Malade, suis-je digne d’être aimée ? Entre Amour et maladie…
Par Audrey
Aujourd’hui, c’est un jour « sans ». Une journée où il est difficile de rester positive, de relativiser, où le combat me semble trop dur à mener, le fardeau trop lourd à porter. C’est un jour « off », parce que la maladie prend trop de place, toute la place, avec son lot de douleurs diffuses, insidieuses, usantes.
Dans ces moments-là, lorsque je me projette un peu, je me pose la question suivante : qui voudrait supporter ça ? Quel homme aurait suffisamment de curiosité pour ma personne, de force de caractère, de bonté, pour creuser au-delà de la maladie chronique ?
Quel homme assez fou pourrait tomber amoureux de mes crises d’asthénie ou de mes insomnies, de mes douleurs musculaires et de tant d’autres symptômes que la pudeur m’empêche de dévoiler ?
Comment réussir à ne plus se définir uniquement par la maladie lorsque le moral est en chute libre, au plus bas et les douleurs au plus haut, si intenses qu’elles usent toute mon énergie ?
Comment envisager que l’on peut tout de même être digne d’être aimée ?
L’amour est un sentiment incontrôlable et magnifique, qui s’impose à nous, mais avant de tomber amoureux, chacun apprivoise l’autre. Quand la maladie te tombe dessus, chamboule ta vie, t’oblige à revoir tes priorités, à penser et vivre différemment, tu te poses aussi la question du sentiment amoureux.
Peux-tu aimer à nouveau, peux-tu susciter l’amour chez l’autre, et comment être sûre de ne pas confondre amour et besoin de réconfort chez toi et amour et compassion chez l’autre ?
L’autre justement, aura-t-il envie de se lancer dans une histoire qui ne sera pas un long fleuve tranquille ?
On mérite tous d’être aimés, on est dignes de l’être mais la maladie fait douter. La mienne est invisible, c’est un handicap qui ne se voit pas mais qui consomme une grande partie de mon énergie. Aujourd’hui je ne peux plus me définir sans elle hélas, et j’ai très souvent la sensation de devoir me justifier, d’expliquer mon état, de m’excuser de ce que je suis devenue.
J’ai parfois l’impression de cumuler, le package n’est en effet pas léger : maman solo, trentenaire bien avancée, malade ; l’annonce n’est pas à proprement vendeuse, « ça ne vend pas du rêve » comme on dit !
Un homme aura-t-il les épaules assez larges pour voir au-delà de ça et se dire que ça en vaut quand même la peine ? Puis-je consciemment demander à un homme de partager les aléas, d’être un soutien, d’être compréhensif, patient et attentionné face à cela ? De ne pas juger ?
Entre la compassion et l’amour, où se situe la frontière ?
Des hommes disent au premier abord que cela ne les dérange pas mais ils ne prennent pas la mesure de ce que cela sous-entend au quotidien, des limites imposées. Sports, voyages par exemple, rien n’est impossible, mais tout devient difficile, il ne faut pas se mentir.
Il faut parfois s’avouer vaincue car la fatigue et la douleur sont trop intenses, il faut de plus en plus adapter le quotidien et savoir que tout imprévu, tout moment d’insouciance a son prix à payer. Un moment de légèreté, de liberté tout simplement, donne lieu à plusieurs jours de douleurs. Je le sais, je le vis, et même si je continue de lutter jour après jour, je dois l’accepter.
Cette maladie est mon combat mais paradoxalement, elle m’a fait l’effet d’un électrochoc, certains parleraient de crise existentielle.
Est-ce un mal pour un bien ? Je ne serai jamais autant moi-même que celle que je suis devenue, mes défauts sont devenus ma force et mes qualités m’aident à relativiser et à me battre.
Ce combat m’a menée à l’introspection ; c’est mon chemin de vie. Alors oui, je crains de ne pas intéresser un homme, de ne pas être digne d’être aimée, mais pas seulement.
Et moi, j’en suis où ? Pourrais-je à nouveau faire assez confiance pour laisser un homme entrer dans ma vie ? Tomber le masque, me mettre à nu, avouer mes peurs, ma lassitude parfois, ne pas taire mes douleurs ? Montrer que je suis une battante mais aussi m’autoriser à craquer ?
Mais surtout, trouver le juste milieu pour ne pas être réduite à ça, ne pas avoir la sensation de survivre, mais vivre enfin, vivre pleinement, offrir à quelqu’un la sérénité que moi-même je recherche depuis que mon corps me fait tant souffrir ?
On a tous peur de ne pas trouver l’amour, et cette crainte devient angoisse lorsque notre différence nous fait sortir de cette fameuse norme, lorsqu’une partie de notre vie peut constituer un obstacle pour l’autre, être une raison à notre célibat, à notre solitude sentimentale, quelque chose qu’on analyse comme une possible source de rejet.
