L’infidélité est-elle devenue « normale » et banalisée ?

Comment retrouver la complicité des débuts dans son couple ?

Avec le temps, la relation de couple change. On s'éloigne, on communique moins, on s'engueule. Pourtant on s'aime toujours... Alors comment remettre son couple sur les bons rails et retrouver la complicité et les rires qui nous ont fait tomber amoureux ?

L’infidélité est-elle devenue « normale » et banalisée ?

Par Audrey

« Pour vraiment tout te dire, je suis marié, à la recherche d’une maîtresse officielle. Je n’avais pas vraiment envie de balancer ce cliché mais bon c’est un peu injuste que tu ne le saches pas. Ce n’est peut-être pas un détail pour toi. J’espère que tu ne vas pas te sauver en courant. »…

Je ne peux même pas dire, hélas, que j’ai eu besoin de m’asseoir pour encaisser cette vérité qui ne semble être qu’un détail pour lui.

Choquée donc ? Non. Etonnée ? Même pas. Déçue ? A peine. Blasée ? Plutôt oui, encore une fois.

Ne nous leurrons pas, l’infidélité a toujours existé, ce n’est pas une nouveauté. Mais avec l’avènement d’internet, la multiplication des moyens de communication anonymes, la possibilité de rencontrer quelqu’un de façon éphémère et cachée est grandement facilitée. Et ne parlons pas des sites spécialisés dans l’adultère qui proposent des rencontres en toute discrétion réservées exclusivement aux personnes mariées ou en couple, ou ceux qui vendent un alibi en béton pour permettre de s’offrir un cinq à sept, une nuit ou un weekend avec la conquête du moment, amant ou maîtresse.

Aujourd’hui, on nous l’annonce donc comme un détail sans importance, certains l’assument même avec aplomb d’entrée de jeu, au même titre que certains ne recherchent que des plans d’un soir ou des sexfriends, les personnes infidèles annoncent la couleur sur leur situation et leur envie d’une relation extra-conjugale. Comme si c’était normal, que ce n’était absolument pas tabou.

Alors face à cette réalité, on peut se poser plusieurs questions.

1-      Les hommes sont-ils plus infidèles que les femmes ?

Est-ce un raccourci, une vérité, une évidence ? Toujours est-il qu’il est depuis longtemps entré dans les mœurs que les hommes seraient plus infidèles que les femmes. Ils seraient plus enclins à craquer, à aller voir ailleurs, que ce soit pour un soir ou pour une double vie. On les définit comme plus dragueurs, volages, coureurs, portés sur le sexe. Peut-on quantifier cette réalité ?

Pour autant, les histoires d’amant quand le mari est en déplacement ne sont pas non plus que des légendes urbaines. S’il est vrai qu’on associe souvent le fameux « coup de canif dans le contrat » à la gente masculine, les hommes n’ont pas le monopole de l’adultère. Pour ce qui est de la double vie, la différence réside peut-être essentiellement dans le fait que les femmes sont plus enclines à prendre une décision rapidement, à quitter leur conjoint pour leur amant, là où les hommes sont plus frileux à quitter leur femme, leur confort de vie, prenant souvent comme excuse leurs enfants, ne voulant pas perdre leur vie de famille sécurisante.

La différence est-elle donc dans la façon de se tromper, et dans une forme de lâcheté masculine, là où les femmes seraient plus passionnées, et peut-être plus tranchées dans leur choix ?

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Si on écoute ce qui se passe autour de nous actuellement, hommes comme femmes, en couple, en union libre, pacsés, mariés, avec ou sans enfants, ensemble depuis peu parfois ou depuis des années, il existe des exemples des deux côtés. Alors s’il est vrai que les femmes comme les hommes trompent leur partenaire ; est-ce pour les mêmes raisons ?

2-      Pourquoi est-on infidèle ?

