Aujourd’hui, nous allons vous parler du roman de Loïc Prigent : « J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste.
Résumé
« Elle va manger au Flore, ça lui donne l’impression de lire. »
« L’amour c’est dîner sans portable sur la table. »
Il se picore au petit bonheur ou se déguste de bout en bout : J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste est à lire de mille manières. Son auteur, Loïc Prigent, donne la parole au monde de la mode, et le ton est acide, décalé, haut en couleurs !
Loïc Prigent est célèbre pour ses documentaires sur Chanel, Louis Vuitton, Karl Lagerfeld et plus récemment sur les dessins d’Yves Saint Laurent… Depuis ses débuts, il laisse ses oreilles traîner dans les coulisses des soirées, des studios et des défilés de mode ; il note consciencieusement les perles qu’il entend sortir de la bouche des mannequins, attachés de presse, créateurs… En 2012, il se met à poster ces bribes sur Twitter, avec un succès retentissant. Les éditions Points ont réuni ces bons mots dans un recueil qui couvre les saisons 2013 à 2017, avec des phrases inédites sur la saison 2017.
Mon avis
En ouvrant le livre, je me suis retrouvé catapulté au sein d’un nuage de répliques toutes plus exubérantes les unes que les autres. C’est un peu déconcertant au début, mais qu’est-ce que c’est rafraîchissant ! Loïc Prigent, en témoin privilégié, pose un regard parfois cruel mais toujours bienveillant sur ce milieu dont il fait partie, et c’est ce juste dosage qui fait toute la malice du recueil.
On peut dire qu’elles détonnent, les voix qui composent ce livre ! Ce texte polyphonique nous balade dans un univers bling-bling et déjanté, burlesque et poétique. J’y ai découvert quelques définitions de l’inspiration :
– « L’inspiration, c’est une femme coincée dans un cactus » ;
– « L’inspiration, c’est les années 60 si elles n’avaient pas été les années 60 » ;
– « L’inspiration, c’est le capitalisme et les fumigènes dans les yeux des manifestants » ;
– Je vous laisse découvrir les autres 😉
Il y aussi toutes ces couleurs dont je ne soupçonnais pas l’existence : blanc vapeur, grenadine clair, violet humide, noir foncé…
Cette farandole de punchlines dessine doucement une série de portraits qui fait penser à la Cour de Louis XIV que décrit La Bruyère dans Les Caractères. Même si l’auteur dépeint avant tout le monde de la mode comme un univers fantasmagorique, il souligne en creux, grâce à son humour décapant, des travers qui concernent le snobisme en général, et notre époque, en particulier : la tyrannie des apparences et la course à la popularité ne nous sont finalement pas si étrangères. En tout cas, mon niveau dans l’art de la répartie a fait un bond depuis que j’ai lu ce livre !
Quelques extraits
« Laissez-moi entrer.
– Mais vous êtes qui ?
– Google-me. »
« Regarde, c’est le petit que j’ai formé. Depuis qu’il est entré chez LVMH, il ne me dit plus bonjour.
– Tu l’as bien formé. »
« Elle est malade ?
– Non c’est le maquillage. »
« Ce sont mes chaussures préférées, je ne peux pas marcher avec c’est leur seul défaut. »
« C’est pas de l’alcool, c’est du champagne. »
« J’ai vu Catherine Deneuve fumer sa clope dans le restaurant alors j’ai allumé la mienne mais moi ils sont venus me demander de l’éteindre. »
« Les écouteurs à quatre branches, c’est ça la vraie romance. »
« On dirait un bonsaï géant !
– Oui, c’est un arbre. »