Des histoires d’amour, il en existe des millions et elles sont toutes uniques. Parfois, certaines d’entre elles ne peuvent exister qu’au prix d’un combat acharné, pour que l’amour puisse triompher. C’est le cas de Nadia et Antoine. Ils se sont rencontrés pendant leurs études. C’est grâce à Antoine et à la force de son amour pour elle, à sa confiance en eux, que Nadia a été sauvée du pire, d’un mariage forcé et qu’elle a pu reprendre espoir. Voici leur histoire, son histoire d’amour vraie : j’ai été sauvée d’un mariage forcé.
Histoire d’amour vraie : j’ai été sauvée d’un mariage forcé
« J’ai hésité avant de raconter mon histoire car je ne voulais pas tomber dans certains clichés. Et puis j’ai décidé de la voir différemment. C’est ce que j’ai fait, car au final ce qu’il faut en retenir c’est le bonheur que cela m’a apporté ensuite et la magnifique histoire d’amour que je vis depuis quinze ans maintenant avec mon sauveur, mon mari, l’homme de ma vie.
Car si tout est parti d’une histoire douloureuse, si tout aurait pu mal finir, je sais que l’important c’est ce qui s’est passé et non pas ce qui aurait malheureusement pu arriver.
Ai-je eu de la chance ? Une bonne étoile ? Mon vœu entendu ou ma prière exaucée ? Est-ce le destin ? Ou la rencontre évidence de deux âmes sœurs contre laquelle rien ni personne ne pouvait s’opposer ?
J’aime croire en cette dernière hypothèse et c’est ainsi que je le ressens. La vie m’a envoyé celui fait pour moi, celui qui allait m’aimer vraiment pour la femme que je suis. L’homme dont je suis tombée éperdument amoureuse. Et qui s’est battu pour moi, pour nous, pour notre amour.
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J’ai été sauvée d’un mariage forcé par celui qui est devenu mon mari
Il y a de cela quinze ans donc, je finissais mes études pour devenir professeure. Issue d’une famille d’immigrés algériens, je suis née en France et y ai toujours vécu. Néanmoins, nous retournions tous les ans au pays comme disait mon père, et avions souvent la visite de la famille à la maison. Je me sens totalement française et mon attachement à ma culture d’origine est surtout fait de respect des traditions, de folklore, de tendresse due aux souvenirs de mon enfance avec ma grand-mère.
Je ne pensais pas que le respect des traditions selon mon père et le reste des hommes de ma famille allait sonner le glas de mon libre-arbitre et de ma liberté de femme. De mon droit à aimer qui je voulais.
En fait, mon père a accepté une certaine modernité de vie, mais il ne l’envisageait pas pour le mariage. Pour lui, cette union devait rester l’affaire des pères, des hommes, de la communauté.
Alors que j’entamais ma dernière année d’études, un weekend où nous mangions en famille, mon père a eu un discours clair à ce sujet. Il avait tout réglé me concernant. Je ne comprenais pas.
Réglé quoi ? Mon mariage…
Mon père, que j’aimais du plus profond de mon cœur, que je respectais, que je pensais moderne quant aux femmes, décidait de ma vie à ma place. Je pensais qu’il m’aimait avec ma liberté, qu’il était fier de moi, qu’il me faisait confiance dans mes choix… Mais en fait, ma liberté n’était que partielle, assujettie à certaines obligations. Au nom de la tradition, de la culture, de la religion, de la famille. Pour lui c’était normal d’agir ainsi. Il m’avait donné une bonne éducation, il m’avait laissé faire les études convenables que je souhaitais, maintenant il était temps que je remplisse ma part du contrat. Que je me marie. Selon sa volonté. Tout était réglé.
Mariage arrangé, mariage forcé…
Ainsi, cela pouvait m’arriver, à moi, dans ma propre famille de connaître ce que je pensais être quelque chose de suranné, qui n’existait plus, en tout cas pas en France ? Je m’étais lourdement trompée…
Je devais rencontrer mon futur mari aux prochaines vacances, c’était un lointain cousin par alliance et le mariage aurait lieu juste avant mon diplôme. La seule certitude selon mon père ? Je pourrai enseigner, mon diplôme ne serait pas vain.
