Est-il possible qu’une femme n’aime pas ses enfants ? Aujourd’hui, on parle davantage du regret maternel. Cet aveu sur le regret d’être mère est encore tabou même si les langues se délient. Mais entre le regret et l’indifférence, le regret et le désamour, il y a un fossé. Ces femmes qui n’aiment pas leurs enfants, existent-elles vraiment ? Même si une femme ne s’épanouit pas dans sa maternité, même si elle ne ferait pas d’enfants si elle pouvait revenir en arrière, pour autant, cela veut-il dire qu’elle n’a aucun amour maternel ?
Est-il possible pour une mère de ne pas aimer son enfant ?
L’amour entre une mère et son enfant est-il naturel, instinctif ? Ou une femme, devenue mère, peut-elle ne ressentir aucune émotion, aucun élan maternel, aucun amour pour son enfant ?
Ne faut-il pas plutôt faire un distinguo entre le fait de ne pas aimer ses enfants et le fait de ne pas aimer la maternité ? L’aveu de ne pas s’épanouir dans ce rôle de mère ?
Le regret maternel est un tabou qui se lève doucement. De plus en plus de femmes qui sont devenues mères avouent le regretter. Elles assument que cette maternité, elles ne se reconnaissent pas dedans. Que cela ne les épanouit pas.
Pour autant, elles aiment leurs enfants. Alors quand on parle de ces femmes qui n’aiment pas leurs enfants, parle-t-on véritablement d’un manque d’amour ou plutôt d’une absence d’instinct maternel ? D’une inexistence de sentiments pour son enfant ou plutôt d’une incapacité à montrer un sentiment maternel ?
L’amour maternel : un instinct naturel ou une obligation sociétale ?
Sacralisé depuis toujours, l’amour maternel paraît être une évidence pour tout le monde, ou presque. Devenir maman, c’est un accomplissement, un bonheur qui est indissociable de l’amour qui l’accompagne. On dit de lui qu’il est puissant, absolu, inconditionnel, sans limites. L’amour d’une mère ne se remettrait pas en question. Une femme qui n’aime pas son enfant ? Impensable, inimaginable, voire même horrible pour beaucoup.
Il arrive pourtant que cet amour soit fragile ou inexistant. Qu’il n’arrive pas à naître dans le cœur d’une mère à la suite de la naissance de son bébé, ou qu’il ne se développe jamais avec le temps.
« Quand on m’a posé mon bébé sur mon ventre après l’accouchement, j’ai ressenti de la peur, du soulagement que tout soit fini, mais pas cette vague d’amour dont on m’avait tant parlé » nous avoue Mathilde. Bien sûr, pour certaines jeunes mamans, il faut du temps, rien de plus normal quelques heures ou jours après la naissance.
« Seulement, dans mon cas, ce n’est jamais arrivé. Je n’ai jamais ressenti cet élan inconditionnel dont me parlait mes amies. Cet amour maternel, ce besoin presque viscéral de m’occuper de mon bébé. Je m’en suis occupée, oui, mais je me sentais vide. On m’a parlé baby-blues, de dépression post-partum, mais au fond de moi, je sentais que c’était autre chose. Ma fille a aujourd’hui 8 ans, et si je joue mon rôle de mère, je ne me sens pas reliée à elle par un lien particulier. C’est curieux je sais, elle est ma fille, je suis sa mère mais entre nous, il n’y a pas de bisous, de je t’aime, de démonstrations d’amour » nous confie-t-elle.
Mathilde n’est pas la seule dans ce cas. Alors est-il possible que certaines mères n’aiment pas leurs enfants ? Ou est-ce une difficulté à montrer leur amour, une sorte de pudeur, de maladresse, de blocage ?
Ces femmes qui n’aiment pas leurs enfants sont-elles de mauvaises mères ?
Certaines femmes n’arrivent tout simplement pas à ressentir cet amour maternel, à le montrer et à le vivre. Leur cœur ne se serre pas à la vue de leur progéniture. Elles n’éprouvent pas de manque ou de besoin viscéral d’être avec leur enfant.
Beaucoup d’entre elles culpabilisent alors d’être de mauvaises mères. Elles n’osent pas en parler, trop effrayées par le jugement des autres. Elles ne comprennent d’ailleurs pas toujours elles-mêmes pourquoi elles n’ont pas cet amour maternel chevillé au corps et au cœur. L’image de la mère aimante est si ancrée dans les esprits, dans les mœurs, que celles qui se montrent distantes, indifférentes, peu démonstratives sont évidemment cataloguées de mauvaises mères.
