Cinq mois. Cinq mois que je lutte. Que je me bats avec moi-même. Chaque jour, à chaque minute, à chaque seconde. Je lutte pour que le souvenir de toi ne soit plus aussi douloureux. Je lutte pour faire croire au monde que je vais bien. Je me suis battue bec et ongles avec mon cœur jusqu’à parfois croire que ça y est, j’y étais arrivée, que je ne souffrais plus de ton image. J’ai voulu y croire. J’ai fait des projets, j’ai occupé mon esprit. J’ai fait en sorte d’avancer malgré le vent qui m’en empêchait, me fouettant le visage. J’ai changé. Je me suis endurcie. J’ai pris des décisions sur mon futur. J’ai marché sans toi sur le chemin de la vie. Oui, j’ai marché. Oui, j’ai moins pleuré de douleur. Mais tu sais quoi ? Même après tout ça, c’est toujours aussi dur. Il y a quatre mois, j’avais dit que le temps ne changerait rien à ma souffrance. Et les autres me disaient que ça irait. Que le temps effacerait mes blessures. Eh bien, tu vois, je n’ai toujours pas changé d’avis. Le temps ne guérit rien. On me dit que je perds mon temps à souffrir. Mais de toute façon, que puis-je réellement changer ? Un jour peut-être, dans quelques années, je ne sentirai plus aussi fort la plaie s’ouvrir. Peut-être. Peut-être ma vie aura complètement changée. Mais tu vois, toi, tu seras toujours là dans mon cœur. Tu ne partiras pas. Peut-être que je ne penserai plus à toi pendant quelques temps. Et puis un jour, cette désagréable sensation de flash-back me reviendra. Elle me plantera un poignard dans le cœur quand un souvenir se dessinera dans mon imaginaire. Tu sais, ce sursaut dont je te parlais quand je te croisais avant, ce sursaut qui te fait du bien … eh bien ce sera le même sursaut, sauf qu’à la manière d’un ascenseur émotionnel, je me sentirai bien et terriblement mal et tout ça en l’espace de moins d’une seconde.
Cinq mois. Ça m’a semblé une éternité. Et parfois, j’ai cru que le pire était passé. Mais non, en fait, le pire est encore à venir. Depuis cinq mois, le silence m’angoisse. Je ne supporte plus le vide autour de moi. C’est comme s’il me torturait. Moi, assise sur ma chaise, et lui m’emprisonnant dans ses lianes. J’ai peur de ce qui va arriver, emprisonnée dans ces lianes. J’ai peur de ce qui vient. Cinq mois, et rien n’est fini… au contraire. C’est là que tout commence…