Je ne sais pas à quoi je peux comparer cette sensation. Ce qui y ressemble le plus. À une piqûre ? Une brûlure ? Une meurtrissure ? Une douleur lancinante ? Pour une attente angoissante… C’est sûrement tout cela à la fois. Est-ce la morsure de l’amour, déjà ? Ses prémices… Cette sensation à la fois si grisante et si prenante. Omniprésente. Qui devient presque obsessionnelle. À la fois bienfaisante et troublante car elle fait vibrer, se sentir vivante. Mais pour connaître la naissance de ces émotions, de ces sentiments, il faut en passer par cette phase parfois angoissante de l’attente. Ça fait partie du jeu de l’amour, ça crée le manque de l’autre, ça intensifie la relation, ça lui donne un sens. Aimerions-nous si fort si l’amour n’était pas un sentiment si proche de la souffrance parfois, s’il ne nous tourmentait pas tant l’esprit et le cœur ? Ah, l’angoissante attente des nouvelles de l’autre au début d’une histoire d’amour…
S’apprivoiser et faire confiance…
« Il va envoyer un message. Il va appeler. Il a dit qu’il le ferait. Sois patiente. N’envoie pas un message la première. Oui, tu en meurs d’envie et tu t’es promis d’être toi-même dans cette relation a contrario des précédentes où tu subissais, te sacrifiais. Où tu n’étais plus toi-même, dans lesquelles tu te perdais. C’est fini tout ça tu te l’es promis. Reste toi-même. Naturelle. Spontanée. Sincère. Entière.
Mais être toi-même ne signifie pas être étouffante, faire un transfert de tes peurs enfouies sur cette nouvelle relation et lui faire subir tes craintes à cause de ce que d’autres t’ont fait. Tu as été déçue, blessée. Mais ne confonds pas tout. Il n’y est pour rien. Sois toi-même mais ne précipite rien par peur. Fais-toi confiance. Et à lui aussi, un peu.
Pense à votre rencontre. Simple, naturelle, drôle. À ce feeling sans chichis, sans enjeu immédiat ni jeu malsain. Vous avez bien accroché, il te l’a dit, le feeling est là. Il a demandé ton numéro, il a demandé à te revoir. Et il est venu. Et c’était là. Cette facilité, cette complicité, comme un début de familiarité. Qui ne s’explique pas. Ne t’emballe pas pour autant. Non pas encore, pas tout de suite. Mais oui souris et profite, tu as le droit de te dire que ça fait du bien, que c’est agréable d’être sur ce petit nuage, ce sourire ridicule figé sur ton visage qui s’intensifiera s’il donne des nouvelles comme il l’a promis. Hier soir il a dit qu’il enverrait un message pour dire qu’il était bien rentré et il l’a fait non ? Bon alors… Sois patiente. À quoi tu penses ? À ces moments partagés… Son regard, son sourire, son rire, sa voix, ses expressions, son odeur. Ses caresses dans les cheveux, sa tendresse. Ses baisers en repartant. C’était une belle soirée. Et il y en aura d’autres.
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Le téléphone vibre. Le sourire s’accentue, les yeux brillent ; tu pétilles. La parfaite midinette, il ne manque plus que les papillons dans le ventre, la gorge nouée, le manque d’appétit et la tête ailleurs… Méfie-toi ça s’appelle l’amour…
C’est lui évidemment. Présent comme il l’avait dit. Un prochain rendez-vous ? Un bisou après le travail ? Un cinéma ? Peu importe du moment que la découverte se prolonge…»
Elle est douloureusement agréable cette attente…
Quel paradoxe. Quelle perception contradictoire. Ça pique mais ça fait du bien. Parce qu’on se sent attendue. Valorisée. Intéressante. Désirée. Et parce qu’on ressent la même chose. Cette chose si évidente et pourtant si difficile à trouver, ce trouble qui nous fait espérer et qu’on veut ressentir longtemps.
Cette espèce de tourment de l’amour, tout au moins ses premiers émois… Ça passe toujours ou presque par cette attente angoissante. Quand on n’a pas de nouvelles, les minutes semblent des heures et les soirées interminables…
Mais c’est normal. On n’entre pas dans la vie de quelqu’un sans une période de transition, sans des ajustements. Triste réalité pragmatique. De plannings, d’obligations, de contraintes. Qui semblent si peu importants face aux belles choses ressenties. Mais il faut s’adapter, faire avec. On laisse entrer l’autre dans sa tête et son cœur et on souhaite une belle réciprocité. C’est parfois rapide comme un coup de foudre, parfois plus lent comme une maturation. Question de tempérament, de vécu aussi. Mais tant qu’on est sur la même longueur d’onde. Tant que l’attente ne devient pas souffrance. Qu’il n’est pas question d’un jeu malsain du chat et de la souris. « Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. » Synonyme de déséquilibre. Non merci.
L’attente est belle quand elle est partagée. Émouvante, palpitante.
Quand les prochains rendez-nous résonnent comme des retrouvailles même si deux jours seulement ont passé. Quand le manque s’installe. Quand le désir prend toute la place. Quand le besoin d’être avec l’autre est si présent qu’on se quitte à peine qu’on pense déjà à la prochaine fois. L’attente de l’amour. C’est si beau. Et on l’oublie si vite. C’est dommage. Parce que ces sensations sont uniques. Ces soupirs, ce souffle coupé. Puis ce sourire, ce plaisir à se retrouver.
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Cette attente est belle quand on la voit dans les yeux de l’autre. Quand le rendez-vous le plus banal devient un souvenir impérissable. Quand ces souvenirs s’ajoutent un à un pour donner naissance à une relation. Quand l’attente devient manque. Quand la présence remplace de plus en plus les absences. Quand tout converge vers cette envie commune d’être ensemble. De s’attendre. Cette sensation qu’on s’attendait depuis longtemps et qu’on s’est enfin trouvés.
Les mots sont peu de choses pour décrire l’intensité de ce sentiment. Je suis attendue. Il m’attend. Et je l’attends aussi. Cette attente du début n’est alors plus synonyme d’une piqûre désagréable, d’une angoisse sous-jacente. Mais d’une brûlure qui réchauffe et se propage sans douleur… Qui nous fait vibrer. Respirer pleinement. Ressentir. Aimer. Vivre.
« C’est parti d’une soirée où nos chemins se sont croisés puis synchronisés pour nous permettre de nous rencontrer. »
C’est devenu une palette de couleurs différentes selon le degré d’attente, l’émotion ressentie. Du rouge, du rose, du violet, du bleu, du jaune, de l’orange. De la passion, de la tendresse, de la chaleur, du bien-être. Un véritable arc-en-ciel. Pas de gris ou de noir. Rien pour assombrir cette attente de l’amour.
Merci pour cet article qui tombe à pic… j en suis exactement là, à cette attente interminable, ce « syndrome de manque » des débuts où on aimerait accélérer le temps et se retrouver et être ensemble le plus vite possible !