Mettre ce témoignage par écrit m’aura demandé du temps. Coucher la vérité sur le papier rend la chose trop tangible, trop réelle. Cela fait remonter trop de mauvais souvenirs. C’est plus facile d’écouter les autres et de les aider à mettre par écrit ce qu’ils ont vécu. Mais parfois, le moment est venu. On le sent, on le sait. Pour avancer, il faut se libérer de poids devenus trop lourds. Arrêter de se sentir coupable, d’avoir honte, c’est un long travail. Fastidieux, difficile. Je ne sais pas si je saurais me pardonner un jour. Mais j’essaie. En mettant une distance avec le passé. En digérant cette histoire. Et en avançant, enfin. Victime d’un manipulateur, j’ai longtemps eu honte de moi. A tort. C’est pour cela qu’aujourd’hui je vous livre ce témoignage.
Victime d’un manipulateur : sous son emprise
Victime d’un manipulateur, d’un pervers narcissique, d’un escroc, d’un homme de la pire espèce qui ne mérite même pas le nom d’homme tant son comportement est inhumain. J’ai été sous son emprise très vite. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Comment j’ai pu ainsi lâcher prise au point de me perdre.
Au point de faillir tout perdre. Ma confiance en moi et en les autres, en mes certitudes, mes repères, mes valeurs, jusqu’à ma vie. Il m’a totalement anéantie. À un tel point que je ne voyais plus d’issue possible.
Que la culpabilité a pris toute la place. J’ai pensé que je méritais ce qui m’arrivait. Que c’était ma faute, que je ne valais pas mieux que tout cela. Pour moi, j’étais responsable. C’était mon karma. Et j’étais persuadée que plus rien ne me sauverait.
J’ai eu envie de lâcher prise jusqu’au point de non retour tant la peur, la honte et la culpabilité étaient omniprésentes. Je n’arrivais plus à réfléchir, à respirer normalement. J’étais constamment oppressée, sur le qui-vive.
Victime d’un manipulateur : trop de honte pour continuer
Je n’avais plus d’issue. Pas de sortie de secours. D’échappatoire. Je me sentais prisonnière. De lui, de la situation mais aussi de moi-même.
Pour moi, la liberté n’existait plus. Mais c’était ma faute. Je m’étais jetée dans la gueule du loup. Je devais assumer. Payer mes erreurs.
L’auto flagellation était devenue ma seule compagnie. Le désespoir, ma seule émotion. La culpabilité, mon seul sentiment.
J’étais coupable d’avoir détruit ma vie. D’avoir failli détruire celle des gens que j’aimais. D’avoir basculé de l’autre côté. Celui de la honte, des secrets, des mensonges.
Qui était cette femme dont le miroir me renvoyait le reflet ? Je ne me reconnaissais pas. Je ne savais plus qui j’étais. J’avais comme perdu mon identité.
Sûrement dans un dernier réflexe de survie. Mais cette carapace ne pouvait pas me protéger de la réalité. Elle n’était que factice. J’essayais d’échapper à la situation. Mais c’était peine perdue. La vérité me rattrapant à chaque fois.
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J’avais été victime mais je me voyais bourreau.
Victime d’un manipulateur : je me suis perdue en route
J’ai été utilisée, bafouée, violentée, arnaquée. Il m’a menti, trahie, trompée, détruite. Profité de ma moindre faiblesse. Anéanti toutes mes forces. Il ne restait que les cendres de celle que j’étais auparavant.
J’étais tombée dans son piège. Son guet-apens de manipulateur professionnel. Son monde fait de mensonges, de violence, de menaces et de vices.
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J’ai connu la peur. Celle des nuits blanches et des insomnies, celle des sueurs froides et des nausées. Celle de la fin, celle du pire.
J’ai vu à quel point un être humain peut en asservir un autre. A quel point un homme peut être sombre et mauvais. Et je l’ai laissé faire. Me faire du mal. Anéantir mes rêves. . Détruire ma vie.
