Tout le monde peut écrire, j’en suis intimement convaincue. Encore faut-il trouver le temps de le faire ! C’est pour j’ai décidé de créer des ateliers d’écriture créative. Ces ateliers permettent de prendre du temps pour soi, de développer son imagination et sa créativité à l’aide de contraintes littéraires que je vous explique et vous propose en début d’atelier. Le but est également de partager cela tous ensemble, j’écris aussi avec vous, je vous aide et on lit nos textes tous ensemble 🙂
Exemple d’exercice d’atelier d’écriture créative :
Un des exercices que j’aime bien proposer est l’écriture d’un texte en lipogramme. Le lipogramme est une figure de style qui consiste à produire un texte d’où sont délibérément exclues certaines lettres. L’exemple le plus parlant est le roman de Perec, « La Disparition » qu’il a écrit entièrement sans la lettre « e » ! Cette méthode vous pousse à trouver sans cesse des synonymes et à développer votre créativité !
Dans l’un des ateliers, j’ai proposé d’écrire un texte qui commence par « Je pars, je prends le bus pour me aller chez ma mère ». Il fallait continuer le texte avec un lipogramme en « i », c’est-à-dire, sans la lettre « i ».
Les participants avaient 15/20 minutes pour cet exercice
Voici deux exemples de compositions.
Le lipogramme en « i » d’Axelle
Je pars, je prends le bus pour aller chez ma mère. C’est par hasard que je le prends tous les jours, sans penser où ça m’emmènera, et pourtant… Ce n’est pas normal jusqu’à ce que l’on se perde sur cette route. Pour aller chez ma mère. Chez maman… Chez elle où tout est présent comme dans mes rêves. Abondant de pensées vastes et perdues dans les profondeurs de mes pleurs, dans cette chambre obscure, couchée dans ma couette. A rêver qu’un jour, mon père sera là. Pour l’adorer, masquant ma douleur profonde de ne pas l’avoir dans mes bras, près de ma joue. Et je prends ce bus, arrêté là-bas.
Le lipogramme en « i » de Thibaut :
Je pars, je prends le bus pour me rendre chez ma mère. Je m’y rends avant tout pour regarder ce pays…Quand je sors du bus, je me rends sans broncher vers la rue où, près de sa porte, elle m’attend. Quel bonheur d’à nouveau parler à maman ! Je ne me rappelle pas de retour chez elle sans que je ne verse une larme.
Comment trouver ces moments heureux ? Un corbeau passa au-dessus de mon épaule, y larguant un cadeau drôle et sale. Quelle grosse marrade ! Hahaha hehehe hohoho
Le lipogramme en « i » de Christelle
Je pars, je prends le bus pour aller chez ma mère. Le temps est maussade, comme les journées passées dans le foyer de mon enfance.
Chez ma mère on parle peu pourtant qu’est-ce qu’on bouffe. Au crépuscule du jour, les odeurs de blanquette ou de choucroute nous poussent à nous lever.
Le lipogramme en « i » de Jean-Baptiste
Je pars, je prends le bus pour me rendre chez ma mère. Je m’engage à travers cette foule oppressante et tente de trouver ma place dans cette cohue sans nom. Je regarde les passagers s’enfermer dans leur monde, pour écarter tout ce que ces personnes transportent avec eux, dans leur tête, dans leurs yeux.
J’appréhende cette rencontre, serrer dans mes bras cette femmes que les heures passées sur cette terre n’ont pas placée sur ma route jusqu’à ce jour. Est-ce qu’elle me ressemble ? Est-ce qu’elle verra en ce garçon de 34 ans un enfant, un homme, un clone semblable à ses semblables ?
La peur me glace le sang. Pourtant, l’attente est à peine supportable. J’enrage de la lenteur de ce bus, de ce conducteur, de ces feux rouges, de la lenteur du temps. Accélère connard ! Je veux retrouve ma mère. Je m’en tape de ce feu vert et du code de la route. Roule !