Quiconque a un ou des enfants ne peut que se sentir concerné par le sujet du harcèlement scolaire. Cela devient hélas un sujet d’actualité trop présent dans les écoles et leurs cours de récréation. Quand on est parent, apprendre que son enfant est harcelé à l’école est un choc et on peut vite se sentir désemparé face à cette réalité. Comment réagir face à la détresse de son enfant ? L’imaginer, qui devrait être en sécurité à l’école, se faire intimider, bousculer, injurier, isoler, parfois pire, est intolérable. Ce phénomène de harcèlement scolaire ne doit pas être pris à la légère. Comment réagit-on quand on apprend que son enfant subit une telle ignominie ? Mon enfant est harcelé à l’école, voici le témoignage d’une maman désemparée mais qui a décidé de ne pas rester sans agir face à ce que subit son fils.
Le phénomène de harcèlement scolaire
Trop de faits divers, hélas, relatent des témoignages similaires d’enfants harcelés à l’école par des camarades de classe ou d’autres élèves. Cela ne concerne plus uniquement les adolescents au collège et au lycée, non cela s’invite de plus en plus tôt dans les cours des écoles. Enfants agressifs, vulgaires, injurieux, menaçants, violents qui s’en prennent à d’autres plus petits, plus fragiles, plus sensibles.
La tête de Turc, le vilain petit canard, le bouc émissaire… On a tous entendu ces expressions mais elles prennent de plus en plus vie dans les écoles de nos enfants. Et c’est évidemment intolérable.
Les enfants victimes doivent être crus, entendus, aidés, pris en charge et les parents accompagnés dans ce traumatisme. Les enfants harceleurs doivent comprendre que leur comportement n’est pas tolérable. Jamais.
Quelle reconnaissance aujourd’hui ?
Il y a des programmes au sein de l’Education Nationale maintenant à ce sujet. Des documents officiels, des procédures, des référents ou chargés de mission, des équipes pédagogiques.
Sur les sites officiels, le harcèlement en milieu scolaire est reconnu et défini comme tel :
Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle alors d’harcèlement.
Un rapport de domination avec violence verbale et/ou physique, c’est du harcèlement. Des moqueries, bousculades, insultes, coups à répétition, c’est du harcèlement. L’isolement d’un élève qui a peur, qui se renferme, qui devient le sujet de moqueries ou de rejet, c’est du harcèlement.
(plus d’infos sur la page dédié au harcèlement scolaire sur le site Education.gouv.fr)
Tous ces éléments créent un danger pour l’enfant harcelé et ces signaux sont à prendre en compte de toute urgence.
Pour les parents, la première chose à faire dans un tel cas, est de demander un rendez-vous à l’enseignant(e) de son enfant et à la direction de l’école.
Mais en parallèle, c’est un tsunami émotionnel qui nous tombe dessus. Que ressent-on en pareille situation ? Comment faire pour protéger son enfant ? Quelles décisions prendre pour le protéger ? Comment le rassurer ?
Chaque parent réagit différemment, selon son caractère et sa sensibilité. Toutefois, voici le témoignage d’une maman à ce sujet.
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Mon enfant est harcelé à l’école : témoignage d’une maman
Ce soir j’ai le cœur lourd et je me sens impuissante. Perdue. Épuisée. A bout de souffle, à bout de forces d’avoir consolé comme j’ai pu mon petit garçon pendant des heures.
Pourquoi la vie est parfois si injuste, au point de s’en prendre à un enfant ? C’est insupportable.
En tant qu’adulte, on encaisse. Tant que j’étais la seule à subir des aléas, je relativisais. Il y a toujours pire comme on dit, il faut se réjouir de ce que l’on a.
Et c’est ce que je m’applique à faire chaque jour depuis des années, vraiment, et j’essaie d’inculquer cette philosophie à mon fils.
Mais alors que ce soir c’est lui qui souffre, lui qui pleure, lui qui a peur, cette injustice est bien trop forte et je ne suis plus capable de relativiser.
J’ai envie de hurler, de taper contre un mur, de m’insurger contre cette vie qui nous a déjà tant fait souffrir.
Pourquoi s’acharne-t-elle encore sur mon petit garçon ? N’a-t-elle vraiment plus rien de beau à offrir ?
Ce soir, j’aurais aimé savoir consoler mon petit garçon et lui dire que j’allais tout arranger. C’est ce que j’ai fait. Mais ces larmes de détresse m’ont montré que je ne l’avais pas convaincu.