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J’ai sombré dans la dépression avant d’être sauvée d’un mariage forcé
A partir de ce jour, je suis devenue un vrai zombie. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus, mon attention en cours était catastrophique, mes amis ne me reconnaissaient plus. J’avais tenté en vain de parler à mon père, de le faire fléchir, puis à ma mère. Rien n’y avait fait. Je me laissais sombrer dans une sorte de coma permanent, je sombrais sans m’en rendre compte dans la dépression.
Que devais-je faire ? Céder ? Pour épouser un homme que je ne connaissais pas, pour une vie que je ne voulais pas ? Fuir ? Mais pour aller où ?
Et puis… Il y avait cet étudiant que j’aimais beaucoup. Antoine. Nous étions devenus amis, partageant cours et révisions, cafés et sandwiches rapides avec d’autres étudiants. Je le trouvais beau, drôle, intelligent, bienveillant, respectueux. Il avait ce petit quelque chose qui ne me laissait pas indifférente. Il y avait entre nous cette petite étincelle qui me laissait à penser qu’entre nous, il se passait quelque chose de fort.
Mais tout cela est passé au second plan après l’annonce de mon père. C’est comme un compte à rebours qui était enclenché. J’étais devenue prisonnière de ma propre vie. Je ne voyais aucune issue.
Ne mangeant plus, ne dormant plus, je n’avais plus la force d’assister à mes cours. Je perdais pied jour après jour, de plus en plus isolée. J’avais trop honte pour parler à quelqu’un de ce qui m’arrivait.
J’étais à deux doigts de commettre l’irréparable, je pensais sérieusement au suicide, je l’avoue, ne voyant aucune autre issue. J’étais désespérée.
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L’amour m’a sauvée d’un mariage forcé
Dans mon malheur, j’avais sous-estimé mes amis. Leur amitié m’a été d’un grand secours. Et surtout celle d’Antoine. Ne me voyant plus en cours, inquiet, il est venu prendre de mes nouvelles. Et en fait, il m’a littéralement sauvée.
Il ne m’a pas jugée, il m’a écoutée dans le respect et m’a aidée à y voir plus clair. A me dire que je ne devais pas faire de bêtises, qu’il existe toujours une solution. Il est revenu me voir chaque jour, nous parlions longtemps, il a réussi à me faire reprendre pied. Je suis retournée suivre mes cours pour ne pas rater mon diplôme, il m’a accompagnée chez un médecin, m’a conseillée pour tant de choses.
Au fil des jours, une grande complicité s’est installée entre nous. Nous partagions mon secret que je traînais comme une honte, mais pas seulement. Il me devenait indispensable, il parvenait à me faire rire, il me manquait quand il n’était pas là.
Je savais que je ne le voyais plus comme un simple ami, mais je ne voulais pas qu’il pense que mon attachement à lui était intéressé, contextuel. C’était bien plus fort que cela. Il n’était pas ma bouée de sauvetage, ma roue de secours. Non, il était l’homme qui me plaisait, celui dont j’étais en train de tomber amoureuse. Grâce à lui, je reprenais espoir, et je me disais que peut-être l’avenir serait possible ensemble. Je n’ai pas eu besoin de me poser des questions longtemps. Il m’a avoué ses sentiments naturellement, me disant juste que s’il n’avait rien entrepris jusqu’alors, c’était parce qu’il ne voulait pas me perturber plus ni rien précipiter au vu de la situation.
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Je n’avais plus aucun doute, c’était lui l’homme de ma vie, mon évidence, celui qui incarnait l’amour.
