Cet article sur les infidèles heureux et amoureux a été écrit par Diane Styl.
Une évidence : nous sommes amoureux!
Nous avons tous (ou presque) connu un jour un amour inconditionnel pour quelqu’un, une vie de couple où le quotidien rime avec respect, complicité et cohésion.Une vie de famille tranquille, où l’éducation des enfants est en parfait accord.
Mais passé un certain temps et une fois la passion essoufflée, l’usure du couple se fait ressentir de plus en plus.
L’infidélité chronique et compulsive: et si l’on apprenait à la comprendre
Vient un temps où nous faisons moins attention à notre partenaire, notre libido baisse, on se sent moins désirable et c’est ainsi que s’installe le désir d’évasion, un désir qui une fois assouvi, entraverait toutes les règles de confiance, de fidélité, d’exclusivité que le couple se promet mutuellement au départ.
Et malgré ce trouble qui s’empare de notre esprit, qui est sur le point de s’engager dans le mensonge, la manipulation, la trahison, nous avons cette certitude que nous aimons notre partenaire d’un amour sincère, que nous aimons ce cadre, cet équilibre qu’il nous apporte.
je vais aborder sans complexes dans cet article un sujet qui fait grincer les dents: l’infidélité des gens amoureux et heureux qui ont des accidents de parcours … Car oui, on peut aimer et tromper.
L’infidélité des gens « amoureux et heureux »
En aucun cas, Je ne fais référence aux Don Juan irrécupérables, qui sont des êtres égocentriques, manipulateurs et narcissiques, incapables d’aimer sincèrement et dont le bonheur dépend uniquement de leur pouvoir de séduction OU aux infidèles qui s’engagent dans une double vie amoureuse.
Je me suis à maintes reprises retournée le cerveau avec cette contradiction « amoureux et infidèles (?!?!)» afin de trouver une logique, mais en vain…
C’était inconcevable pour ma logique (conditionnée) !
Aujourd’hui, j’ai atteint un certain degré de maturité pour voir enfin une explication.
Je vous propose de la partager avec vous.
La fidélité, c’est ce doux mot qui nous fait sentir unique aux yeux de l’autre….
Qui nous rappelle que nous devons être indifférents et infaillibles devant les tentations incessantes de notre époque, de par la libération des mentalités et la facilité de rencontres via les réseaux sociaux, déguisés en sites de rencontres !
Malheureusement, ces promesses ne sont pas toujours tenues… pour diverses raisons (pulsion irrésistible, ennui, besoin de plaire, manque d’auto-estime, doutes sur ses sentiments, etc…) que je n’approfondirais pas ici.
L’infidélité est bien réelle malgré son caractère anti-sacro-saint.
D’ailleurs, les chiffres parlent d’eux-mêmes : D’après les différentes études que j’ai pu lire :
L’infidélité toucherait en France 3 hommes sur 4, et 2 femmes sur 4.
C’est incroyablement élevé comme statistiques, n’est-ce pas ?
Et ce qui est encore plus étonnant, c’est quand nous interrogeons les couples, 90% prônent la fidélité extrême…
Si l’on interprète ces chiffres, l’infidélité est finalement très courante mais reste un sujet tabou que nous taisons par peur…d’être jugés !
Hypocrisie? Évidemment…
Alors comment expliquer cette contradiction des couples qui s’aiment mais qui se trompent ?
Nous vivons dans une société qui défend farouchement les valeurs de couple comme l’amour, l’honnêteté, l’exclusivité, la fidélité, etc.
Il est très mal vu de tromper son partenaire quelque soit les raisons qui nous y pousseraient.
Mais cette même société oublie l’aspect humain et la difficulté du terrain de notre quotidien.
Au lieu d’encourager la transparence, la franchise et la communication au sein du couple afin de poser les problèmes individuels ou collectifs, elle nous incite à la tricherie et aux mensonges et créée un climat de peur et de rejet face à l’infidélité.
