Agnès Martin-Lugand est une auteure que je lis avec plaisir chaque été : non ce n’est pas de la grande littérature certes, mais ses romans sont doux et brusques, plein de vie et de réflexions personnelles, le genre de réflexions auxquelles on fait tous et toutes face un jour où l’autre. Dans son premier roman, celui qui la fait connaître (et qui a été, au début, auto-édité en ebook), Les gens heureux lisent et boivent du café, je m’étais prise d’affection pour Diane, Felix et Edward. La suite, La vie est facile, ne t’inquiète pas, était tout aussi appréciable. J’ai beaucoup aimé également Entre mes mains le bonheur se faufile, dans lequel Iris, Gabriel et Marthe forment un trio de choc.
Quand on vient de formation littéraire (hypokhâgne/khâgne), qu’on a toujours lu des auteurs incroyables et que notre auteur préféré n’est autre que Balzac, il est parfois difficile d’accepter de lire du contemporain. Agnès Martin-Lugan, tout comme David Foenkinos ou Delphine De Vigan, m’ont réconciliée avec les lectures de mon temps.
C’est sur les plages de Cavalaire, dans le Sud de la France que j’ai lu son dernier livre : Désolée, je suis attendue.
Résumé :
Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d’affaires sans jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle, l’adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis qui s’inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu’on lui adresse, elle a simplement l’impression d’avoir fait un autre choix, animée d’une volonté farouche de réussir.
Mais le monde qu’elle s’est créé pourrait vaciller face aux fantômes du passé.
Mon avis (attention Spoiler) :
Au début, j’ai pris peur : je voyais les grosses ficelles tirées, à peine les trois premières pages lues, j’avais la sensation de connaître la fin. Et, à un détail près (l’association), j’avais vu tout juste. Sauf que, même si on voit venir presque tout… Agnès Martin-Lugan a un don pour manier le suspens amoureux, on a beau connaître la fin dans notre imaginaire, chaque étape nous bouleverse. A la lecture de chacun de ses livres, j’ai ri et pleuré. Dans celui-ci, je me suis retrouvée moi-même plus que d’ordinaire. Même si c’est caricatural de me comparer à Yaël, je me reconnaissais dans ce « Désolée, je suis attendue, j’ai du travail », le nombre de dîners, de soirées, d’apéros que je dois refuser car je termine tard le soir, les excuses pour le weekend quand personne ne comprend que je dois bosser le dimanche car je ne suis pas salariée, les anniversaires que j’ai loupés pour des imprévus… Bref, Yaël m’a rappelé à moi et m’a rappelé l’importance de la « vie », des valeurs telles que l’amitié et la famille.
Un brin agaçante au début, Yaël est un personnage plutôt complexe tiraillée par son ambition et ses envies de créer une famille, de se laisser aller à l’amour. On a parfois envie de dire « mais quelle chieuse, elle a tout pour être heureuse et elle se plaint » mais on la comprend quand même, son extrême solitude malgré son entourage chaleureux nous touche. Les romans d’Agnès sont toujours colorés d’histoires amoureuses, j’ai beaucoup aimé ce bouquin qui se recentre pas mal sur le monde professionnel.
J’ai parfois eu peur : à un moment, j’ai pensé à la fin plus que facile du style « son patron, Bertrand, est un cinglé qui bosse trop et qui lui en demande trop, qui n’a que son boulot dans la vie. Yaël va choisir une petite vie peinarde avec Marc et se barrer de son job« . Vous savez, le bon vieux méchant patron avec sa petite employée fragile : méchant le patron, comme toujours ! Mais non, Bertrand aussi est complexe, en véritable patron équilibré, il mène tout de front, aussi bien son travail que sa vie sentimentale. C’est ça que j’ai particulièrement apprécié. J’avais peur des gros clichés servis sur la table.
Bien sûr, il s’agit d’un « vrai » roman, la vie de Yaël fait un peu rêver : elle a un boulot qui lui plaît, elle gagne plus que bien sa vie, ses parents ont assez d’argent pour avoir acheté une maison de vacances, elle n’a jamais perdu de vue sa bande de toujours et son histoire d’amour fait clairement rêver. Vu comme ça, on se dit que c’est un peu simple, et je l’ai pensé plusieurs fois, en mode « les problèmes d’une riche« . Pourtant, le roman est porté sur les sacrifices à faire, les tiraillements incessants : comment faire pour satisfaire tout le monde ?
Ce roman, comme les trois précédents, est aussi et surtout une réflexion sur le bonheur : accepter le bonheur quand il s’offre à nous, ce n’est pas toujours chose simple.
Ah et pour finir, j’ai beaucoup apprécié le fait de retrouver des personnes (Iris et Gabriel) de son dernier roman Entre mes mains, le bonheur se faufile !
Embarquez-vous dans cette jolie histoire, n’oubliez pas les mouchoirs !
Extraits :
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Si vous l’avez lu, j’ai hâte de recueillir vos commentaires 🙂
Léa,
En temps que grande fan d’Agnes Martin Lugand, et ceux depuis son premier roman, cela me fait d’autant plus plaisir de savoir que ces œuvres peuvent toucher le plus grand nombre de lecteurs.
Au début je me suis dis que ce genre de romans étaient parfait pour mon genre de lectrice que je suis: lectrice rare (je n’ai réussis qu’à finir les romans d’Agnes Martin Lugand et ceux de Mary Higgins Clark) a l’opposé de toi! Comme pour les films d’auteurs où je ne m’y reconnais pas du tout ! Agnes Martin Lugand a su mettre tout le monde d’accord ! Cest tres appréciable, surtout lorsque tu partages les mêmes sentiments.
Si je pouvais remonter le temps pour ne jamais les avoir lu et les découvrir comme je les ai découvert, je le ferai!
Jai hate de rire de pleurer et de m’attacher de nouveau face à ces si belles histoires.
Claire
Oui moi aussi j’aimerais ne pas les avoir lus pour pouvoir me régaler à nouveau ! Je ne peux même pas dire celui que j’ai préféré…Pour certains c’est trop « mainstream », trop « simpliste », moi elle me fait décoller à chaque fois ! Je ne sais si tu as déjà lu Delphine De Vigan mais si ce n’est pas le cas, tu devrais peut-être lire « Rien ne s’oppose à la nuit », je pense que tu vas aimer si tu aimes Agnès ML 🙂