Voici un témoignage bouleversant que je vous invite à lire vraiment en entier. La lectrice a souhaité rester anonyme.
Je fais des crises d’angoisses tous les jours et mon couple en pâtit
Bonjour Léa,
Voilà, pas évident pour moi d’écrire ce témoignage mais mes proches m’ont vraiment poussée à le faire. Je ne sais pas vraiment par où commencer. C’est en tombant que un texte d’une lectrice « Je suis une crise d’angoisse » que ça m’a fait un électrochoc et que j’ai voulu écrire ici. J’ai voulu l’écrire aussi en espérant que d’autres s’y retrouveront, en espérant avoir des commentaires, me sentir moins seule dans ce combat permanent si difficile à comprendre pour les autres.
Bonjour, P, 29 ans, anxieuse
J’ai 29 ans, cela fait 9 ans que je suis en couple, 7 ans que les crises d’angoisse ont débarqué dans ma vie. Ce qui est terrible c’est qu’elles semblent me définir. Comme si je devais me présenter ainsi : « Bonjour, P, 29 ans, anxieuse ».
Tout a débuté dans un avion. J’adorais prendre l’avion, je n’avais jamais eu le moindre soucis. Et là, j’ai vomis, eu la diarrhée, pendant des heures d’avion alors que tout allait bien quelques minutes avant. A deux doigts de faire un malaise. En sortant, ça ne s’est pas arrangé. J’ai passé dix jours de vacances dans un état affreux que je ne connaissais pas, je tremblais en permanence, j’avais du mal à respirer. Impossible de savoir ce qu’il se passait. En rentrant en France, j’ai fait plein de prise de sang, rien. Tout était en norme. L’Enfer commençait.
Deux ans d’horreur : La peur d’avoir peur
J’ai passé deux ans dans un état quasi inexplicable. Deux ans d’horreur pure. Chaque matin, dès que le réveil sonnait, mon coeur se serrait très fort, de façon extrêmement douloureuse. J’avais peur de commencer ma journée, peur d’aller travailler et surtout, peur d’avoir peur. Parce que c’est la peur qui me faisait aller si mal, la peur de faire un malaise, la peur de faire une crise. Ainsi, chaque matin, je me levais, allais une dizaine de fois aux toilettes, parfois, je vomissais. Il m’est arrivé trois fois de faire des malaises aux heures de pointe dans le métro. Et de nombreuses fois au boulot.
Symptômes
La crise pouvait débarquer à n’importe quel moment. D’un seul coup : ça commence par les fourmillements dans les mains, qui deviennent complètement gelées. Mes membres se contractent à tel point que je ne peux plus du tout bouger : comme si mon corps était mort mais que mon cerveau continuait de fonctionner (tétanie). Ensuite, les fourmillements remontent jusqu’à la tête, au cerveau presque puis dans le ventre. J’ai alors l’impression qu’une bestiole est littéralement en train de me ronger l’intérieur de l’estomac. Ma bouche se crispe, se paralyse, je suis alors incapable de parler correctement, j’ai le visage de travers. A cela s’ajoute souvent les diarrhées voire les vomissements. Puis je tombe par terre, quand c’est trop fort. Evidemment, je vois trouble pendant mes crises, je ne comprends plus rien, chaque bruit me fait mal (c’est pourquoi j’ai toujours des bouchons d’oreille sur moi). Ah, et bien sûr, la sensation d’être dans un bateau pirate d’un parc d’attraction : le coeur se soulève précisément de la même façon.
RIEN. RIEN NI PERSONNE NE PEUT M’AIDER DANS CES MOMENTS. Et je me sens seule. Terriblement seule.
J’ai vécu cela pendant deux années entières. TOUS LES JOURS. J’ai eu envie de mourir comme jamais.
Les crises pouvaient durer 20 minutes ( qui m’en semblaient 80 ) ou 2 heures (et j’avais l’impression que c’était la journée entière) et ce, plusieurs fois par jour. J’étais exténuée.
