Le réveil sonne. Encore un matin difficile. Je n’arrive pas à sortir du monde des rêves pour retomber dans la réalité. Je préfère la fuir, l’oublier. Je n’ai pas envie d’émerger, de quitter l’univers de mes songes. Ce monde parallèle où je me sens à l’abri, protégée, comme dans du coton, dans un cocon protecteur. Où je ne souffre plus, où j’ai l’illusion que je peux contrôler ce qui va m’arriver et oublier la réalité, trop difficile à surmonter.
Laissez-moi rêver…
Les images défilent sous mes paupières, le scénario idéal de ma vie se met en place. La scène suivante ne me plaît pas ? Coupée ! Je la supprime, je rembobine le film, je modifie le script, je demande à mon inconscient de dominer mon subconscient pour rester maîtresse de mon monde parfait. Parfaitement virtuel, irréel. Mais dans lequel je ne souffre plus, dans lequel je n’ai pas à affronter la réalité de cette douleur et son intensité.
Mais je n’ai pas le choix. Le réveil continue de sonner, inlassablement. Foutue réalité dans laquelle je dois reprendre pied, à laquelle je dois me confronter. J’ouvre les yeux. Encore une minute. Laissez-moi encore une minute dans le noir complet.
Je prends une profonde inspiration et me lève d’un coup pour ne pas avoir la tentation de replonger sous la couette, et d’y rester.
Faire semblant
Je vais affronter la lumière de cette nouvelle journée qui commence. Me confronter à mon visage dans le miroir. A mon regard surtout, vide d’expressions. Ou plutôt plein d’émotions négatives, sombres, tristes. Où l’espoir a du mal à conserver sa place. Voilà, encore un matin où il faut recommencer.
Faire semblant. Reproduire ce rituel, poser un masque socialement acceptable sur mon visage pour faire illusion, pour donner l’impression que je vais bien. Que tout va bien. Que je ne souffre pas. Que je gère cette douleur sans problème alors qu’en fait elle me tord le ventre, me noue la gorge, m’empêche de respirer. Ne pas pleurer, non surtout pas. Sinon le masque va se fissurer, le fard tomber et je serai mise à nu. Alors il ne faut surtout pas craquer, parce que si je la laisse s’exprimer, cette douleur va m’envahir, me dépasser, m’empêcher d’assumer ma réalité.
Je ne peux pas me le permettre, je n’ai pas le droit, pas le choix. Je dois rester debout, souriante grâce à ce masque, solide grâce à ma carapace et affronter cette journée comme les précédentes et toutes les autres à venir.
Comme si je n’avais pas mal.
Comme si j’étais maîtresse de la situation.
Comme si je contrôlais mon corps, mon cerveau, mon cœur. Mes sensations et mes émotions.
Non je n’ai pas mal. Non je n’ai pas peur. Non je ne suis pas seule. Je dois me répéter ces phrases comme des mantras, peut-être qu’ainsi j’arriverais à m’en persuader.
Je ne suis pas la seule à endurer cela, à souffrir, à voir les jours se répéter sans cesse, mais je ne dois pas laisser cette souffrance gagner. Il ne faut pas et surtout au fond de moi, je ne le veux pas.
Affronter la réalité
Ce serait si tentant, si facile pourtant. De lâcher prise, de se laisser aller à la mélancolie, à la tristesse. De laisser la peur et la douleur prendre toute la place. De me laisser submerger. De me résigner au chagrin, à la solitude, à la souffrance. Au désespoir ?
Oui ce serait si facile de sombrer, de se cacher, de refuser cette réalité. Mais ce serait admettre que cela ne changera jamais.
Que ma vie est déjà toute tracée. Que mon destin est figé.
Que je ne peux rien faire contre cela. Que je dois juste l’accepter et continuer à avancer tel un robot sur une sorte d’autoroute construite par d’autres.
Que les seules options à ma disposition sont forcément tristes, décevantes, douloureuses ?
Que mon avenir est synonyme de solitude et de souffrance ?
A quoi bon alors ? Si tel est le cas, à quoi bon me lever le matin, porter ce masque, me blinder avec cette carapace ? Pourquoi continuer si rien n’est à espérer ?
L’espoir fait vivre
Pourquoi tenir, jour après jour, répéter inlassablement les mêmes gestes, trouver la force de me lever, d’affronter la réalité de la vie, aussi dure soit-elle depuis quelques temps, si ce n’est pour espérer un changement ?
Oui, qu’est-ce qui pousse à continuer tout de même, si ce n’est l’espoir, ne serait-ce qu’une lueur ?
L’expression « l’espoir fait vivre » prend tout son sens quand je réalise cela. Que c’est lui, et la force que j’ai malgré tout encore en moi qui me font rester debout. Que ce n’est en aucun cas le désespoir et la souffrance qui m’aident. Au contraire.
Chaque jour est un combat à mener contre ces émotions négatives, contre cette réalité trop difficile à assumer et à vivre parfois. Contre moi-même en somme.
L’image du démon et de l’ange posé chacun sur une épaule prend toute sa signification métaphorique dans ma réalité. D’un côté, la douleur, la tristesse, la peur, le désespoir parfois, l’impression que tout est vain. De l’autre, la force, l’envie qui demeure, l’espoir malgré tout.
Qui pèse le plus lourd dans la balance ? L’ange ou le démon, l’espoir ou le désespoir ? Agir ou subir, rêver ou vivre ?
C’est difficile de continuer à croire que la vie est un cadeau lorsqu’elle nous envoie de telles épreuves. Quand on est à bout de forces, à bout de souffle. A bout de rêves ?
Et pourtant j’ai envie de me dire que demain est un autre jour, qu’en parallèle de ce combat, il faut essayer d’appliquer ce fameux Carpe diem en profitant de tous ces petits instants de bonheur et de ne jamais arrêter de rêver. Car certains rêves finissent toujours par se réaliser.
Doux rêves.
Il m’est plus facile d’arrêter de voir la réalité en face, de plonger dans mon imagination. Cette vie que je m’imagine, loin de la vie que j’ai actuellement, qui allège ce poids que j’ai dans l’estomac et qui le remplace par les papillons que j’arrive à ressentir.
Retour à la réalité.
Je connais les codes pour me sentir mieux, sortir de la mélancolie, ne pas entrer dans le cercle vicieux. J’ai besoin d’énergie, le négatif m’épuise. Je dois changer.
Relativiser, changer. Minimalisme, même dans les émotions.
bonjour, d’ou vient ce texte ? est ce une invention totale ou est ce que cela est reellement le ressenti de quelqu’un