Faire l’amour sans sentiments n’est pas une nouveauté, ça a toujours existé. Si l’expression est faire « l’amour », il est surtout question, au moins au début, d’attirance physique et de désir. Si l’amour s’invite, c’est encore mieux mais ce n’est pas toujours le cas. Ces dernières années, ces relations que beaucoup disent sans prise de tête semblent s’être « démocratisées ». Avoir des aventures éphémères, des coups d’un soir, un ou une s.e.xfriend est entré dans les mœurs, au masculin comme au féminin. Est-ce dans l’air du temps ? Faire l’amour sans amour : est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Les adeptes dévoilent-t-ils leurs intentions en amont ? Cela peut-il rester sans conséquences ?
Faire l’amour sans amour : bonne ou mauvaise idée ?
Une fausse nouvelle pratique de drague ?
On n’a pas attendu le 21e siècle pour inventer les rapports intimes sans sentiments. Coucher ensemble sans être ensemble n’est pas une nouveauté. D’ailleurs, chacun et chacune est libre de faire ce qu’il veut, tant que c’est dans un rapport consentant et consenti à tous les niveaux avec son partenaire. Que ce soit pour un soir, une nuit ou plusieurs…
Seulement, le problème est là justement, dans les intentions pas toujours bien explicites et honnêtes de la part d’un des deux partenaires.
Si certains assument parfaitement leur statut de célibataire endurci voulant juste s’amuser, sans fausse promesse ni engagement, pour d’autres, la sincérité est plus difficile à assumer.
Le mensonge trop souvent présent
Beaucoup ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins et ils ne sont pas à un mensonge près. Le jeu de la séduction puissance mille, des belles paroles et des mots doux, des promesses en l’air, tout ça pour réussir à mettre dans son lit un homme ou une femme.
Et ensuite ? On tombe dans le scénario tristement répétitif du ghosting ou de la fameuse peur de l’engagement.
Si faire l’amour sans amour, le premier soir, au 3e rendez-vous ou pendant des semaines n’est pas un problème, ce qui l’est, ce sont les mensonges qui accompagnent parfois cette pratique.
Je ne dévoile pas mes intentions mais je ne promets rien non plus : témoignage de Mathieu, 38 ans
« Je suis célibataire depuis plusieurs années maintenant et je n’ai aucune envie de me remettre en couple. J’ai eu deux filles de ma seule relation sérieuse et quand ça s’est terminé, j’ai compris que le couple, ce n’est pas fait pour moi. Les projets, les promesses, vivre ensemble, j’y vois des contraintes à ma liberté. Pas pour tromper, être infidèle, non même pas, c’est juste que je ne sais pas fonctionner à deux au quotidien. Je n’y crois pas tout simplement, alors je préfère profiter du moment présent sans penser à l’avenir. Tomber amoureux, ça m’arrivera peut-être à nouveau mais je n’y crois pas trop, parce que je ne vois pas l’amour comme une priorité.
Quand je rencontre une femme, souvent par une application de rencontres, je vis la chose au feeling.
Si on se plait, qu’on a envie tous les deux, alors le premier soir n’est pas un obstacle. Si elle préfère attendre, pas de problème non plus. En fait, je ne prévois pas à l’avance si je vais la revoir ou pas. Tant qu’on s’entend au lit et qu’on a des choses à se dire, je peux la revoir plusieurs fois. Après, je ne promets rien mais je ne lui mens pas non plus. Si elle me demande ce que je veux, je lui dis la vérité. Beaucoup considèrent peut-être le fait de coucher ensemble comme le début d’une relation, pas moi. Enfin pourquoi pas si on ne s’enferme pas dans l’idée de couple. Mais je me laisse vivre selon l’envie, le feeling et voilà. Pas de fausse promesse ni de mensonges, mais je ne dévoile pas mon jeu d’emblée non plus, je l’avoue. »
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Faire l’amour sans amour : une surconsommation due aux sites de rencontres ?
Les sites de rencontres ne sont pas étrangers à cette façon de faire. Ils sont devenus pour beaucoup un véritable terrain de chasse. Certains n’ont d’ailleurs pas bonne réputation en matière de relations sérieuses. C’est le cas notamment de Tinder, perçu comme un site à « plans d’un soir » pour rester polie, avec son catalogue géant de profils dans un rayon kilométrique proche selon votre recherche.
Ils facilitent la rencontre, faisant du dating un véritable marché en ligne.
« Trop de choix tue le choix » selon les différentes études et analyses qu’on peut en faire. Et cela a un impact direct et conséquent sur le comportement et les relations d’aujourd’hui.
On ne prend plus le temps de faire connaissance et de creuser, les quelques banalités échangées virtuellement assorties aux photos suffisent à valider un rendez-vous ou pas. En face à face, on se jauge et si on valide la rencontre IRL, il n’est pas rare qu’elle finisse par mettre le désir au premier plan. Faire l’amour à tout prix semble pour beaucoup être devenu la finalité du dating.
