Notre culture a toujours été marquée par ce qui s’apparente à être le fondement de notre socle familial, un amour unique, fort et indéfectible. C’est ici un modèle très chrétien qui s’est imprimé au fil des siècles, des récits de Tristan et Iseult, aux contes pour enfants avec ses princesses et ses princes en passant aujourd’hui aux comédies romantiques. Tous ces récits ont un point commun : le coup de foudre. Il suffirait d’un regard, un seul, pour savoir que l’on a rencontré l’être aimé. Ce mythe, inscrit dans notre inconscient, pousse un grand nombre de personnes à vouloir absolument l’atteindre. Mais le coup de foudre existe-t-il réellement ? Ne doit-on pas plutôt parler de compatibilité ?
Le coup de foudre à l’épreuve de la pensée cartésienne
De Descartes on retient la fameuse formule « Cogito, ergo sum », je pense donc je suis. Dans le « je suis », il faut comprendre avoir conscience d’être, d’exister. La raison cartésienne veut que les choix de l’Homme font de lui ce qu’il est, c’est parce qu’il fait des choix, qu’il s’interroge, qu’il est un Homme. Dans sa pensée métaphysique, Descartes oppose donc à l’Homme, « l’animal-machine ». L’animal agirait de façon mécanique, manger, dormir, se reproduire. Il ne fait pas de choix, c’est la nature qui lui ordonne. Si l’on croit au coup de foudre, cela voudrait dire qu’une réaction chimique nous ordonne d’aimer une autre personne car elle serait la bonne. Nous ne sommes pas ici sur un choix humain mais sur un raisonnement mécanique, un animal-machine. Le coup de foudre ne serait pas le propre de l’Homme mais bien de l’animal.
D’un point de vue mathématique, une probabilité infime
Si d’un point de vue cartésien le coup de foudre n’est pas une vérité en soi, d’un point de vue mathématique cela parait encore moins probable. Il y aurait donc sur Terre forcément une personne faite pour vous. Nous somme 7,5 milliards de personnes, à cela il faut enlever les personnes qui ne sont pas de votre orientation sexuelle, les personnes trop âgées, celles trop jeunes… Le nombre se réduit considérablement, il faut en plus prendre en compte le fait que si cette personne existe, il est possible qu’elle habite à l’autre bout de la planète. On peut aussi prendre en compte l’humanité dans sa globalité temporelle. C’est-à-dire que si la personne idéale pour vous existe, elle a peut-être déjà existée ou peut être naîtra-t-elle dans plusieurs siècles. Dans ce cas, la probabilité du coup de foudre est prise au piège dans le spatio-temporel.
La compatibilité, le propre de l’humain
Revenons à la pensée cartésienne : l’Homme existe car il fait des choix. On peut donc très bien rencontrer une personne, ne pas être idéalement fait pour elle et tout de même faire le choix de vouloir la revoir. N’est-ce finalement pas une plus grande preuve de désir et d’amour ? Face à la mécanique implacable du coup de foudre s’oppose celle de la raison et du choix sentimental. Si aujourd’hui des sites de rencontres comme Parship proposent de vous aider à trouver quelqu’un qui peut vous correspondre à l’aide d’algorithmes, on ne vous vend pas le coup de foudre. On vous propose une possible compatibilité, car aimer c’est s’adapter.
Le coup de foudre est un mythe aussi vieux que nos croyances, bâti pour les renforcer. Mais existe-t-il réellement ? C’est peu probable mais cela ne veut pas dire que l’amour n’existe pas, bien au contraire. Il existe grâce au propre de l’Homme, la capacité de faire des choix réfléchis et de s’adapter. Compatible l’un pour l’autre vaut mieux que fait l’un pour l’autre.