Amour non réciproque : Quand on a l’impression de s’être fait avoir
Par Audrey
N’ai-je été là que pour flatter ton ego ? N’étais-je qu’une vulgaire poupée de chiffons entre tes mains, manipulable à souhait ? M’as-tu vraiment désirée, un peu aimée, respectée ? Ou n’était-ce que l’envie d’assouvir une pulsion irrépressible, un jeu malsain, un rapport de forces ? Au final, une autre ou moi, était-ce la même chose pour toi, ne sommes-nous devenus que des numéros ?
C’est tristement pathétique, douloureusement hallucinant de réaliser à quel point on peut perdre tout sens commun, sa raison, son état de conscience lorsqu’on se croit attachée, amoureuse de quelqu’un. De l’autre. De celui que l’on désire si fort que tout autour semble insignifiant, sans saveur, sans profondeur, sans intérêt.
Pourquoi vit-on ? Pour un message, un appel, un rendez-vous ?
On a tellement l’impression de vivre quelque chose d’exceptionnel qu’on se donne toute entière à cette relation, on s’offre corps et âme persuadée de vivre une vraie histoire. Mais elle demeure à sens unique, sans réciprocité.
Là où on a de vraies émotions, il n’y met que de brèves sensations.
Là où on ressent un profond désir, il ne cherche que l’étincelle fugace et éphémère du plaisir.
Là où on cherche un futur équilibre, il ne souhaite que continuer à jouer.
Le jeu de séduction ? Non, un jeu de persuasion, de domination, de désillusions. Un marché de dupes.
Alors forcément le décalage est inévitable, même si on ne veut pas le voir. On ne peut pas, on n’y arrive pas, pas tout de suite.
On s’accommode de tout, du temps qu’il daigne nous accorder, des moments à deux qu’il nous offre, des fausses promesses qui sonnent pourtant faux. Il a réussi à prendre l’ascendant, le pouvoir sur la relation, à être celui qui décide, contrôle, dirige, propose et dispose. Il mène la danse de votre liaison, de votre aventure, de ce simulacre de relation chaotique.
On veut lire en chacun de ses mots, voir en chacun de ses gestes des messages subliminaux et des signes alors qu’il continue seulement à jouer un rôle.
A quel moment ce décalage est-il arrivé ?
D’entrée de jeu, avait-il déjà activé le mode détaché, pipé les dés, pour ne vivre qu’une aventure légère ? Sans vous en faire part ? Ou n’avez-vous pas voulu voir l’évidence ? Avez-vous été aveuglée par votre attirance, votre désir et ses belles paroles ?
Avez-vous pensé qu’il s’attacherait à vous et tomberait amoureux ? Ou n’avez-vous tout simplement rien vu, rien compris ?
Ce déséquilibre, cette non-réciprocité, comment croire à une histoire dans de telles conditions ? Sans naturel ni spontanéité, sans aucune sincérité, ni respect ou réel partage ?
Il faut dire qu’on se rattache à tout et n’importe quoi, on continue à voir des signes d’espoir même en ayant l’évidence face à soi…
Pourquoi ? Parce qu’on a de vrais sentiments ? Qu’on a besoin de s’attacher ? Parce qu’on se sent blessée, humiliée d’y avoir cru ?
Ou parce qu’on pense que c’est ainsi qu’il faut faire aujourd’hui, qu’il faut prôner le détachement au départ, jouer à la femme qui s’assume et se donne, taisant ce qu’elle ressent, et qui elle est vraiment ? A ce jeu où on obéit à des règles obscures qui ne nous ressemblent pas, ne finit-on pas par se perdre ?
On nous dit aujourd’hui qu’il est normal, logique de commencer une relation ainsi. Attirance, sexe rapidement consommé, tout, tout de suite. Qu’il est normal de tester sa compatibilité sexuelle, son potentiel, son intimité. Et ensuite ? N’est-ce pas un prétexte pour collectionner encore et encore ?
On met le sexe au centre de tout, comme l’élément principal d’une possible relation, on ne prend plus le temps de savoir ce qu’est vraiment le désir, on ne lui laisse plus le temps de se manifester vraiment, de le ressentir. On consomme du plaisir et c’est tout.
Après l’amour en voie de disparition, le désir méprisé maintenant ?
Après avoir tué le couple et ce qu’il représente à force d’images négatives, en l’assimilant à des contraintes permanentes, en le comparant à une relation forcément prise de tête, comme une entrave à la liberté personnelle, à présent on détruit peu à peu ce qui en faisait l’alchimie physique.
Cette chose qui ne s’explique pas. Le désir pour l’autre mais le vrai, entier, total, intuitif, qui fait ressentir un manque, pas juste sexuel, mais qui mêle tendresse, sentiments, sensations, sensualité, sexualité. Un tout qui se construit, qui ne demande qu’à grandir et à se réinventer avec le temps.
Et non pas cette pulsion ponctuelle, cette consommation à tout prix de l’autre, sans vrai désir, qui accélère tout le jeu de séduction. On passe d’un message à un verre puis un baiser pour atterrir dans un lit, à l’arrière d’une voiture ou dans une chambre d hôtel au bout de quelques heures.
Comme si c’était un passage obligé, une finalité.
As-tu été de ceux-là, de ceux qui prennent le plaisir sans vrai désir, et sans partage ? De ceux qui confondent tout, et qui sont aujourd’hui allergiques au désir comme à l’amour ?