A cause des diarrhées, j’ai cru que j’avais la maladie de Crohn. C’est ainsi qu’à 22 ans je me suis retrouvée à faire une coloscopie. Je n’avais rien. ON NE ME TROUVAIT JAMAIS RIEN ! ET POURTANT, JE SOUFFRAIS A MOURIR !
J’ai été sous anti-dépresseurs et anxiolytiques, ça m’a aidée, clairement. Mais pas guérie.
Du jour au lendemain, je suis allée mieux, sans trop comprendre pourquoi. Enfin si, j’ai quitté mon boulot et repris un autre qui me plaisait davantage, mais ça ne suffit pas, ça ne ME suffit pas comme explication. J’ai arrêté de chercher : j’allais mieux, tant mieux, ne revenons pas en arrière.
J’ai été tranquille pendant trois ans.
Et puis s’est revenu. D’un coup. D’un seul puta** de coup. J’étais chez le coiffeur, j’ai eu la sensation d’être enfermée pendant trois heures et paf, montée d’angoisse.
Et quand s’est revenu, c’était bien pire que les fois précédentes ! Parce qu’à tout cela s’ajoutait la peur de ne JAMAIS s’en sortir ! J’ai perdu 7kg en deux semaines, je ne pouvais plus rien faire, absolument plus rien. Mes crises d’angoisses étaient devenues structurelles, elles n’arrivaient plus par pic, elles étaient là toute la journée !
C’était il y a seulement quelques mois…
Mes crises d’angoisse et mon couple
Sachez tout d’abord qu’en écrivant tout ça, je suis à deux doigts de faire une crise. C’est à la fois thérapeutique d’en parler mais ça fait vraiment mal de se replonger dedans. Vraiment.
Mon couple en a pâti, oh oui ! Mon conjoint était là au début, il a appelé de nombreuses fois les pompiers, même la nuit (je faisais des crises de tétanie dans mon sommeil également). Et puis forcément, je pleurais tout le temps, parce que j’étais épuisée, parce que je n’en pouvais plus !
Pendant deux ans, notre couple a été ébranlé. Plus j’allais mal, plus mon conjoint me fuyait : il sortait de plus en plus avec ses amis, ne voulait plus entendre parler de maladie.
Savez-vous pourquoi ? Parce que c’est une maladie psychique. Si j’avais eu un Cancer, il aurait été beaucoup plus prévenant. Je lui en ai voulu, longtemps. Et j’ai fini par me dire que seule MOI, pouvais me sortir de là. Que je ne pouvais pas attendre de lui qu’il me soigne ou encore qu’il me comprenne. Tant mieux finalement qu’il ne comprenne pas car, pour le comprendre il faut l’avoir vécu et pour rien au monde je ne voudrais qu’il subisse ce que j’ai subi.
Aujourd’hui, il accepte mieux parce que j’en parle moins. Je laisse moins de place à cette foutue maladie dans ma vie. Moins j’en parle, plus elle disparaît.
Les solutions que j’ai trouvées
Je vois un psychiatre depuis 5 ans maintenant. Je ne prends plus de médicaments mais ils m’ont aidée pendant une période. Je ne suis pas d’accord avec de nombreuses personnes disant qu’il ne faut pas en prendre. Ils sont d’une très grande aide, mais il faut être suivi pas un psychiatre chaque semaine pour être sûr que le traitement nous convienne (j’en ai changé 5 fois).
Ce qui m’a le plus aidée finalement c’est d’avoir été boostée. J’ai autour de moi tellement de personnes qui ne comprennent pas ce que je vis et qui m’ont bousculée, qui m’ont fait comprendre que je devais arrêter d’en parler tout le temps…Que finalement ça a été bénéfique. Attention, ça a été très dure pour moi d’entendre tout ça, j’ai détesté beaucoup de personnes, j’en ai voulu au monde entier de ne pas me comprendre mais finalement…J’essaye de moins faire de fixette dessus car plus j’ai peur de faire une crise, plus j’en fais. Parfois je me dis « je sens que je vais faire une crise » et paf, forcément j’en fais une…
Un remède qui m’a VRAIMENT aidée : la course ! Dès que je sens que je vais faire une crise, je pars courir le plus vite possible, même 5 minutes. Cela me permet de me rendre compte que mon corps fonctionne très bien et que tout se passe dans ma tête.
