J’avais lu Je peux très bien me passer de toi de Marie Vareille et je me rappelle avoir déjà passé un super moment et avoir beaucoup ri ! Mais alors que celui-ci, Ainsi gèlent les bulles de savon, m’a vraiment happée, il m’a fait un bien fou et je ne suis pas prête de l’oublier. Je pense que je l’ai lu au bon moment (enceinte de mon deuxième fils, je crois que ce sont exactement les mots qu’il fallait que je lise à 8 mois de grossesse !).
Ainsi gèlent les bulles de savon de Marie Vareille : Résumé
Certains choix nous définissent à tout jamais, celui-ci en fait partie.
À partir d’aujourd’hui, je peux bien écrire la neuvième symphonie, sauver le monde d’une troisième guerre mondiale ou inventer le vaccin contre le sida, on ne retiendra de moi que cet acte innommable : j’ai abandonné mon bébé, toi, mon minuscule amour aux joues si douces. Puisses-tu un jour me pardonner.
Un roman lumineux et bouleversant, porté par une plume éblouissante de sincérité .
Ainsi gèlent les bulles de savon de Marie Vareille : Mon avis
Ce roman nous propose une jolie mise en abyme avec l’histoire personnelle mais surtout parentale/familiale, de trois femmes qui sont toutes liées. Nous avons Claire qui est enceinte et remplie de joie à l’idée d’accueillir sa petite coquillette mais qui va déchanter en découvrant la réalité de la maternité. Sa meilleure amie Eléonore bosse dans l’édition, a deux enfants et lui propose un post ; attachée de presse d’Eva Diaz une auteure de renom.
Il y a Océane, 19 ans, qui vit en Amérique et débute des études de médecine alors qu’elle est passionnée par la littérature et l’écriture. Elle vit seule avec son père suite à un scandale.
Puis il y cette jeune femme mystérieuse que l’on suit à travers un journal intime, qui a fui à l’autre bout du monde après avoir abandonné son enfant et qui tente de se reconstruire.
Destins tressés
On se doute bien que ces destins sont entremêlés mais Marie Vareille distille les informations et fait durer le suspens. Ce qui fait durer le plaisir aussi. On se pose beaucoup de questions sur ces liens, on émet des hypothèses et au fur et à mesure, on commence à comprendre. Le final est très réussi !
Le thème de la parentalité
La parentalité / La maternité est clairement le thème principal abordé dans ce roman avec beaucoup de réflexions extrêmement justes. Beaucoup de tabous évoqués, des phrases que toutes les mères se sont déjà répétées dans leur tête en ayant honte ne serait-ce que d’y songer. Les voir écrites noir sur blanc nous fait nous sentir moins seules en tant que jeunes mamans et ce roman fait déculpabiliser. Il est tombé à point nommé entre mes mains, c’est précisément ce que j’avais besoin de lire en ce moment, alors que j’entame le 8ème mois de ma deuxième grossesse.
En bref, je vous recommande mille fois ce roman et encore plus si vous êtes maman ou que vous allez bientôt le devenir !
Commander Ainsi gèlent les bulles de savon :
Quelques extraits de Ainsi gèlent les bulles de savon :
Elever un enfant, c’est lui apprendre à s’éloigner alors que tu voudrais le retenir.
On parle toujours des premières fois, mais chaque première fois sera suivie d’une dernière fois. La dernière fois que tu la verras marcher à quatre pattes, la dernière fois que tu lui donneras son biberon, la dernière fois que tu la porteras dans tes bras, la dernière fois que tu l’emmèneras à l’école, la dernière fois que tu refermeras la porte de sa chambre après lui avoir dit bonne nuit… C’est une succession de petits deuils et le premier de ces deuils, c’est l’accouchement.
Il a eu une augmentation la semaine dernière et il est sollicité par plusieurs restaurants étoilés. Il continue à vivre sa passion et à s’épanouir dans son travail. Je trouve cette situation horriblement injuste. Un père a le droit de choisir quel père il veut être. Celui qui travaille dur pour gagner de l’argent ou le papa poule qui reste à la maison, voire, celui qui ne fait ni l’un n i l’autre, se contentant de ne servir à rien depuis le canapé du salon. Il a cette liberté immense de choisir son degré d’implication dans l’éducation de ses enfants. On peut être considéré comme un père correct en se contentant de jouer une heure ou deux avec ses enfants le week-end, sans avoir la moindre idée de la date du prochain vaccin ou de la fête de l’école. Les mères, elles, ne bénéficient pas de ce droit-là.
C’est un joli mot, baby blues, léger et poétique, qui évoque un air de saxophone un peu mélancolique. Un mensonge ridicule et dangereux qui n’illustre en rien une situation dans laquelle tu te demandes qui, de toi ou de ton bébé, tu vas jeter en premier par la fenêtre
Depuis que je suis mère, tout ce qui ne consiste pas à m’occuper de mes enfants est devenu source de culpabilité. Prendre un bain, boire un verre, fumer une cigarette, faire du sport, lire un livre ou en écrire un, donner des petits pots industriels […] Mais cette culpabilité, je peux vivre avec, parce qu’au fond, je sais qu’elle n’est pas légitime. Elle est le fruit d’une construction sociale de ce rôle de mère idéale que personne n’atteint jamais et dont on nous rebat les oreilles.
Tout ressentir plus fort, c’est aussi s’émouvoir de la couleur d’une feuille d’automne, du son parfait d’un mot ou des reflets d’une bulle de savon, c’est pleurer en écoutant de la musique, goûter une joie authentique dans une bouchée de gâteau, partir en voyage chaque fois qu’on ouvre un livre. C’est savoir reconnaître les bonheurs immenses dissimulés dans les toutes petites choses.
Je suis doué d’une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire. (Flaubert)