Quand on évoque l’adultère, la raison majeure citée est le plaisir charnel ou plutôt l’absence de rapports intimes dans le couple. Avec le temps, beaucoup de couples parlent d’usure, de la routine, ce fameux tue l’amour du quotidien qui a apparemment une incidence directe sur la vie intime du couple. La première victime du couple quand il va mal, c’est souvent sa vie intime. Par manque de temps, d’envie, de désir ? De l’un ou l’autre, ou de la part des deux ?

La pulsion sexuelle est souvent ce qui guide l’infidélité, le besoin de séduction, de désir physique. On trompe son conjoint parce qu’on n’est plus satisfait et épanoui dans sa vie de couple, on ressent un manque physique mais aussi parfois affectif, un besoin de tendresse. On a besoin de se sentir à nouveau regardé, désiré, de séduire et d’être séduit, de plaire.

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On dit que les hommes cherchent à combler principalement le manque physique et les femmes le manque affectif. Dans les deux cas, l’infidélité passe par les mêmes étapes de jeu de séduction et d’attirance physique. On lit beaucoup de témoignages où il est question de cette usure du désir, de ces couples qui ne sont plus épanouis ensemble. Lorsque le désir s’éteint, que faire ? Il est très étrange de constater que ce sujet reste souvent tabou au sein du couple, qu’on n’ose pas dire à l’autre qu’on traverse une phase de vide, qu’il faut raviver la flamme. Pourquoi ne pas dire honnêtement ce qui nous manque, ce que l’on ressent ? Pourquoi ne pas chercher à comprendre  comment on en est arrivé là ? Par peur de blesser l’autre, de le braquer ou par crainte de ne jamais voir le désir se réveiller à nouveau ?

Il ne faut pas se mentir, au bout de plusieurs années, il peut y avoir des moments où le désir s’émousse, où on se laisse happer par le quotidien. Travail, maison, enfants, fatigue, petits et gros soucis. Mais il ne faut pas oublier qu’au même titre que l’amour, le désir de l’autre est un élément vital pour conserver son couple épanoui.

Par manque, frustration, ennui, besoin de se rassurer ou se laisser aller au jeu de la tentation, beaucoup semblent donc vouloir goûter au fruit défendu, ressentir le grand frisson de l’interdit. On craque et on passe de l’autre côté, avec celles et ceux qui ont fauté. Est-ce devenu inévitable aujourd’hui ?

3-      Y’a-t-il des degrés dans l’infidélité ?

Où commence l’infidélité ? Au virtuel, au premier sous-entendu, au premier message ? Au premier regard, au premier sourire ? Y penser, avoir l’intention de franchir le pas, est-ce déjà être infidèle ? Ou faut-il attendre le premier baiser, le premier contact physique pour considérer que l’on a trompé l’autre, celui ou celle qui partage notre vie ?

La facilité de se rencontrer aujourd’hui favorise-t-elle l’adultère ou est-ce juste plus visible, plus facile ? Cela a-t-il mis en exergue une réalité intemporelle ou l’infidélité est-elle un vrai phénomène de mode, parallèle à cette surconsommation du sexe pour le sexe ?

Etre infidèle virtuellement, être infidèle une nuit, ou mener une double vie. Voilà les différentes façons de tromper l’autre, les degrés d’implication au jeu de la tentation. Vu  ainsi, il semble évident qu’il y a une différence entre draguer sur un site ou les réseaux sociaux et avoir un amant ou une maitresse de façon régulière au point de se créer une vie parallèle et de faire du mensonge un art de vivre. Mais, bien que la gravité de l’acte semble aller crescendo selon les exemples cités plus haut, la motivation et l’intention ne sont-elles pas les mêmes ?

Alors si certains, il est vrai, se contentent de draguer virtuellement, d’échanger des messages et des photos sans passer à l’acte, ne faisant que fantasmer une relation parallèle, d’autres passent le cap de la simple tentation. Peut-on quantifier la gravité de l’adultère en fonction de l’importance de la faute commise, dans la nature de l’échange, dans sa durée ?

