Mon chéri m’a offert ce roman, Une chambre au soleil, pour la fête des mères non parce qu’il parle d’amour mais parce qu’il sait que j’aime beaucoup Bel-ami de Maupassant et que ce roman en est largement inspiré ! Publié en 1957 (soit 72 ans après Bel-Ami) il a inspiré une génération d’écrivains britanniques, de cinéastes et de musiciens parmi lesquels David Bowie, qui le classe parmi les livres ayant changé sa vie.
Une chambre au soleil de John Braine : Résumé
Angleterre, dans les années 1950. Issu de la classe ouvrière, Joe quitte sa ville natale touchée par la crise et s’installe dans une ville prospère, déterminé à réussir socialement. Sa jeunesse et son pouvoir de séduction sont ses seuls atouts mais il en joue si bien qu’il risque de briser ceux qui l’approchent.
Une chambre au soleil de John Braine : Mon avis
« Une chambre au soleil » peut être vu comme une interprétation de « Bel-Ami » dans le contexte de l’Angleterre des années 1950. À l’instar des grands romans de mobilité sociale du 19e siècle, tels que « Illusions perdues« , « L’Éducation sentimentale » et « Le Père Goriot« , tout est étincelant, dynamique et implacable dans ce livre.
Il faut aussi savoir que John Braine était membre du mouvement « Angry Young Men ». Ce mouvement, très présent dans les années 1950, était connu pour ses portraits de la classe ouvrière et ses critiques des rigidités sociales.
Dans Une chambre au soleil, nous suivons le parcours de Joe Lampton, un jeune homme issu de la classe ouvrière britannique, dans le contexte immédiat de l’après-guerre, encore marqué par les restrictions. Joe décroche un emploi de fonctionnaire (comptable) dans une petite ville (Warley), ce qui représente déjà une forme d’ascension sociale, bien que limitée pour lui permettre d’atteindre les classes supérieures.
Rapidement, Joe séduit Susan, une jeune femme de la haute société, et Alice, une femme plus âgée qui se sent négligée dans son mariage. Il est tiraillé entre les passions du cœur, les désirs charnels et ses ambitions personnelles.
Joseph Lampton est un anti-héros de 25 ans, c’est le Georges Duroy britannique. Il méprise d’où il vient « Dufton la morte » et décrit les gens qui y habitent de façon cruelle « Les zombies« . Il vient s’installer à Warley chez les Thompson et une nouvelle vie commence pour lui : une quête de réussite sociale et d’argent. Il tente ainsi de se fondre parmi les riches qu’il méprise autant qu’il envie.
C’est un portrait extrêmement fin et rempli de complexités et de contradictions : nous avons d’un côté le Joe cynique, fier, prêt à tout pour réussir quitte à blesser tous ceux qui l’entourent et notamment les femmes, un homme dénué d’empathie et d’émotions. De l’autre côté, Joe, l’amoureux, le passionné, dégoûté par la société qui l’entoure et par lui-même. Ces luttes internes captivent le lecteur et nous ne perdons pas une miette de notre lecture.
J’ai pris un réel plaisir à découvrir ce roman !
Une chambre au soleil de John Braine : quelques extraits
« Il est stupéfiant de constater que c’est toujours plus facile d’avoir un coeur d’or quand les portefeuilles sont pleins ».
« Je n’avais aucune illusion, ni sur elle ni sur moi, mais quand nous étions ensemble, je ne me sentais pas seul et, quand nous étions séparés, je me sentais seul. C’était aussi simple que ça. »
« Je voudrais qu’on s’aime tellement qu’on ait plus besoin de le dire, mais j’ai envie de le répéter tout le temps. »
« Je venais de découvrir ce qu’était réellement notre amour ; non pas, comme auparavant, ce qui le faisait ressembler à l’amour des autres, mais ce qui l’en distinguait. En la regardant, je compris que je n’aurais plus jamais d’autre amour, que j’avais touché la totalité de ma ration. Il aurait mieux valu qu’elle soit plus jeune de dix ans, qu’elle ait plus d’argent à elle, de même qu’il vaudrait mieux que les rivières roulent de la bière et que les arbres soient couverts de sandwiches au jambon, mais ce n’était plus essentiel.
L’idée qu’il y ait qu’une seule femme qui puisse convenir à un seul homme est terriblement niaise. Mais ce que je sais pour moi est un simple : je ne pourrais plus jamais ressentir avec autant d’intensité. »
« Tu m’as rendue si heureuse qu’il m’est impossible d’imaginer une seconde sans toi. »