Victime d’un manipulateur : l’amour m’est devenu interdit
J’ai perdu ma joie de vivre, ma confiance en la vie. En les autres. En l’amour. Mon cœur s’est refermé. Mon corps et mon âme sont tombés malades. Je n’avais plus de forces.
Même pas celle d’en parler. De me confier. D’appeler au secours.
Je ne voyais plus qu’une solution à ce moment là. Me laisser glisser de l’autre côté. M’effondrer. Partir. Je n’en ai jamais parlé. Penser ainsi, c’est lâche. C’est égoïste. Je n’avais pas envie qu’on me secoue. Qu’on me soutienne ou qu’on me juge. Qu’on fasse mon procès. Je ne voulais ni pitié ni absolution ni jugement. Juste disparaître.
Je ne voyais pas comment me battre. Comment me remettre sur les rails de la vie. Cela me paraissait insurmontable.
J’ai enfoui tout cela en moi pendant plusieurs années. Je ne suis pas passée de l’autre côté. Par courage ou par dernier espoir ? Ou au contraire une énième lâcheté ? Je ne sais plus…
Victime d’un manipulateur : je ne suis plus la même
Je suis encore là et j’avance jour après jour sur un chemin qui me semble avoir été tracé par d’autres. Quelque chose s’est brisée en moi depuis que je l’ai rencontré. J’ai eu beau m’accrocher, affronter ou chercher à oublier, cela a conditionné ma vie aujourd’hui.
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Celle que je suis. Mon manque de confiance en moi. Mes peurs. Ma vision chaotique de l’avenir. Et ma vision de l’amour. J’ai vu le pire, à tel point que je ne peux plus croire au meilleur. Je ne suis plus capable de croire en l’amour. De me sentir digne d’être aimée ou capable d’amour.
Je sais que je ne livre pas là un message positif. Je sais qu’on peut se remettre d’une trahison, d’une manipulation. Oui on peut, mais il reste toujours des traces. Des blessures. Des cicatrices non refermées. La souffrance demeure persistante et revient à chaque tentative d’y croire.
Bien sûr que j’ai essayé d’aller mieux mais je ne peux pas empêcher ces démons de venir me hanter comme des fantômes. Je ne peux pas oublier que j’ai failli tout perdre. Alors oui je me bats depuis mais justement aujourd’hui mon existence est synonyme de combat, de survie. De sursis.
J’ai l’impression que je ne serai plus jamais sereine. Il y a des expériences dont on ne se remet jamais…. Je crois que celle-ci en est une.
L’amour me semblait être le bon remède pour tourner la page. Mais la vie en a décidé autrement. Est-ce ma punition ? De finir seule ? Ou est-ce juste que j’ai trop espéré que je serai sauvée par un autre alors que je suis la seule à pouvoir le faire…
Victime d’un manipulateur : une blessure jamais cicatrisée ?
Je lui ai échappé. Pas sans peur, pas sans mal. Pas à n’importe quel prix. Mais j’ai réussi. Et pourtant je n’arrive toujours pas à voir cela comme une victoire. La honte et la culpabilité prennent encore trop de place.
Ce chapitre de ma vie est mon plus lourd fardeau. Un tabou dont je ne parle jamais. Un secret mal gardé mais qui reste enfoui. Je ne sais pas si je pourrais m’en défaire un jour. Être totalement guérie.
A l’heure où j’écris ces lignes, longtemps après, j’en doute encore. C’est long de se remettre d’un tel traumatisme. Si long. La vie est ensuite un perpétuel combat. Contre soi-même… Les peurs qu’il a créées. Les barrières qu’on s’est mises pour se protéger…
S’il vous plaît si ces quelques lignes vous parlent, fuyez sans attendre. Partez avant de ne plus pouvoir vous reconnaître. Ne laissez à personne le pouvoir de vous ôter le goût des choses de la vie. Ne permettez à aucun homme de vous faire croire que l’amour n’existe pas. Que vous n’en êtes pas digne. Croyez en vous. Décidez qu’aujourd’hui sera le premier jour du reste de votre vie.