Je t’aime comme un stylo à quatre couleurs, tu t’en souviens ? Oui tu t’en souviens, quand on était gamin, on était fier d’avoir ce stylo qu’on pouvait manipuler à notre guise, sans devoir puiser dans notre trousse, pour changer et souligner les passages d’une leçon bien apprise…
Je t’aime en bleu, non, bien sûr que non, pas parce qu’on est amoureux ; je t’aime en bleu pour ces rêves partagés, qu’on défile en tirant sur le fil de notre petite pelote de vœux. Jouant avec, s’arrêtant, se l’envoyant, allongés sur la moquette comme un chaton éveillé, curieux, insouciant, faute de mieux. Je t’aime en bleu pour tes simples attentions qui valent plus qu’une grande déclaration.
Je t’aime en vert, pour nos projets élaborés, oui je deviens sérieux, ça te surprend ? Je t’aime en vert à l’aube de notre vie partagée, à l’aune du désir de me coucher tous les soirs à tes côtés, de la hâte de me réveiller chaque matin pour te faire l’amour entre tes mains. Je t’aime en vert car je n’ai pas assez d’adjectifs pour te définir, ils ne seraient pas assez superlatifs pour te décrire. Je t’aime en vert pour le temps que tu m’accordes, même si ce temps tu ne l’as pas toujours dans ton désordre.
Je t’aime en rouge, je t’aime dans le rouge de la colère, cette colère qui te fera tirer des mots blessants pour me couler, tu pourras m’insulter je l’accepterais, tu pourras me frapper je te prendrais dans mes bras, tu pourras me cracher dessus je l’essuierais, tu pourras être dispendieuse d’indifférence, je te donnerais de l’attirance. Je t’aime en rouge pour te relever, je t’aime en rouge pour te porter, je t’aime en rouge pour t’accompagner, t’aider à t’éloigner de tes peurs, pour repasser par le vert et se retrouver dans le bleu consolidant notre pelote de vœux.
Je t’aime en noir, pour que tu puisses me dominer ;
Je t’aime en noir pour te dominer dans l’espoir ;
Je t’aime dans la vulgarité cachant ta fragilité ;
Je t’aime dans la dérision cachant tes émotions ;
Je ne t’aimerais pas dans le rouge et le noir de Stendhal ;
Mémorial de la prison de Monsieur De Renal ;
Je t’aime en noir car tu connais les règles, tu peux subvertir et ternir ;
Tu connais le périmètre pour déambuler en liberté, sans « maître » ;
Tu peux gambader sans rendre compte de tes heures, dans ton humeur ;
Je t’aime en noir pour nos promesses jurées ;
Mais jamais ne commets l’erreur ;
Je t’aime en noir pour la fidélité à perpétuité ;
Oh non, au grand jamais ne saute au-delà de la barrière ;
Ne franchis les limites de la frontière ;
Ne me trompe jamais sur mes arrières !
Mon cœur est égoïste et je saurai que j’ai échoué…
Tu préférerais toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ?
Oui tu as sûrement raison, il n’y a pas d’arc-en-ciel sans beaucoup de pluie et un peu de soleil.
« Les amours blessées de nos passés s’accumulent pour prendre de la densité et offrir un amour combiné, que seuls les cœurs fêlés entendent pour se ressouder »
Anonyme enivré.
« Je t’aime de la combinaison de toutes les couleurs d’une seule couleur, le noir de ma peur… »
Spectre du passé.