Qu’est-ce que la dating fatigue ? Un énième anglicisme dans ce vocabulaire de la séduction moderne et virtuel ? Un syndrome subi par les célibataires ? C’est en fait le ras-le-bol des célibataires (les vrais) vis-à-vis des rencontres notamment via des sites et applications. Ce ras-le-bol des mauvaises surprises, cette défiance à l’égard des algorithmes des sites et applications en ligne et ce refus de payer (surtout pour les hommes) et de perdre son temps (pour tous) dans des rencontres qui ne donnent rien. Y a-t-il un ras le bol de l’amour 2.0 ? On dirait que oui, et ce phénomène s’appelle la dating fatigue. A l’heure du virtuel à tout va, il semble qu’une lassitude s’installe à faire des rencontres. La plupart des célibataires n’y croient plus vraiment.
Dating fatigue : un ras-le-bol des rencontres ?
Sur les sites et applications de rencontres, seuls 51 % des profils mis en ligne seraient fiables. Et nombre de personnes inscrites ne rechercheraient pas une relation stable. A peine plus d’un profil sur deux donc. D’ailleurs, nombreux sont les non-célibataires inscrits sur ces sites, venus assouvir leur envie d’infidélité virtuelle ou de double vie.
Ajoutez à cela les fameux algorithmes qui déshumanisent la rencontre, les faux profils, le côté business de la rencontre amoureuse… Vous comprendrez pourquoi ce ras-le-bol se fait de plus en plus sentir !
La dating fatigue, c’est « une nouvelle version de la mélancolie amoureuse du 21ème siècle, c’est le sentiment de lassitude de toute une génération quant au cynisme imposé dans les rapports amoureux, affectifs et s.e.xuels. Une perte d’espoir et d’enthousiasme, le sentiment de son propre cœur qui se durcit. »
Ces mots sont ceux de Judith Duportail qui a publié le livre Dating Fatigue. Amours et solitudes dans les années (20)20 et qui avait déjà écrit L’Amour sous algorithme, sorte d’enquête sur les coulisses de Tinder.
Elle analyse ainsi ce phénomène comme une nouvelle version de la mélancolie amoureuse et c’est assez juste. Une émotion qui oscille entre lassitude et espoir.
La dating fatigue c’est un épuisement face aux rencontres qui ne mènent à rien. Elle touche de plus en plus de personnes.
Après des dizaines de messages en ligne, de rencontres parfois qui ne donnent rien, c’est l’idée qu’on ne rencontrera jamais personne de bien, personne qui ne soit fait pour soi, qui va nous aimer et qu’on aimera. Mais malgré cette sensation, on ne peut s’empêcher de retourner sur telle ou telle application, « juste au cas où », car il subsiste un minuscule espoir.
La dating fatigue, c’est ce paradoxe, cette hésitation en quelque sorte mais surtout l’idée que la drague, la séduction a quelque chose d’un peu vain.
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La dating fatigue, c’est ce dilemme.
On espère LA rencontre, on met beaucoup d’espoir dans le prochain rendez-vous. On se dit « cette fois, c’est le bon/la bonne » et bim, on retombe sur le même scénario. Date foireuse, rien à se dire, grand écart avec le virtuel. Ou alors une soirée, une nuit parfois et puis s’en va, le ghosting fait le reste.
C’est quand on se répète que la prochaine fois, on ne se laissera pas avoir. On ira sans rien espérer, on prendra de la distance, son temps, on ne s’emballera surtout pas. Mais alors, si on se renferme trop, si on n’ose pas, ne risque‑t‑on pas de passer à côté de quelque chose ? De la belle histoire d’amour qu’on espère depuis si longtemps ? Alors on tente encore une fois, une dernière fois. Et ça recommence… Jusqu’à la suivante ?
Et alors pour la 3e, 5e, 10e, 100e fois, on revit le même ascenseur émotionnel, entre espoir, projection, ghosting et déception.
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L’image du couple, le cœur du problème ?
Le couple est à la fois vu comme une obligation dont on veut s’affranchir pour certains et comme le Graal pour d’autres. Le problème ? C’est que se rencontrent via ces sites des personnes qui ne veulent pas la même chose. Qui mentent sur leurs véritables intentions, qui font semblant, qui jouent ou encore qui comblent un manque affectif. Comme si la sincérité était devenue une tare et être soi-même, has been, tant la version Instagram de soi-même semble plus intéressante. S’inventer une vie, voilà la tendance actuelle.
Le célibat est devenu un business à tel point que les célibataires pensent que c’est normal de jouer avec leur statut.
Résultat, le nombre de célibataires n’a jamais été aussi élevé. Selon l’INSEE, près de 14 millions de personnes vivent seules en France et le nombre de célibataires a plus que doublé en trente ans.
La solitude actuelle est une sorte d’errance entre relations floues et sans prise de tête, désert affectif et jeu de séduction malsain.
En fait, la possibilité de rencontrer tellement de monde, cette nouvelle liberté offerte par le virtuel a ouvert un champ des possibles relationnels, qui est malheureusement devenu un risque. Pourquoi ? Car c’est la loi de la jungle qui prédomine et non pas les bons sentiments.
Dans cette fausse course à l’amour, seuls la surconsommation et l’égocentrisme semblent gagner. Résultat ? Des célibataires désabusés, lassés, qui perdent peu à peu leurs illusions et l’espoir de trouver l’amour.
C’est un épuisement mental d’un nouveau genre, une forme d’épuisement émotionnel même. Voilà comment on peut résumer la dating fatigue. Avant on parlait d’amour en toute sincérité, aujourd’hui, on joue avec. Et certains n’en peuvent plus.
C’est ce qui conditionne la vie et fait la réalité de millions de célibataires aujourd’hui. La bonne nouvelle ? Ce ras-le-bol va peut-être permettre de revenir à soi et d’être heureux dans son célibat, tout en revenant à ce qui fait le cœur des rencontres, l’amour.
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