Moi, sa maman, je suis là pour le protéger de cette société qui devient de plus en plus folle mais ce soir j’ai failli à ma mission.
J’aimerais pouvoir retourner plusieurs années en arrière quand il était encore bébé et que je pouvais le protéger des autres. Juste en le prenant dans mes bras et en le berçant.
Aujourd’hui je me retrouve confrontée à ce que des milliers de parents redoutent. Et je suis terrifiée. Sûrement parce que cela fait écho en moi.
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Mon enfant est harcelé à l’école. Mon fils, l’être que j’aime le plus au monde, est victime de harcèlement scolaire.
Victime d’une petite brute qui ne sait interagir avec ses camarades que par l’agressivité, la vulgarité et la violence.
Un enfant déjà manipulateur qui est certes sûrement perdu et malheureux pour en arriver à un tel comportement mais à qui j’ai du mal à trouver des excuses devant l’étendue de sa méchanceté et de son machiavélisme. Déjà. À 9 ans. Cela fait peur, cela est inquiétant.
C’est ahurissant. Je n’ai pas les mots pour exprimer, pour expliquer ce que je ressens pour cet enfant qui terrorise un autre enfant. Le mien.
Mon fils que tout le monde s’accorde à dire qu’il est poli, serviable, gentil, sensible.
Il voulait juste se faire des copains. Jouer au ballon. Être un camarade.
Ce n’est jamais facile de changer d’école mais il s’en est si bien sorti. Je suis si fière de lui. De sa force et de son courage. Pourquoi la vie lui a mis sur son chemin cette épreuve supplémentaire ?
« Maman, je veux juste avoir des copains. »
Voilà ses mots. Il ne cherche pas les conflits, il s’excuse même pour calmer le jeu alors qu’il n’a rien fait.
Aujourd’hui il est effrayé. Il a peur que cet enfant manipule les autres. Peur de se retrouver tout seul comme le jour de la rentrée. Ça le terrorise.
Mots d’enfant, maux d’enfant ? À nuancer ?
Non ! Véritable souffrance qu’il faut entendre et écouter. Sinon ça laisse des traces indélébiles pendant des années et cela peut créer un véritable traumatisme.
Oh, bien sûr, mon fils n’est pas parfait, loin de moi l’idée de le penser. Je connais ses défauts. Je le connais par cœur. Et c’est bien pour cela que je le sais innocent, victime, fragilisé.
L’imaginer vivre ça dans la cour de récréation me donne la nausée. Lui tout seul, lui avec la peur au ventre ?
Je m’y refuse. Je refuse que mon enfant soit harcelé à l’école, sans défense !
Alors je reste forte pour lui. Rassurante. J’ai pris les choses en main avec la maîtresse. L’école. J’attends, tout en ne laissant rien passer. A voir plus haut s’il le faut. Je me battrai comme une lionne pour la tranquillité d’esprit de mon fils. Pour qu’il retrouve son insouciance et sa joie de vivre. Mais vais-je y arriver ? Seule ?
Et comment gérer en attendant cette phobie scolaire qui ne demande qu’à surgir ? Comment le rassurer à 8h30 devant l’école lundi matin ?
Quelles sont les armes d’une maman aujourd’hui pour sauver son enfant du harcèlement scolaire ?
C’est un nouveau combat à mener dans cette existence. Rien ne semble nous épargner parfois dans la vie. Si cela est un moyen de tester notre résistance, notre résilience, je pense que nous avons suffisamment prouvé que nous étions solides.
Ce que nous voulons aujourd’hui ?
Rien que du repos. De la tranquillité et de la bienveillance. Un peu d’humanité. Est-ce si idiot de l’espérer encore ?
Je sais que même si les choses s’arrangent rapidement, si nous avons en face des parents intelligents et conscients des responsabilités de leur fils, rien ne sera plus jamais pareil.
Mon fils va devoir affronter cette épreuve, avancer malgré la confiance en lui qui est abîmée. Et cela prend du temps de retrouver cette confiance en soi et en les autres.
Pour que sa vision de la vie et de l’avenir ne soit pas complètement obscurcie, je vais l’accompagner tout au long de ce chemin.
Jamais je ne céderai face au harcèlement scolaire, à la méchanceté gratuite, à la violence, à l’injustice. Jamais. Et je me battrai pour mon fils malgré ma fatigue, mes doutes et mes peurs. Toujours.