L’anxiété, ce sentiment si familier, souvent non désiré, qui s’infiltre subrepticement dans nos vies, nous mettant face à nos peurs et incertitudes. Pour beaucoup d’entre nous, elle est une ombre persistante, un compagnon indésirable qui suit chacun de nos pas. Mais que se passerait-il si, au lieu de la combattre, nous la reconnaissions ? Si nous lui adressions directement la parole pour tenter de la comprendre, de la définir, de mettre des mots sur ce qu’elle est et ce qu’elle représente pour nous ? Dans un élan introspectif, j’ai décidé d’écrire une lettre à mon anxiété. Une lettre pour démystifier cet état émotionnel, pour établir un dialogue avec lui, et peut-être, pour commencer à guérir.
Chère anxiété : Tu ne définis pas qui je suis
Chère Anxiété, toi qui t’es nichée au creux de mon âme, comment pourrais-je te décrire? Tu es à la fois ce voile sombre qui assombrit les jours ensoleillés et ce murmure inaudible qui trouble le silence de la nuit. Aujourd’hui, je m’adresse à toi, car tu fais partie intégrante de moi.
Toi, Anxiété, tu sais faire battre mon cœur comme personne.
Avec toi, chaque instant se transforme en une éternité, chaque regard en un questionnement, chaque silence en un cri assourdissant. Pourquoi es-tu là, à t’agripper si fermement à mon être, à serrer si fort jusqu’à m’étouffer?
Parfois, dans le calme de l’aube, je ressens ta présence comme une caresse, douce et légère. Tu te tiens à distance, me laissant respirer, me laissant vivre. Mais dès que le monde s’agite, tu reviens, plus féroce que jamais, emplissant chaque recoin de mon esprit, chaque pore de ma peau.
Avec toi, je danse sur un fil, entre deux abîmes.
D’un côté, la peur de l’inconnu, de l’autre, la terreur de l’habituel. Tu te nourris de mes doutes, te délectant de chaque frisson, de chaque larme.
Pourtant, dans cette danse macabre, j’ai aussi découvert une force insoupçonnée. Car chaque pas avec toi, chaque souffle, chaque battement de cœur, me rappelle que je suis vivante. Que malgré tout, malgré toi, je tiens bon. Je résiste. Je vis.
Chère Anxiété, tu es mon plus grand défi, mais aussi mon plus profond maître.
Tu m’as appris la résilience, la persévérance, et le pouvoir de l’instant présent. Pour cela, je te remercie. Mais sache que chaque jour, je me bats pour trouver la lumière, pour chasser l’obscurité, pour être, tout simplement.
Mais aussi étrange que cela puisse paraître, je te suis reconnaissante pour les leçons que tu m’as données. Dans cette relation tumultueuse, tu m’as fait comprendre la valeur de la paix intérieure, de la stabilité émotionnelle. Tu m’as montré comment les tempêtes peuvent être surmontées, et qu’après la pluie vient toujours l’arc-en-ciel. Chaque jour, grâce à toi, je réapprends à chérir les moments de calme, à embrasser l’incertitude avec courage, et à voir la beauté dans le chaos.
Je sais que tu ne partiras peut-être jamais complètement.
Mais je veux que tu saches que, chaque jour, je choisis de vivre ma vie avec audace, avec passion, avec amour. En dépit de toi. Non pas parce que tu me pousses dans mes retranchements, mais parce que j’ai décidé de ne pas te laisser être la narratrice de mon histoire.
Chère Angoisse, tu es un chapitre, peut-être tumultueux, de mon livre. Mais je suis l’auteure, et la trame de mon récit est bien plus vaste et éclatante que les ombres que tu jettes sur mon chemin.