Arme de destruction massive
Les regarder se débattre. Les entendre déblatérer, se battre, essayer de comprendre, abandonner, se noyer devant mon regard vide. Mode arme de destruction massive enclenchée. Je ne suis plus là. Je les vois, je les regarde, je les entends mais je n’écoute plus. Je vie la scène de haut, de loin. Les émotions tant refoulées sont parties, envolées. Je ne ressens plus. Prête à soulever les montagnes. Je suis déjà partie.
Mais ils restent là. Ils attendent quelque chose. Sûrement une réaction, une réponse… qui ne viendra pas. Trop tard… ou trop tôt je ne sais pas mais là. Là maintenant je ne peux pas.
Paralysée dans mon corps, ma tête tourne à mille à l’heure. Incapable de s’arrêter sur une idée. Une réponse. Un choix.
Mais qu’est-ce qu’ils attendent de moi ? qu’est-ce que j’ai fait ? Je ne comprends pas. Non je ne fais pas exprès, je ne comprends pas. Ça leur paraît si simple pourtant. Fais un effort.
Pourquoi moi ? Pourquoi moi je comprendrais ? Eux ne me comprennent pas. La colère apparaît. La colère sourde et profonde, celle des tripes, celle qui fait crisper la mâchoire et qui permet encore moins aux mots de trouver leur place. Celle qui ronge tranquillement jusqu’aux os, celle qui rend aigrie et mauvaise.
Cette fois je n’explose pas. Pas envie, plus le courage. Je disparaîs, à l’intérieur de moi. Je coupe. Je sais qu’à un moment il faudra les ré-affronter parce qu’ils sont là. Ils attendent. Ils suffoquent. Ils se noient. J’attends, peut-être que j’irai, peut-être pas. Peut-être que quelqu’un d’autre ira.
Moment d’extrême solitude. Moment d’extrême sérénité. Moment d’extrême lucidité.
Vie survolée au pays de l’activité cérébral sans pouvoir accéder au pays des sentiments.
Clara