Coup d’un soir, plan ou aventure le temps d’une soirée ou d’une nuit, légère et éphémère… Ces expressions et ce qu’elles supposent sont souvent péjoratives et suscitent le jugement. Pourtant aujourd’hui encore plus qu’avant, il n’est plus rare de connaître une telle expérience et de l’assumer sans honte ni gêne surtout pour une femme, là où quelques décennies en arrière cela aurait été quasi impossible. Si les aventures d’un soir ont bien entendu toujours existé, il est vrai qu’avec l’avènement des rencontres 2.0, le célibat en hausse et la peur de l’engagement amoureux, elles n’ont plus rien d isolées. Est-ce dans l’air du temps ? Est-ce faire comme tout le monde ou au contraire ne pas se préoccuper de ce que peuvent en penser les autres ? Coup d’un soir : témoignage de Lucie, 29 ans.
Coup d’un soir : témoignage de Lucie
« Il m’a plu tout de suite. C’est quelque chose qui ne m’était jamais arrivé jusque-là. De l’ordre de l’instinctif, comme une pulsion, presque animale ? Je l’ai rencontré pour la première fois et j’ai une bouffée de désir incroyable, une attirance difficilement avouable et que j’ai surtout eu du mal à cacher.
Je pense qu’il l’a compris tout de suite même si évidemment, je ne lui ai pas fait d’aveux et que je ne me suis pas jetée sur lui. Quand même. Par contre j’ai eu du mal à contrôler mon imagination qui, alors qu’il me regardait, me disait de façon silencieuse combien ça devait être agréable d’être dans ses bras.
J’ai su ce soir-là ce que voulait dire avoir envie d’un mec presque inconnu. Moi qui croyais qu’il fallait se connaître un peu pour ressentir un tel désir, une telle envie, mon corps et même mon cerveau venaient de me prouver le contraire. J’étais trahie par mes propres sensations ! C’était malgré moi, plus fort que moi.
Ce premier rendez-vous faisait suite à des messages échangés en ligne puis un appel téléphonique. On avait bien accroché, la curiosité était là. Mais je n’avais rien prémédité du tout.
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Cette rencontre n’avait pas pour but d’être un coup d’un soir…
Pour moi ce n’est pas quelque chose qui se programme ou se prépare. Le désir ne se prévoit pas à l’avance. Je ne pouvais pas me dire virtuellement parlant grâce à ses photos et quelques mots que j’avais envie de lui.
Ce n’est absolument pas mon mode de fonctionnement.
Déjà parce que j’ai besoin de voir la personne pour savoir ce que ça provoque chez moi comme émotions et sensations.
Ensuite parce que bien qu’inscrite sur un site de rencontres, j’y étais dans une démarche distante mais sérieuse, pas pour trouver un mec différent tous les weekends.
Je sais que peu de gens pensent qu’il y a des gens sérieux sur les sites et applications de rencontres. Et pourtant si. Après, l’avis des autres j’avoue que je m’en fous, j’ai ma conscience tranquille car je sais qui je suis et surtout je n’ai jamais menti à personne sur mes intentions. Ou plutôt mes absences d’intentions.
Donc cet homme qui m’a tant plu au premier regard allait devenir mon premier coup d’un soir.
Je ne sais pas si je lui ai fait autant d’effet. En tout cas je ne l’ai pas laissé indifférent. Mon orgueil était sauf, mon ego rassuré, j’étais flattée de lui plaire.
Après un verre, un dîner en terrasse et une balade, le moment des confidences et du rapprochement est arrivé. Je me demandais quand allait arriver la fameuse question du « on va chez toi ou chez moi ? » si bateau… Allait-il la prononcer ?
Après quelques pas, il s’est arrêté pour m’embrasser et me serrer contre lui. Et là j’ai complètement perdu le contrôle de moi-même. C’est comme si mon cerveau s’était déconnecté et que seul mon corps décidait. Je n’étais plus que sensations décuplées, plaisir et excitation. Le désir prenait toute la place.
