Je déambule dans les rues de Paris, valise à la main, sous les premiers rayons de soleil de l’année. La musique hurle dans mes oreilles. Je marche, les yeux perdus dans le vide, sans réfléchir. Je ne sais plus si je vais bien ou si je vais mal. Je réalise que je me laisse tourbillonner dans ma vie. Les jours ne sont plus qu’une succession de levers et de couchers. Les nuits, des silences à répétition.
Je marche, comme désemparée, et je comprends que plus rien ne sera comme avant. Que malgré ces rendez-vous réguliers, malgré les moments plus qu’enivrants ensemble, « nous » n’existe plus. Alors je commence à imaginer que je reconstruirai ma vie, que je rirai avec quelqu’un d’autre. Mais ça sonne faux. Parce que j’ai beau me reconstruire, je ne suis plus moi. Celle que j’étais. Rencontrer qui que ce soit d’autre est devenu un geste improbable, comme une fausse note de musique qui attire désagréablement l’oreille.
Je suis dans un entre-deux approximatif. Comme je déteste l’approximatif. Je hais la demi-mesure, et je dois me contenter de cet intermédiaire exacerbé. Je vois les beaux jours arriver, je sens en moi l’envie de me relever, de prendre soin de moi, de mon cœur, de mon âme, mais je suis bloquée par ce dégoût hypothétique des épreuves à venir. Je me sens incapable de tout ça. Je voudrais, mais je ne peux pas. Je ne sais même plus écrire. Je ne sais même plus y prendre goût. Les mots ne me viennent plus. J’ai l’impression d’être vide de tout sentiment. C’est comme si je n’étais plus qu’un corps, une coquille vide. Ça m’est égal. Tout m’est égal. Je suis entre ces deux états : un renouveau qui se laisse percevoir au creux de mon cœur, mais un renouveau qui semble impossible. Sans toi.