« Je n’ai jamais réussi à créer un lien de complicité et d’amour fort avec mon fils » nous raconte Jeanne. Je me suis d’abord dit que c’était peut-être parce que c’était un garçon, que j’étais mal à l’aise. Même si cela peut paraître étrange. En fait, j’ai vite compris que les choses de la maternité, de l’enfance ne m’intéressaient pas. Cela m’ennuyait profondément en fait. Donc forcément, mon fils incarnait cet ennui. Si je l’ai élevé, s’il n’a manqué de rien, je sais aujourd’hui qu’il n’a pas reçu de ma part l’amour d’une mère au sens propre du terme, tout simplement parce que j’étais incapable de lui donner, je ne savais pas comment faire ».
Ainsi, certaines femmes semblent ou sont incapables de voir les côtés positifs de leur rôle de mère et donc de leur enfant. Elles admettent éprouver de l’ennui, de la gêne, de l’indifférence et parfois même un certain dégoût.
Naturellement pour un enfant, confronté à l’indifférence ou au rejet de sa mère, la douleur peut être forte et le traumatisme, puissant et long à guérir. Ne pas pouvoir créer de relation mère-enfant basée sur l’amour et la sécurité affective, c’est démarrer dans la vie comme amputé d’une partie de soi-même. De sa confiance en soi en tout cas.
« Longtemps, je me suis dit que ma mère m’aimait mais qu’elle ne savait tout simplement pas me le montrer » nous confie Éric. « C’est une femme froide, autoritaire, distante, c’est vrai. Avec tout le monde, mon père, mon frère et moi, la famille en général. J’étais habitué à ce qu’elle ne nous dise jamais de mots gentils, je n’ai pas souvenir de ses câlins ou de bisous guérisseurs si je me faisais mal. J’ai grandi ainsi. En devenant père à mon tour, en voyant ma femme avec nos enfants, j’ai pris conscience du manque d’amour que j’ai en tant que fils depuis toujours. Et j’ai réalisé que si elle m’aimait à sa façon, elle n’avait jamais partagé cet amour. J’en ai souffert longtemps. Aujourd’hui, ça va mieux, mais j’admets avoir au fond de moi beaucoup de déception et de tristesse par rapport à ma mère ».
Peut-on expliquer les raisons du désamour d’une mère pour son enfant ?
Pourquoi un tel manque d’amour maternel de la part de certaines mères ? Comment expliquer cette forme d’indifférence ou de rejet ?
Un rôle non-épanouissant pour certaines mères
La naissance d’un enfant n’est pas toujours une source de joie complète. Elle peut être perçue autrement, avec difficultés, en raison des nombreux changements qu’elle engendre. En effet, une femme qui devient mère est soudainement catapultée dans un rôle inconnu. On dit que la grossesse laisse le temps à la maman de se préparer ou encore que le rôle de mère est instinctif et naturel. Si c’est vrai pour beaucoup d’entre elles, cela ne l’est pas pour toutes. Certaines femmes ne se projettent pas dans un rôle de mère avec le même lâcher prise ou la même confiance.
Par définition une mère est une femme qui donne davantage qu’elle ne reçoit et cela peut être difficile à accepter. Certains y voient un sacrifice de leur identité ou de leur liberté et elles ne parviennent pas à s’épanouir dans ce rôle ou à l’équilibrer.
C’est le cas de Jeanne donc, qui nous explique :
« Le quotidien de maman, une vie routinière, rythmée par l’école et les devoirs, les allers-retours, les rendez-vous médicaux et scolaires, tout cela m’a vite ennuyée. Pire, je ne voyais pas quelle source de joie on pouvait en retirer. J’ai eu l’impression d’avoir perdu un temps précieux, des années de ma vie, à me sacrifier pour mon enfant et à m’oublier. »
Le poids du passé familial
On peut trouver des raisons à ce comportement dans le passé familial de la maman. Si elle n’a pas été aimée petite, elle peut avoir du mal à donner de l’amour à son tour. La naissance d’un enfant fait rejaillir des blessures parfois très enfouies et ravivent des sentiments que l’on croyait pouvoir contrôler jusque-là.
Autre raison possible : la dépression post-partum
Sans en être la raison principale, cette dépression représente un risque dans la construction de la relation mère-enfant. L’effet de la dépression postpartum sur les émotions et le comportement des nouvelles mamans est en effet très réel.
