Pourquoi dire non à son enfant peut parfois être difficile ? Question d’éducation ou au contraire de lâcher prise ? Pas l’envie de les attrister, ou la volonté assumée de vouloir avoir la « paix » ? Cela répond souvent à une peur, enfouie, imaginée mais pourtant bien ancrée : celle de ne plus être aimé de son enfant, de fragiliser le lien, d’être jugé comme mauvais parent, ou encore de prendre une décision qui va amener à un potentiel conflit. Pourtant, dire « non » permet de s’affirmer et de garder un équilibre, en donnant à ses enfants un exemple à imiter pour oser dire « non » avec diplomatie, parfois sans même le prononcer tel quel. Alors comment faire ? Comment dire non à son enfant sans dire non ? Voici 6 façons de se faire respecter sans dire non à ses enfants.
Dire non à son enfant sans dire non : 6 façons de se faire respecter sans dire non
#1 Un non peut être doux et ludique
Non… Ce petit mot de rien du tout, de trois lettres peut avoir un poids considérable et est trop souvent utilisé comme une arme. Mais un non n’a pas besoin d’être dur. En fait, vous pouvez le prononcer avec douceur, tout en conservant votre autorité parentale. Pour cela, il suffit de le dire en se mettant à la hauteur de son enfant (selon son âge), en maintenant le contact visuel et sans crier ou hausser fort le ton.
Dans un sens, il faut simplement se réapproprier le mot « non », en le faisant passer d’une limite stricte à quelque chose de plus léger, de communicatif, de ludique, tout en maintenant une limite ferme. C’est cette limite claire, plutôt qu’un vague « on verra tout à l’heure, peut-être demain », qui permet à l’enfant d’accéder à ses sentiments.
Un non n’a pas besoin d’être sévère pour être efficace ; ainsi il n’est pas nécessaire de l’éviter.
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#2 Dire non à son enfant sans dire non : la solution de rechange
Une solution courante est celle dite de rechange ou du contournement, souvent utilisée par les parents. La fixation de limites est un « contournement ». Comme nous l’avons vu en introduction, souvent, nous ne voulons pas faire face à la colère de notre enfant, alors nous nous arrangeons pour lui dire non qui introduit presque toujours un « mais » ou un « sinon ». Il s’agit presque d’un pot-de-vin émotionnel, on peut parler d’une forme de chantage.
Cela ressemble à quelque chose comme « Si tu arrêtes de crier/pleurer/négocier, je te donnerai ça plus tard ». On n’en est pas forcément fiers et pourtant quel parent ne l’a jamais expérimenté ?
Attention à cette solution de rechange du « non mais/sinon » qui est en fait plus un « si tu arrêtes de… alors tu pourras/auras… » car cela résonne comme un « oui » chez votre enfant, qui verra dans ce contournement une possibilité de limites à dépasser et l’ouverture de négociations sans fin !
#3 Les phrases pleines d’empathie
Le non étant perçu comme une interdiction forte, il peut être bien de le remplacer par une phrase qui va justifier votre refus. Elle peut être négative ou justifier votre décision par des arguments qui montrent que votre décision est motivée par le bien-être de votre enfant. En effet, pour un enfant, lui dire non, c’est l’empêcher de faire quelque chose qui lui fait envie, là tout de suite. Un enfant est dans l’immédiateté, il n’a pas la notion du temps, des priorités, du bien et du mal et du danger comme un adulte. Expliquer votre refus plutôt qu’asséner un non comme une fin de non-recevoir est une solution efficace.
Exemples :
- Je ne peux pas te laisser faire ça. C’est dangereux pour toi, tu pourrais te faire mal.
- C’est l’heure de partir, tu rejoueras demain.
- C’est l’heure de dormir, si tu ne dors pas assez tu seras trop fatigué pour jouer.
- Ce n’est pas à toi, tu dois le rendre sinon il/elle va être triste.
- Tu ne peux pas en avoir un autre, ça va te donner mal au ventre.
- Je suis occupée à finir ça mais je te le donne/je t’aide dans 5 minutes.
- On prendra un goûter bientôt. Pas de chips/bonbons maintenant.