Réfléchir à son état, en prendre conscience, avouer ses doutes et ses peurs, tout cela n’empêche pas de se battre jour après jour, d’apprécier la vie, de vouloir la croquer à pleines dents.
Alors oui je n’ai pas honte de le dire aujourd’hui, je suis malade. Mais vivante. Même si morte de trouille parfois lorsque je suis à bout de forces, je reste solide et positive. Et au fond de moi, je crois que je sais qu’au contraire je me suis enfin trouvée. Alors oui j’ai mal, j’ai peur et je craque parfois, mais j’ai surtout envie d’avancer, d’y croire et d’avoir confiance en l’avenir et en l’autre.
Je ne sais ni où, ni quand cela arrivera et encore moins qui tu es, mais je reste convaincue qu’en amour il n’est pas question de normes ou de normalité, de critères figés. Utopie ? Peut-être ; mais je crois encore aux belles âmes, à la sincérité des sentiments, à la pureté de certains cœurs.
Alors malade oui, mais hors de question de laisser la solitude devenir une fatalité, elle demeure ma meilleure ennemie !
Mon défi ? Je suis prête à me laisser à nouveau aimer ! Mon mantra ? Je suis digne d’être aimée !
bonsoir,
en cherchant un peu de réconfort sur la toile je suis tombée sur votre article. Je pensais y trouver des réponses à mes questions, une belle histoire qui me ferait y croire à nouveau; Mais j’ai plutôt trouvé un témoignage qui ressemble étrangement à ma vie (même si je n’ai pas la chance d’être maman). Alors merci d’avoir fait en sorte que je me sente moins seule dans cette situation. Et si par bonheu rvous avez trouvé l’amour depuis la rédaction de cet article cela me ferait plaisir de le savoir
Bonjour,
Je me suis beaucoup reconnue dans votre lettre. Je pensais l’avoir trouvé cet amour. Il m’a poussée à me dépasser, à entreprendre des choses dont je n’aurais pas rêvé. Cependant, après 5 ans et une rechute plus le diagnostique d’autres pathologies chroniques tout aussi invisibles mais douloureuses que le première, je pense que notre relation arrive à son terme. L’invisible est un cadeau parfois empoisonné. L’autre ne sais pas l’énergie qu’il en coute de physiquement et psychiquement de se battre tous les jours, parce que ….ça ne se voit pas. Il ne comprend pas qu’un jour on soit trop fatigué pour une sortie en montagne (que l’on adore pourtant), pour une soirée entre amis… ou autre. Il ne « voit » pas. Hier les mots sont sortis de sa bouche « tu es négative, tu te plains souvent ». C’est très blessant car justement, on ne parle pas de la plus grande partie de nos douleurs. On a l’impression que, justement, on se retient. Il est vrai que j’ai manifesté un peu plus mes malaises mais…à sa demande. Seulement, quand j’essaie d’approfondir les sujets, il ne m’écoute pas. On sent clairement que ça l’ennuie. Je l’aime et il m’aime mais je ne pense plus pouvoir vivre avec ça. Cette impression qu’il a que je suis plaintive. Je me suis tellement battue que penser qu’il a cette image de moi m’est insupportable. J’ai envie de sortir, de m’en aller… Mais je ne peux pas. Nous sommes confinés. Je pense qu’après cette histoire je ne me remettrai pas en couple. Quand on va bien, les mecs pensent tous « C’est pas grave, on essaie et on voit » sans se douter que, le plus souvent, c’est nous qui payons les pots cassés. Eux, ils essaient une fois de vivre avec une malade…mais nous, nous….nous le prenons dans les dents à chaque fois. Et c’est extrêmement douloureux. Déjà, je ne voulais plus me mettre en couple avant lui. Je regrette énormément d’avoir cédé.
Je me reconnais dans ce que tu vis, je compatis 😘
Je me reconnais totalement dans ces commentaires, jusqu’au là je croyais que j’avais le droit d’etre3aimer de finir ma vie ma main dans cecelui qui va m’aimer, et tout comme vous pendant les reemissionss , tout se passait bien , une rechute comme jر’en ai eu des dixaines et là c’est unun autre visage qui apparaît, le pire est qd ils n’ont pas le courage de dire que c’est acause de la maladie, alors j’ai le droit à un tas d’excuses bidons pour mettre unbpoint final à la rel, du coup je n’y crois plus, je vais devoir finir ma vie de la fomacon qui me fait le plus peure, seule sans une personne qui me tient la main, et qui profite de la vie qd ca va mieux, il n’existe pas, et ça me terrifie j’ai 55 ans et je vais finir ma vie seule…..dure et injuste la maladie continue de me voler ma vie.
BL