Une jalousie envers son enfant
Une mère jalouse de son enfant, c’est possible ? Et bien oui. Un parent avec un bagage psychique plus ou moins lourd, en tout cas non-réglé (manque de confiance, enfance dans une famille toxique, possessivité…) risque de considérer son enfant comme un concurrent. Ce petit être qui accapare l’attention du conjoint, de l’entourage crée un sentiment de jalousie, réveille le manque de confiance en soi et explique un possible rejet.
Une femme qui devient mère est-elle forcément une femme qui s’oublie ?
L’épuisement des mères et leur charge mentale sont des sujets qu’on explore de plus en plus. Pas seulement des sujets d’ailleurs, mais des réalités de vie. L’isolement des mamans, la multiplication des familles monoparentales avec souvent la mère comme chef de famille, l’ennui, les angoisses incessantes, le stress…
Tous ces facteurs donnent à beaucoup de mères des raisons de douter de leur maternité. Elles se sentent mises de côté, asservies à ce rôle, dans un sacrifice qui leur a fait perdre une partie de leur insouciance et de leur liberté. Et donc de leur vie. L’amour maternel peut alors être sérieusement remis en question pour ces mères à bout de forces, de souffle, à bout de leur rôle.
« Est-ce que j’ai l’impression d’avoir sacrifié une grande partie de la femme en moi à cause de mon rôle de mère ? Oui, pendant des années », nous avoue Mathilde. « J’ai donné tellement de mon énergie et de mon temps qu’il ne m’en restait plus pour moi. Comme si la vie de mon enfant s’épanouissait au prix de la mienne. Je sais que j’ai raté quelque chose, mais je n’ai pas su comment faire autrement. »
Ces femmes qui n’aiment pas leurs enfants : mères désillusion ou mères sans amour ?
Instinct maternel, amour maternel, puissance du lien mère-enfant. La maternité est quelque chose de beau, c’est indéniable. Mais cela a tellement été sacralisé, institué comme une norme à respecter qu’il est difficile pour certaines mères qui ne s’y reconnaissent pas de l’avouer.
Ne pas rentrer dans ce moule, c’est tabou encore pour beaucoup de femmes qui n’osent évoquer leur regret maternel.
Une mère qui n’aime pas son enfant, est-ce une mère qui a perdu ses illusions sur la maternité ou une femme qui est vraiment incapable de ressentir un sentiment fort pour la chair de sa chair ?
On parle de mère désillusion dans cette logique de regret maternel. Ces femmes qui ne s’épanouissent pas dans leur rôle de mère, qui éprouvent donc une forte déception entre ce qu’on dit de la maternité et comment elles la vivent concrètement.
Ce sont souvent ces mamans qui témoignent en disant « J’aime mes enfants, mais… » comme si elles devaient se justifier, prouver leur amour malgré leur regret d’être devenues mères. Car elles savent qu’un tel aveu est souvent incompris et trop jugé.
La maternité est en effet perçue comme une sorte de vocation pour les femmes. C’est encore vu comme une chose naturelle, pour une femme, de devenir mère.
Alors imaginez la difficulté pour une mère qui n’aime pas son enfant de l’avouer au grand jour. Cela ne veut pas dire qu’elle le déteste, qu’elle lui veut du mal ou qu’elle lui en fera, non, c’est juste que le lien quasi mystique dont tout le monde parle entre une mère et son enfant n’opère pas chez certaines femmes. Elles aiment leurs enfants en tant qu’être humains mais ces femmes qui n’aiment pas leurs enfants ne ressentent pas un amour maternel décrit comme puissant, plus fort que tout, inconditionnel.
Tout fait vécu comme une déception de ne pas avoir vu cet amour si inconditionnel comme comme cela semblait être automatique !
Désillusion tout à fait pour moi!!
Attention, l article base trop le regret avec le manque d amour. Beaucoup de femmes sont dans le regret de ce choix maternité mais aiment indéniablement leurs enfants
Oui .. moi .. j’aime ma fille .. plus que tout .. et je donnerai ma vie pour elle … mais justement … à sa venue .. j’ai perdu toute mon insouciance… et dieu seul sait à quel point l’insouciance est presque primordiale pour être heureuse dans ce monde actuel … depuis sa venue .. j’ai presque perdu ma joie de vivre ..!! Tellement j’ai peur de tout pour elle .. .. alors oui .. je me suis déjà dis .. avec une certaine honte … que j’étais plus heureuse avant … et si j’avais su….