Je sais que je ferai encore des crises. Je veux juste qu’elles ne me bouffent plus la vie, qu’elles ne m’empêchent pas de vivre. J’aime tellement la vie !
Je ne sais pas si ce témoignage est clair, je ne veux pas le relire car j’en ai presque peur. Merci de m’avoir lue.
Je suis aussi passée par des années de crises d’angoisse! Je m’en suis sortie avec le temps. J’allais effectivement te conseiller la course à pieds avant de finir de lire ton article et de voir que c’est justement ce que tu t’es mise à faire. Tu peux aussi combiner le running avec du yoga!! Et en essayant de travailler et de chercher la cause de ces angoisses cela s’apaisera au fil du temps je l’espère.. et je te le souhaite.. Bon courage!!
Bonjour,
J aimerais tellement avoir la force de faire tout cela à chaque fois qu’une crise arrive…
Pour ma part, à la moindre émotion, je fais une angoisse et cela part en boulimie pour enterrer mon émotion.
Je suis une femme joyeuse, marrante, qui donne aux autres et de plus travaillant dans l’univers de la mode. Mais je suis aussi sensible…
Et dûe à cette sensibilité et cette émotivité ( hyperemotivité comme dirait mon ex ) mon ex justement m a quitté me disant que je trouverai sûrement quelqu un qui m apporterai ce dont j ai besoin. Lui ne pouvait pas.
Je suis donc re en crise au point de me dire que je n y arriverai pas. Je pars courir des 6/7 kms à 10.5 km/heure neanmoins, rien n y fait. Je rentre et je pleure, pars en crise ou m effondre de chagrin…
Je suis perdue.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt tous ces témoignages. Je connais bien la crise d’angoisse car moi aussi je fais des crises d’angoisse à la suite d’une très grave dépression (2 ans de traitement). Pour me faire passer ma crise d’angoisse je pratique la sophrologie. Ca me soulage un peu. Mais je comprends et je sais combien la crise d’angoisse peut faire peur.
Bonjour Danièle , Bien que votre message date d’il y a un an je viens seulement de le lire .Vous mentionnez la sophrologie pour soulager les angoisses , en quoi cela est il plus bénéfique que le yoga ou la simple relaxation ?Je vis dans un état d’angoisse perpétuelle , impression que je ne m’en sortirai jamais et mon entourage ne comprend pas pourquoi je suis ainsi .J’évite les anxiolytiques (un peu de lexomyl quand les crises sont trop fortes), j’ai vu deux psy qui ne m’ont pas aidée et le monde m’apparaît comme un cauchemar .Je me rends compte que je ne suis pas la seule à évoluer dans un climat irrationnel mais anxiogène . Comment allez vous ? J’aimerais avoir votre témoignage sur les effets de la sophrologie . Cordialement, Christine
Bonjour Christine,
Je me permets de répondre puisque j’ai vécu ça, j’ai tout tenté : yoga, sophro, hypnose, huiles essentielles, théâtre, sport, musique, peinture… Je me refusais à prendre des médicaments jusqu’au jour où mon état s’est trop aggravé, j’avais la sensation d’être folle, que mon monde n’était pas celui des autres, j’étais en angoisse permanente, anxiété généralisée + crises de panique aigues. J’ai finalement accepté les anti dépresseurs (j’en avais testés plusieurs par le passé qui ne m’avaient rien fait voire pire) jusqu’au jour où un médecin m’a enfin trouvé le bon pour moi et ce fut une libération. Cela m’a permis de ne plus jamais prendre d’anxio (+ d’accoutumance). Je ne prone pas la prise des médicaments mais quand on en vient à souffrir constamment et avoir ce sentiment d’étouffer en permanence, parfois cela peut être nécessaire, le tout est d’être suivie chaque semaine par un psy pour voir les effets et surtout, faire la thérapie derrière pour nous apprendre à gérer nos angoisses et à en comprendre les causes profondes. Courage ♥