Cela pourrait être une première en Europe : les congés menstruels pourraient faire leur apparition chez nos confrères italiens, et ce, dans les mois à venir ! Les congés menstruels italiens, quésaco ? Eh bien, c’est tout simplement une proposition de mise en place de 3 jours de congés mensuels pour les règles douloureuses en Italie. Un projet de loi salué par divers médias italiens, dont l’édition italienne du magazine Marie Claire qui le considère comme un « porte-étendard du progrès et de la durabilité sociale« . Mais qu’en est-il réellement ?
Une bonne mesure progressiste…
Ce projet de loi, présenté en mars 2017 par 4 législatrices, permettrait aux femmes de prendre trois jours de congés payés à 100% de leur salaire par mois pour les règles douloureuses aux frais de leur entreprise.
Tout d’abord il convient de préciser que si ce projet de loi passe, il sera certes une grande première en Europe, mais pas dans le monde ! En effet, un certain nombre de pays (la plupart asiatiques) ont déjà adopté le congé menstruel, à commencer par le Japon… En 1947 ! Autant dire que ça n’est pas tout récent. Il a été rejoint l’année suivante par l’Indonésie, puis en 2001 par la Corée du Sud, et plus récemment, par Taïwan et la Zambie. Nul doute donc, que de nombreux autres pays seront tentés de suivre cette mesure.
D’autant plus que les plus sceptiques qui craindraient des abus peuvent constater les chiffres japonais. Dans les faits, seul un dixième des femmes font valoir leur droit à ce congé menstruel. Mais en sera-t-il de même pour l’Italie ? Ne risque-t-il pas d’y avoir de trop nombreux abus ? Même si les italiennes devront procurer un certificat annuel, ça risque de ne pas être suffisant pour endiguer la vague des prises de congés intempestives.
…Ou pas ?
La conséquence à craindre suite à l’adoption de ce projet de loi : une dégradation de la sécurité de l’emploi des femmes. Sachant qu’elles pourront en théorie prendre 3 jours de congés payés supplémentaires par mois, cela risque d’inciter les futurs employeurs à recruter en priorité des hommes… Ce qui est déjà bien trop souvent le cas ! Cette mesure louable risque donc de se transformer malgré elle en mesure discriminatoire desservant la cause féminine. Sachant qu’en plus, l’Italie est le pays européen qui compte l’un des plus faibles taux de participation des femmes à la population active. 61% contre une moyenne européenne de 72%…
De plus, cette mesure est louable certes, mais trop spécifique comme le dit Sophie Binet, en charge de l’égalité hommes/femmes à la CGT, dans une interview à 20 Minutes : « Au lieu de cette mesure spécifique, il vaudrait mieux améliorer la prise en charge médicale des règles douloureuses et investir davantage dans la lutte contre les discriminations au travail à l’égard des femmes« .
Et vous, qu’en pensez-vous ? Véritable progrès, ou dangereuse proposition ?