Je ne m’attendais à rien de particulier en ouvrant ce livre et encore moins aux horreurs innommables qui m’attendaient ! Un roman cru, sombre, sordide même, à mi-chemin entre le thriller et le roman hyperréaliste. Un mixte des deux qui peut aller jusqu’à donner la nausée. Et pourtant, j’ai aimé Débâcle. Oui.
Débâcle de Lize Spit : Résumé
La même année qu’Eva sont nés deux garçons dans le petit village flamand de Bovenmeer. Les « trois mousquetaires » sont inséparables, mais à l’adolescence leurs rapports se fissurent. Un été de canicule, les deux garçons conçoivent un plan : faire se déshabiller devant eux les plus jolies filles du village, et plus si possible. Pour cela, ils imaginent un stratagème : la candidate devra résoudre une énigme en posant des questions ; à chaque erreur, elle devra enlever un de ses vêtements. Eva doit fournir l’énigme et servir d’arbitre si elle veut rester dans le groupe. Elle accepte, sans savoir encore que cet « été meurtrier » la marquera à jamais. Treize ans plus tard, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un bloc de glace dans son coffre. Cette fois, c’est elle qui a un plan.
Immense succès de librairie et premier roman qui a valu à son auteur les plus grands éloges, Débâcle est un roman choc, servi par une écriture hyperréaliste et intransigeante. Une expérience de lecture inoubliable.
Débâcle de Lize Spit : Mon avis
C’est l’histoire d’Eva, une jeune flamande originaire d’un village de Campine en Belgique et issue d’une famille digne des pires cas-sociaux. Un père et une mère ivrognes et suicidaires, une soeur anorexique et pleine de TOCs, un frère obsédé par la dissection d’insectes et deux « amis » prêts à tout pour le pire.
Trois fils narratifs s’alternent tissant une trame qui ne révèle son tragique dénouement qu’au trois tiers du roman. On passe donc de la vie d’Eva actuelle, en 2015, racontée en détails au présent, à l’été 2002 où le drame s’est passé. Entre deux, nous avons un troisième fil narratif qui nous dévoile des anecdotes par-ci par-là de la vie, d’une tristesse infinie, d’Eva.
C’est en fait le roman de la vengeance, des représailles d’Eva d’un été caniculaire et poisseux lors duquel elle a subi l’impensable.
Une boucherie. C’est l’image qui me reste quand je ferme les yeux et que je repense à Débâcle. D’où mon choix d’arrière plan pour l’image de couverture…
Ce roman est d’une violence inouïe. Si j’ai pu trouver la première partie un peu longue car je ne comprenais pas bien où l’auteure nous emmenait, d’un coup, on est pris de vertige, le coeur qui bat, l’envie de vomir, les larmes qui montent. On est sidérés devant tant d’horreurs.
Ce roman est d’une tristesse infinie, il retranscrit très justement la vie d’un village isolé où il ne se passe jamais rien, l’ennui des vacances d’été pour des enfants qui restent là, la cruauté inqualifiable des adolescents, la violence hors norme qui se produit parfois, la souffrance si aigüe qu’elle en devient indicible.
Un roman coup de poing que je déconseille aux personnes trop sensibles !
Débâcle de Lize Spit : Quelques extraits :
Les gens qui veulent partir n’importe où ne cherchent pas forcément à se retrouver ailleurs, ils veulent juste ne pas rester là où ils sont.
J’ai lu il n’y a pas si longtemps qu’un fumeur pourrait se payer des vacances chaque année rien qu’avec l’argent dépensé en cigarettes. Personne ne cherche à savoir s’il y a aussi des gens qui fument pour ne pas avoir à partir en voyage avec leur famille.
Grandir, c’est se remettre de l’idée qu’on peut devenir qui on veut, choisir n’importe quel métier …