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Dire non à son enfant sans dire non : 3 autres façons de se faire respecter sans dire non
#4 Les solutions d’alternative « diplomatiques »
Être parent, c’est apprendre tous les jours un nouveau rôle ou presque. Et parfois on se dit qu’on pourrait se lancer dans une carrière de négociateur ou de diplomate ! En effet certaines phrases permettent de contourner le « non » en proposant une alternative. Il ne s’agit pas de solution de rechange car on ne cède pas à un chantage et on ne se contente pas d’expliquer son non. Là, on propose concrètement une autre solution pour éviter la frustration et montrer que dans la vie, des solutions sont possibles pour sortir d’une situation en mettant tout le monde d’accord. Cela permet une bonne communication.
Exemples :
- « Je ne suis pas d’accord et je préfère… » : le message « je » et proposer une alternative sont des moyens efficaces de dire « non » sans dire « non » !
- « À la place, tu peux faire ceci ou cela. » : les choix placent l’enfant au centre de son apprentissage et l’entrainent à prendre des décisions.
- « Regarde, tu as le droit de jouer ici » : attirer l’attention sur ce qui est autorisé (avec des gestes simples). De plus, le non-verbal est préférable aux longs discours.
- « Je suis la brosse à dents. J’adore brosser des dents pour les faire briller ! » : faire parler les objets, prendre une voix amusante sont des moyens de collaborer dans la bonne humeur.
- « Oui à cela » : au lieu de dire « non », nous pouvons rechercher le oui. Non pour la tablette, oui pour faire un jeu de société.
- « Quelle est la règle ? » : les enfants aiment les règles et les préfèrent aux interdits. Ainsi, fixez des règles avec votre enfant, et rappelez-lui.
- « Je comprends quand tu parles sans crier » : dire ce que nous souhaitons, tout simplement.
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#5 La technique de la diversion pour dire non à son enfant sans dire non
Vous avez essayé plusieurs solutions et cela ne fonctionne pas ? Ou vous savez que votre enfant a la tête dure et que pour sortir de cette situation, le mieux est de l’amener vers autre chose ? Faites diversion ! La technique de la diversion marche souvent, ainsi vous n’allez pas vous époumoner à dire non et lui ne pensera même plus à insister. Il veut plus de bonbons, d’écran ? Il négocie pour ranger sa chambre, faire ses devoirs ? Détournez son attention en lui parlant d’une chose positive qui va l’intéresser et lui faire oublier l’objet de sa frustration, son caprice ou son obsession du moment.
Exemples :
- « A propos, tu ne voulais pas inviter un copain samedi ? »
- « C’est bientôt l’anniversaire de mamie, as-tu déjà pensé à son cadeau ? »
Sinon, enchaîner sur une suggestion d’action qu’il n’aime pas trop peut avoir l’effet salutaire de le faire abandonner de lui-même, voire de le faire quitter la pièce pour éviter la corvée !
- « Tu viens m’aider à préparer la salade ? »
- « Au fait, as-tu fini tes devoirs ? »
C’est une bonne tactique pour venir à bout de son insistance, à utiliser avec modération pour qu’il ne comprenne pas votre subterfuge !
#6 Bonus : la solution du « oui mais » à utiliser avec modération
Avoir de l’autorité, ce n’est pas nécessairement dire non tout le temps, à tout. Quand c’est possible, autant dire oui à ses enfants, avec le fameux « mais » qui conditionne l’autorisation donnée. Cela permet à votre enfant de se responsabiliser, de saisir l’enjeu tout en ayant l’impression d’avoir gain de cause. Et vous, cela vous permet de l’amener doucement mais sûrement mais une bonne communication en lui faisant comprendre par lui-même qu’il y a parfois des règles ou des conditions au jeu. Cela permet aussi de ne plus céder à un caprice. D’ailleurs, s’il comprend ce qu’il a à gagner d’un tel échange, il fera de moins en moins de caprices.
Exemples :
- « Je peux aller jouer au foot ? – Oui bien sûr, dès que tu as fini de manger. »
- « Maman, on peut se regarder un film tous ensemble ? – Avec plaisir, mais on vérifie d’abord que les devoirs sont terminés. »
- « Je peux prendre un chocolat ? – Si tu en prends un maintenant, tu n’en auras pas au goûter. »