Je suis adepte du ghosting : témoignage de Kevin, 42 ans
« Ma carrière est ma priorité dans ma vie, avec mes enfants. Je me suis mis en couple très jeune et j’ai eu des enfants tôt. Arrivé à la trentaine, ce schéma ne me convenait plus et j’avais envie de saisir des opportunités professionnelles. Mon métier est une passion, je voyage beaucoup, je rencontre beaucoup de monde et ça me plaît ainsi. Quand je suis chez moi, je profite de mes enfants quand ils sont avec moi. Ma vie personnelle, elle est avant tout familiale, amicale, sociale. Mais elle n’est plus amoureuse ni sentimentale. Je n’ai pas de problème à dire que j’aime mon train de vie, que ma réussite est importante et que j’ai envie d’en profiter. Vivre à 100 à l’heure, faire ce que je veux quand je veux, voilà ma façon de vivre.
Pour autant, je ne suis pas un moine et j’aime les femmes, mais je ne me projette absolument pas dans une vie de couple.
A l’étranger, je fais des rencontres occasionnelles et elles comme moi savons pourquoi nous passons du bon temps ensemble. Mais c’est vrai que je disparais en silence, sans faire de bruit. Je profite du moment présent, et c’est facile puisque je ne suis que de passage.
En France, j’évite de faire des rencontres via mon boulot. Ne pas mélanger travail et plaisir pour rester crédible, c’est important. Alors si j’ai envie de rencontrer une femme, de passer un bon moment ou plusieurs, je vais privilégier les sites de rencontres. Si le feeling passe, j’aime passer rapidement au rendez-vous et les choses se font naturellement ou pas. Je ne suis pas adepte forcément des coups d’un soir mais pour autant je ne cherche pas à m’engager. Mon mode de vie est celui-ci et il me convient. Je ne le cache pas aux femmes que je rencontre et on peut se revoir au gré de mes allers-retours.
Mais je ne veux pas qu’elle se fasse des idées à s’attacher, tomber amoureuse ou pire, devenir dépendante affective. C’est sûrement égoïste mais je l’assume. Alors oui c’est vrai que ça m’arrive de disparaitre histoire de simplifier les choses après quelques rendez-vous. Je suis adepte du ghosting lorsque c’est nécessaire. J’ai trouvé mon équilibre dans mon célibat et faire l’amour sans sentiments en fait partie. »
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Faire l’amour sans amour : un choix et une envie assumés
Pour d’autres au contraire, faire l’amour sans amour est quelque chose d’assumé et ils ne cachent pas leurs intentions. Ils sont au clair avec ça, avec eux-mêmes et avec les autres. Qu’ils n’aient pas envie d’être en couple ou qu’ils n’aient pas encore trouvé le grand amour, ils vivent leur vie de célibataire pleinement, et faire l’amour en fait partie.
Ils sont honnêtes dans leur recherche, leurs intentions, ne promettant pas une relation sérieuse ou même d’autres rendez-vous.
S’ils éprouvent une attirance, alors ils laissent le désir régir la suite de la rencontre si c’est entendu des deux côtés. Pour eux et pour elles, « il n’y a pas de mal à se faire du bien » et le plaisir n’est pas une chose honteuse à cacher ou à laquelle renoncer parce qu’ils sont célibataires.
Je dis les choses clairement : témoignage de Chloé, 29 ans
« On ne va pas se mentir, trouver l’amour aujourd’hui relève presque du miracle ! Non je plaisante, mais disons que ça prend du temps de rencontrer une personne avec qui on a envie de se projeter. Et puis les sentiments semblent plus hésitants quand on a déjà souffert… Je crois que le cœur se méfie. Alors je suis prudente mais surtout j’ai appris à ne pas m’emballer en début de relation. A ne pas m’emballer tout court d’ailleurs. Rencontrer un mec qui me plaît en soirée ou échanger sur un site pour ensuite être déçue, j’ai déjà donné.
On s’enflamme, on espère, on se projette et au final, le décalage est énorme et le premier rendez-vous, au mieux décevant, au pire une catastrophe.
Cela fait donc un moment que je suis célibataire. Bientôt 2 ans depuis ma rupture suite à une relation de presque 3 ans. Dans laquelle je m’étais totalement investie, à vivre ensemble et tout. Après quelques mois à faire mon deuil, j’ai fait de nouvelles rencontres avec au fond de moi l’envie de vivre un vrai truc mais sans y croire totalement. Alors j’y vais doucement et surtout je suis très claire sur ce que je ressens, ce que je veux et ne veux pas. Si le rencard se passe mal, je ne fais pas espérer. Si on va plus loin mais que je sais que c’est juste une envie d’un soir, je le dis. Et si j’ai envie de plus, je prends mon temps.
Faire l’amour sans sentiments ne me pose pas de problème, le désir est quelque chose que j’aime ressentir et le plaisir est important pour moi, célibataire comme en couple. Je n’ai pas fait vœu d’abstinence en me retrouvant célibataire même si je préfère allier l’amour et le plaisir. En attendant, j’assume mes envies avec honnêteté car l’adage Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse, c’est un peu ma philosophie de vie ! »
Le ghosting c’est ce qu’il y a de pire pour la personne ghostée, elle se remet sans cesse en question et se demande ce qu’elle à dit ou fait de mal, et elle fini par se fermer et ne plus vouloir rencontrer personne. Vaut mieux être clair sur ses intentions et dire clairement les choses, c’est toujours mieux une vérité même si elle fait mal plutôt que de ne pas savoir, ou se sentir trahie et ne plus savoir faire confiance.