qui défile… Et ta présence et ton image qui me hantent à chaque instant, où que j’aille, quoi que je fasse : je ne peux m’en empêcher ni même me raisonner : c’est simple, tu conditionnes chacune de mes pensées.
Tellement de choses que je ne t’ai pas dites. Et je te vois vivre tes rêves et réussir ta vie, sans que cette histoire, aussi infime soit-elle dans ce paysage de réussites qui jalonnent ton parcours, ne semble t’effleurer, t’affecter, te toucher.
Je me suis laissée apprivoiser, je t’ai aimé, je t’ai tout autant détesté. Je t’en ai voulu de m’avoir imposé cette histoire dont tu ne voulais pas vraiment mais qui pourtant t’a permis de panser tes blessures, à un moment de ta vie où seule la satisfaction de tes besoins, de tes envies primait.
Cette relation presque à sens unique, qui n’en a jamais été une, qui n’a trouvé ni de début, ni de fin, ni même de sens dans cette quête de l’affect et du secret qui semblait sceller et constituer le seul ciment de cette aventure que nous avons malgré tout menée.
Alors à travers ces quelques mots, à la manière d’un exutoire, sache que pour moi ça a compté. Que je n’ai jamais joué et que rien de ce que nous avons pu partager n’a été feint ou sans intérêt. J’ai compris qu’elles étaient tes priorités et qu’elles étaient tes aspirations et la portée qu’elles pouvaient avoir dans ta vie, et je sais que je n’en ferai jamais partie.
Mais s’il te plait ne m’oublie pas. Range simplement ces souvenirs, dans un recoin de ton cœur ou de ton esprit. Détail futile mais pourtant inscrit dans cette histoire que tu écris et qui n’est autre que ta vie…