J’ai compris que j’allais craquer et que si j’allais plus loin, je vivrais ma première expérience du premier soir ; le fameux » faut-il coucher Le premier soir ? » au risque de n’être qu’un coup d’un soir justement…
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Comment j’ai lâché prise…
L’envie était incontrôlable et j’ai lâché prise. J’ai dit stop à ces questions, j’ai éteint mon cerveau et je me suis dit que je voulais juste assumer ce désir et profiter du moment présent. Que j’assumerai la suite. L’après. Le réveil. Le retour à la réalité et les éventuels regrets ou désillusions. Advienne que pourra…
Cette fameuse question, il me l’a posée. C’était la suite logique à ce désir qui montait entre nous. J’ai préféré aller chez lui. Quitte à déconnecter et à lâcher prise, autant le faire totalement, ailleurs que dans mon environnement.
Je me rappelle qu’il m’a proposé de boire quelque chose, qu’on s’est assis sur le canapé et qu’on a discuté quelques minutes. Avant de basculer dans le plaisir.
Baisers, caresses, soupirs, découverte de l’autre. Du canapé on est passé à son lit. Le plaisir était au rendez-vous. Le respect aussi. Les plus incroyable c’était d’avoir eu autant de sensations dès la première fois, d’avoir l’impression que nos corps se connaissaient déjà. C’est peut-être parce qu’il me plaisait énormément.
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La jouissance passée, après un moment de tendresse, il m’a demandé ce que je préférais. Rester dormir là ou rentrer chez moi. Qu’il pouvait me raccompagner mais que je pouvais rester.
Retour à la réalité.
Même s’il l’a dit gentiment et m’a laissé le choix, cette phrase signifiait bien qu’on venait de vivre un bon moment mais que ça ne signifiait pas autre chose. Que non, nous n’allions pas nous endormir dans les bras l’un de l’autre, prendre le petit-déjeuner ensemble et ne plus jamais nous quitter. Moi et mon pseudo romantisme qui surgissait n’importe quand…
Coup d’un soir : et après ?
J’avais fait un choix, j’avais dit que j’assumais. J’ai préféré rentrer chez moi. Reprendre mes esprits. Il m’a raccompagnée. On a discuté et malgré la gêne, il n’y avait pas de distance. Il m’a embrassée pour me dire au revoir. Heureusement. Je crois que j’aurais difficilement supporté qu’il me fasse la bise après m’avoir fait l’amour !
Dans mon lit, j’étais perdue. A la fois bien et inquiète des conséquences de mon lâcher prise.
Est-ce que j’allais regretter au réveil ? Allait-il rappeler ? Et si je n’avais plus jamais de nouvelles, allais-je savoir gérer ?
Le coup d’un soir c’était nouveau pour moi… Est-ce qu’il y avait la possibilité que ça devienne plus ? En avais-je envie ? Cette pulsion que j’avais eue ne devait-elle pas rester unique ?
Moi qui ne voulais pas me poser de questions, c’était raté. Lâche prise ne signifie pas changer complètement sa nature profonde. Mais si je me posais des questions, pour autant je n’avais pas de regrets. Aucun. C’était un soulagement.
Quant à la suite, cela dépendrait s’il me donnait des nouvelles, s’il voulait me revoir pour « ça » ou pour autre chose. J’étais novice en matière de coup d’un soir certes, mais pas au point de ne pas savoir qu’il m’avait peut-être cataloguée dans la catégorie des filles faciles… A suivre donc, en attendant je ne regrettais pas ce moment de lâcher prise et cette parenthèse de plaisir assumée. »
L’analyse des conséquences de « ce premier coup d’un soir » est typiquement féminine. Les femmes ont les mêmes droits au désir et à l’envie que les hommes. C’est parfaitement légitime. Le conformisme inculqué par la société sur le subconscient féminin perdure encore : la pensée d’être une « salope » ou une « fille facile » car elle couche le premier soir est apparemment encore profondément gravée dans la psyché de nombre de femmes. Pour les hommes c’est totalement normal! Il y a encore du travail dans notre société ! Les pays nordiques ont une approche toute différente et moins marquée par le concept du péché de chair typique des sociétés méditerranéennes ou proches d’elles (dont la France).