Et j’éclate en sanglots, pleine de rage. J’éclate en sanglots car je ne sais faire que ça. Je suis impuissante. Je brise le silence de l’appartement car cette haine me prend, m’enivre, et m’empêche de rester sereine. Sereine. Improbable. Ça n’est plus possible. Plus depuis que j’ai compris que mes journées se résumeront à ça : à ressasser ces idées noires.
On me dit de croire en l’amour. Mais l’amour est un poison. Ça fait mal. Trop mal. J’ai trop souffert pour prendre à nouveau le risque de souffrir encore. J’ai trop donné pour me risquer à nouveau de donner pour rien. L’amour c’est ça, tu donnes, tu donnes, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne te reste plus rien à l’intérieur. Et si on ne te le rend pas, alors tu termines complètement vidée. Et c’est ça qui fait mal. Tu as usé toute ton énergie, tu as donné le maximum de toi, et puis, à la fin, il ne reste plus rien de toi. Pas même des miettes. Et puis, en conséquence, tu essaies de survivre à ta souffrance. Mais bordel c’est pas ça la vie, survivre ! C’est pas ça ! Moi je ne veux plus survivre. Et comme je suis incapable de simplement vivre, je vais me contenter d’exister. Enfin, exister, c’est un bien grand mot. *Soupir*. Même ‘être’ je ne le peux pas. Parce qu’être c’est participer de quelque chose. Du monde, en l’occurrence. Mais, dans ce monde putride, je fais seulement semblant d’être. Quoi qu’il en soit, je lutte. Et je suis fatiguée de lutter. Je suis épuisée. Ereintée.
Alors voilà, c’est fini, je décide non seulement que, de peur de revivre cette souffrance, je mettais des barrières à mon cœur, que plus personne d’autre que toi ne pourra l’atteindre, mais qu’en plus j’arrêtais de lutter. Je vais me laisser porter par ce qu’on appelle la vie. Moi, j’arrête les frais. Ne comptez plus sur moi pour quoi que ce soit. Je n’ai plus d’âme. C’est terminé.
Mais j’éclate en sanglots. Encore. Je suis à fleur de peau, une fois la colère retombée, car voilà plus d’un mois que je me voilais la face. Plus d’un mois que je faisais semblant que nos rendez-vous réguliers me comblaient. Plus d’un mois à me persuader que mes sentiments pouvaient s’en aller ; parfois même que ma route sans toi allait être possible. Mais ce soir, je me rends compte que c’est faux. Ce soir, je me rappelle combien je t’ai aimé. Et combien je t’aime encore. Combien les moments passés avec toi m’ont remplie de joie. Combien je te veux près de moi. Euphorique, ces quelques mots, « je t’aime », ne m’avaient plus effleuré l’esprit, mais ce soir je voudrais te les adresser. Ce soir je voudrais te hurler que je t’aime encore, que tu me manques. Que sans toi, plus rien n’a de sens. Ma vie part dans tous les sens. Je ris, je pleure, j’explose, je m’ouvre, puis me referme. Ça n’a plus aucun sens, tout ça. Ce soir, seule chez moi, la folie m’atteint. L’hystérie. Le poids du silence. Le poids de ton absence.