Mais il restait à résoudre le problème de fond : ce mariage forcé par mon père. Antoine m’aimait, nous étions deux, alors serais-je assez forte pour dire non à ce mariage qu’on voulait m’imposer ? Avais-je le droit de faire subir ça à Antoine ? Plutôt glauque comme début d’histoire d’amour…
Encore une fois, il m’a assurée de sa présence, de son soutien, de son amour. Oui, il serait à mes côtés, oui il m’aimait, oui nous étions deux, ensemble, unis. Je ne devais pas avoir peur, il serait toujours là, ce sont ses mots.
J’ai affronté mon père en refusant ce mariage forcé
Forte de notre amour, cela m’a donné le courage nécessaire pour aller parler à mon père. J’ai réussi à être ferme, malgré ma peur et ma peine. Et ma tristesse… M’opposer à lui, savoir qu’il rejetait le chemin que je prenais, que nous étions en totale opposition, en train de nous perdre, peut-être pour toujours, était très douloureux.
Mais savoir que mon bonheur passait après ses « traditions », découvrir le vrai visage de mon père, tout cela était plus douloureux encore.
Face à son obstination, la colère a pris la place de la tristesse et de la déception. Je n’avais rien fait de mal, rien à me reprocher et j’avais le droit d’être heureuse, tout simplement. Amoureuse de l’homme que je voulais, mariée à l’homme que je choisirai. Mon bonheur n’enlevait rien au sien, à celui des autres, de ma famille.
Nous ne voyions pas les choses de la même façon et cela a sonné le glas de notre relation père-fille pour un temps. En faisant le choix de mon bonheur, en refusant ce mariage, en choisissant un autre homme, je m’excluais de ma famille. Cela a été très difficile à vivre, mais Antoine a toujours été là. J’avais trouvé tellement d’amour à ses côtés que cela rendait les choses supportables.
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Et je ne culpabilisai plus d’être heureuse.
J’ai repris ma vie en main, obtenu mon diplôme et mon premier poste. Nous avons emménagé ensemble avec Antoine une fois nos affectations validées.
La vie avec lui était belle, simple, douce. Nous nous sommes construits notre bonheur au fil des semaines, des mois et des années qui ont suivi. Nous avons célébré notre mariage, un mariage intime à notre image avec sa famille et nos amis proches. Ma sœur est venue ; mais pas le reste de ma famille.
Quand je suis tombée enceinte, deux ans après, de notre première fille, ma mère a elle aussi décidé de braver l’interdit et de nous accepter totalement. Peu à peu, ma famille entrait dans ma nouvelle vie de femme mariée et de maman. C’était étrange mais jamais Antoine ne leur a fait de reproches, et nous avons décidé de ne pas nourrir de rancœurs inutiles à cause du passé.
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Ce qui nous importait, c’était de nous construire notre avenir.
Quelque part, le problème avec mon père et mon éloignement d’avec ma famille passaient au second plan. Je construisais ma propre famille et j’avais trouvé en Antoine mon alter ego. Cette évidence ne s’est jamais démentie depuis toutes ces années. J’avais trouvé un équilibre de vie, l’amour et le bonheur à ses côtés.
Je ne peux toujours pas expliquer cette certitude que c’était lui, l’homme de ma vie.
J’ai eu une chance folle de rencontrer mon mari, cet homme est un trésor de bonté. On a traversé ensemble les épreuves et jamais je n’ai douté de lui, de nous, de notre force, de notre union.
Nous avons aujourd’hui deux enfants. J’ai renoué avec ma famille, ils font à nouveau partie de ma vie. Mon père aussi, même si je sais que quelque chose entre nous est brisé à jamais. La confiance ne sera plus la même, mais je l’accepte. Il n’a plus aucun pouvoir sur mon bonheur et sur ma vie. Chacun sait où est sa place et les choses se passent dans le respect et avec une certaine distance. C’était important pour moi que mes enfants connaissent leur famille maternelle comme la famille de leur papa. Leur papa, ce héros, mon héros.
Il m’a sauvée il y a quinze ans, littéralement. Grâce à lui je suis une femme épanouie, une épouse heureuse et une mère comblée. »