Vous aussi vous le connaissez, ce vide ? Le vide après que votre vie ait été remplie de quelqu’un ? Vous aussi vous avez du mal à le supporter ? Ce vide qui ronge, qui empêche de rester concentré. Ce vide qui vous rappelle que vous êtes seul, définitivement seul. Ce vide qui vous dit que vous êtes né seul, et que vous mourrez seul. Je tente de m’occuper l’esprit pour éviter d’avoir à trop penser, pour m’éviter de souffrir, mais le vide me rattrape. Il revient m’envahir, me tire comme une bête monstrueuse au fond de la grotte alors que j’essaie de m’en sortir. C’est un combat. Je lutte. Je lutte du mieux que je peux. Mais il m’attire vers le fond, comme le crocodile attrape sa proie et l’amène au fond de l’eau pour la noyer puis la dévorer. Le vide me dévore. Il est vorace. Cruel. Et je ne suis que sa victime, frêle, sans défense. Il est plus puissant que moi. Je n’ai plus le choix que de me laisser entraîner vers le noir. J’ai assez lutté.
Je me laisse charmer par le vide, mais je n’ai pas mal. Non je n’ai pas mal. Je m’ennuie, me dirigeant vers le brouillard angoissant, mais je n’ai pas mal. Mon cœur s’est résigné à vivre dans la noirceur. Dans l’obscurité. Il sait qu’il ne verra plus jamais la lumière, comme avant. Alors tant pis, je descends chaque jour un peu plus vers les ténèbres, et puisque je n’ai plus la force pour d’autres choses, puisque je ne sais plus vivre dans ce monde, puisque je n’attends plus rien des autres, je continuerai à descendre jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des miettes de moi. Et tant pis. Le vide m’aura détruit.