J’aime aller au cinéma, j’y vais au moins une fois par semaine mais je ne suis pas cinéphile, je vais surtout voir les films grand public qui sortent dans toutes les salles. Toutefois, j’ai eu la chance d’être invitée à voir l’avant-première de Happily Ever After de la réalisatrice Croate Tatjana Božić et je ne fus vraiment mais alors vraiment pas déçue !
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Le film
« Visiter ses ex quand votre couple bat de l’aile? Elle l’a fait. Après avoir enchaîné des relations amoureuses mouvementées et passionnelles, la cinéaste Tatjana Božić décide, caméra au poing, de prendre la route pour retrouver ses anciens amants et comprendre ce qui n’a pas fonctionné. Un road-movie amoureux, décalé et sans concessions à travers l’Europe. » Voici le résumé en peu de mots. Pour moi, ce film est bien plus que cela, il pose des questions, des questions que l’on se pose toutes et tous, des questions que vous me posez chaque jour dans vos mails… Et surtout une question redondante qui nous fait souvent douter : » qu’est-ce qui cloche chez moi ? » « Est-ce moi ou l’autre qui a un problème « ?
Je ne m’attendais pas à autant de profondeur dans ce documentaire dont la problématique première semble sommes toutes assez ordinaire. Tout est très réaliste même si la réalisatrice nous explique après le film que tout n’est pas « vrai », mais qu’est-ce que la vérité vraie ? Durant toute la projection, des images et des vidéos d’elle et de ses ex il y a quelques années… Puis, à l’âge de 45 ans, elle décide d’aller retrouver ses ex qui l’ont le plus marquées. Nous voyageons avec Tatjana à travers l’Europe et l’Amour pour un périple poétique.
Nous avons tous ri (et sûrement versé quelques larmes, en tous cas moi j’en ai versées) car peu importe notre nationalité et notre âge, les questions soulevées résonnent en nous. La vie de couple, les déboires amoureux, les questionnements incessants, non, nous ne sommes pas anormaux.
Happily Ever After sortira le 3 février 2016 et je vous recommande vraiment d’aller le voir. Quand on voit ce genre de film, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est dommage que certaines « comédies romantiques » à gros budget et casting de fou fassent autant d’entrées en salle car, elles n’apportent souvent rien si ce n’est encore et toujours une vision biaisée de l’amour.
La carte des ex de Tatjana Božić :
Interview de Tatjana Božić :
Je vous mets ci-dessous la vidéo (désolée pour la qualité) que j’ai faite de la petite interview avec la réalisatrice du film :
Note d’intention :
« Il y a sept ans, désespérée et esseulée dans mon appartement à Zagreb suite à un nouvel échec amoureux, je téléphone, dans un élan mélodramatique, à un grand nombre de mes ex. Avec surprise et consternation, j’apprends qu’ils sont quasiment tous mariés. Même Nenad, qui avait rompu avec moi en m’annonçant qu’il était gay, est marié à… une femme. Il faut me voir, assise près du téléphone, complètement abattue. Je viens alors d’avoir 35 ans ; je suis intelligente, belle, épanouie. Citoyenne du monde, j’avais vécu à Moscou et Londres pendant des années. Qu’est-ce qui cloche chez moi? Pourquoi personne ne reste avec moi? Mon horloge biologique tourne de plus en plus vite ; à mon âge, une célibataire en Croatie est une cause perdue. Tout à coup, une illumination! Je m’imagine un film sur mes histoires d’amour malheureuses, où j’irais rendre visite à tous mes hommes pour comprendre ce qui ne va pas chez moi. Un désir irrépressible s’empare de moi. Je me sens déjà bien mieux. Je suis une femme émancipée, épanouie et indépendante… quand je suis seule. Au moment même où je tombe amoureuse et où je commence une relation, je deviens quelqu’un d’autre. L’amour… un vrai mystère, pour moi. Chaque coup de foudre m’électrise et me paralyse complètement. Les autres semblent comment savoir s’y prendre, pas moi… Durant toute ma vie, j’ai été tiraillée entre mes valeurs féministes et mon héritage familial, dépassé, qui s’impose à moi à chaque nouvelle relation amoureuse. J’ai parcouru le monde et vécu une vie cosmopolite, mais avec un homme, je retombe dans une sorte de schéma patriarcal dans lequel je me fonds jusqu’à ne plus pouvoir en ressortir. Dans le film, je me penche sur les émotions féminines, sur ma tendance presque instinctive à m’adapter et à m’abandonner – c’est fréquent et visible en Croatie, qui est un pays patriarcal, mais également valable, je pense, du côté allemand. Et ces multiples rôles endossés par les femmes, de la tragédienne à la chasseuse d’hommes, en passant par la femme fatale. Il me semble que l’émancipation féminine a bien eu lieu – mais pas totalement. Ce film est un documentaire autobiographique qui sonde les moindres recoins de mon âme. En même temps, j’espère qu’il communique un sentiment universel que de nombreuses femmes reconnaîtront. Pas de théorie, Note d’intention mais plutôt du ressenti, de l’émotion… et une certaine (et nécessaire!) autodérision. J’ai étudié à l’école de cinéma de Moscou, où il est habituel pour un auteur de s’exprimer d’une manière poétique, métaphorique. C’est une tradition avec laquelle je me sens à l’aise. Aux Pays-bas, j’ai fait face à une tradition narrative beaucoup plus structurée et contrôlée. La genèse de ce film n’a pas été évidente parce que nous souhaitions intégrer ces deux points de départ au sein d’une même intrigue. Le montage a duré dix-huit mois, avec différents monteurs, chacun travaillant sur le film avec zèle. Le compositeur Alex Simu a parfaitement compris les émotions que je souhaitais véhiculer dans le film et composé une superbe bande originale, que je n’aurais pas imaginée dans mes rêves les plus fous. Sans l’aide indéfectible du producteur-cinéaste et – ici – monteur Boudewijn Koole, qui n’a jamais cessé de croire en la force du film, je n’y serais jamais arrivée. J’espère que l’intensité, l’attention et la passion que tant de personnes si différentes ont consacré à ce film sont palpables, et qu’Happily Ever After plaira autant aux femmes qu’aux hommes. « Tatjana Božić
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