Chaque couple connaît ses limites, définit ensemble les barrières à ne pas franchir. Pour certains, un simple échange de messages est intolérable et sonnent le glas du couple. Pour d’autres, les choses sont plus nuancées. Dans tous les cas, quelle que soit la nature de la tromperie, son intensité, sa régularité, sa durée, si elle est découverte ou avouée, se pose alors la question de la réaction de l’autre.

4-      Trompé(e), peut-on oublier, pardonner, refaire confiance ?

En cas d’adultère, il n’y a pas cinquante cas de figures ; soit la faute est cachée et jamais découverte, soit elle est apprise à l’insu de celui ou celle qui a fauté, soit elle est avouée.

Alors faut-il avouer un adultère ? SI on considère que ce n’était qu’une rencontre sans importance, une pulsion d’un soir, faut-il le dire à celui ou celle qui partage sa vie ? Certains diront que oui, que la sincérité est le ciment du couple, que le mensonge ronge, que tout finit par se savoir. D’autres diront qu’il est inutile de blesser inutilement la personne qu’on aime et de prendre le risque de la perdre pour une chose sans importance, éphémère, parfois virtuelle, pour un léger flirt ou un plan d’un soir.

Et si l’aveu est fait ou la relation extraconjugale découverte ? Cette fois, si on se place du côté de celle ou celui qui a été trompé, est-il possible d’oublier, de pardonner et d’envisager de refaire confiance à la personne qu’on aime ? La tromperie remet-elle en question toute l’existence du couple ? Comment gérer ensuite la méfiance, les doutes, la jalousie ?

Le dialogue pour tenter d’expliquer les raisons de l’adultère, peut-il sauver le couple, quand il n’est pas question de double vie, de désamour, de volonté de se séparer ?

Comme toujours lorsqu’il est question de relations humaines, d’émotions, de sentiments, il n’y a évidemment pas de réponse parfaite, de solution clé en main. Chaque couple a son histoire, son seuil de tolérance, son mode de fonctionnement. Et c’est en fonction de tout cela que si, malheureusement l’adultère s’invite dans votre couple, vous saurez comment gérer cette épreuve. Si vous voulez ou pouvez pardonner, si c’est impossible, si votre couple est en crise ou pas, si la confiance peut revenir, si l’amour est toujours là. Vous pourrez choisir d’en parler ensemble ou de vous faire aider.

Quoi que vous décidiez, l’essentiel est de ne pas se laisser ronger par tout ça et ne pas accepter de supporter une situation qui peut vous détruire à petit feu. Beaucoup de couples restent ensemble après un adultère, réussissent à pardonner, à donner un second souffle à leur histoire d’amour. Et a contrario, d’autres ne peuvent pas imaginer rester ensemble une fois cette barrière franchie, car ils savent que la confiance est cassée définitivement et qu’il sera impossible d’y croire à nouveau. A chacun son histoire, vraiment.

Alors l’adultère aujourd’hui, est-ce une fatalité ? Presque une normalité ?

C’est vrai que tout ce qu’on peut lire, voir, vivre même peut nous faire penser que cela devient un peu trop banalisé, trop présent, que c’est presque un passage inévitable pour beaucoup de couples.

La fidélité dans le couple est-elle devenue une utopie ? L’a-t-elle toujours été ?

Doit-on finir par se demander s’il est possible, voire normal d’aimer sans être fidèle ? Ou peut-on encore espérer que l’amour et la fidélité sont compatibles ?

Pour finir, en réponse suite au message d’introduction de ce texte :

…« Je n’ai jamais considéré qu’être marié ou en couple n’était qu’un détail et je n’ai pas envie d’alimenter ce genre de clichés. Il n’est même pas question de savoir si je mérite mieux ou non, juste de savoir ce qui est bon pour moi. Et ce n’est sûrement pas toi. Alors non je ne me sauve pas en courant, mais je pars sans me retourner et sans regrets ! »…

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2 réflexions au sujet de “L’infidélité est-elle devenue « normale » et banalisée ?”

  1. Vu les statistiques sur l’infidélité, la vraie question qui se pose est de savoir si l’infidélité n’est pas au final plus normale que l’infidélité …

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