Donc sous l’effet de cette pression sociale, les « infidèles amoureux et heureux» se permettent des extras suivis ou non, ponctuellement ou non, en toute discrétion et sans sentiments…
Là, je vous entends crier au scandale et me répondre « nous ne sommes pas des animaux! pourquoi ne se contrôleraient-ils pas? »
Tout simplement parce qu’il y a un aspect biologique et physiologique non négligeable à prendre en considération.
En effet, nous restons des animaux, civilisés et façonnés par des cultures, religions, traditions que l’Homme a mis en place il y a maintenant plusieurs milliers d’années, afin de canaliser les pulsions animales de l’être humain.
Ceci est une première réalité qui expliquerait que l’Homme doit lutter continuellement contre lui-même afin de se conformer aux règles sociétales.
On pourrait assimiler ça à un combat acharné contre Dame Nature! Et c’est très souvent elle, qui en ressort victorieuse …
Il y a aussi une autre réalité: nous ne sommes pas tous égaux devant la gestion de nos émotions et pulsions.
Les hommes sont incontestablement le genre le plus infidèle de par leur patrimoine génétique de multi-géniteur mais les femmes sont bel et bien concernées et de plus en plus nombreuses avec la libération des mentalités de ces dernières.
L’infidélité des hommes (en général) serait purement charnelle, ponctuelle et sans remords, alors que celle des femmes, au-delà du caractère intime, serait plus réfléchie et engagée affectivement, et provoquerait de ce fait un sentiment de culpabilité chez elles. On parle d’ailleurs d’infidélité émotionnelle et affective.
Mais cela ne change pas la traduction des sensations ressenties quel que soit le genre de l’infidèle, au moment « M ».
Après avoir recueilli plusieurs témoignages, il en ressort un sentiment commun: Ils se disent être saisis d’une pulsion soudaine et incontrôlable, comme s’il était question de vie ou de mort.
Une pulsion qui devient de plus en plus obsessionnelle et qui, une fois assouvie, donnera la sensation d’être encore plus vivant, tels des vampires d’énergie charnelles.
Le dicton d’Oscar Wilde irait-il dans ce sens: « le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y céder »… ??!??!
Il m’a toujours laissé perplexe voire même décontenancée.
Mais suite à ces différents échanges avec des « infidèles heureux et amoureux », mon champ de tolérance s’est élargi…
En effet, ils m’ont expliqué trouver un bénéfice à agir ainsi.
ils ressentiraient suite à cet assouvissement, un regain de vitalité qui leur permettrait d’être toujours investis dans leur vie au quotidien, au côté de la personne qu’ils estiment être leur amour véritable.
On ne peut qu’admettre que ce schéma n’est pas honnête mais il aurait une approche salvatrice pour le trompeur et son couple.
Car in fine, ce type d’infidèles se dit indéniablement amoureux mais leurs pulsions charnelles seraient trop fortes pour les combattre et que leurs écarts ne pèsent pas sur leur conscience car leur démarche serait purement « mécanique »…
Et alors, pourquoi ne pas être honnête, tout simplement, avec son partenaire ??
Alors-là, la réponse est à fois simple et compliquée.
Il y a déjà le caractère sacré de la fidélité qui nous renvoie une mauvaise image de nous-même si nous sommes infidèles.
Les trompeurs sont généralement lâches.
Ils ont peur du jugement des autres et peuvent avoir un sentiment de honte et de culpabilité. Et nous savons que l’être humain n’aime pas être pointé du doigt et se sentir coupable… et pour cause, une société incriminante qui nous empêche de nous ressentir et de s’assumer…
L’autre raison qui expliquerait le manque d’honnêteté du trompeur, est qu’il a égoïstement une crainte de perdre son équilibre quotidien pour un écart compulsif, sans sentiments et purement charnel.
Il estime que son partenaire ne pourrait pas le comprendre et surtout il a peur d’être rejeté par la personne qu’il aime…
la réalité est que même si nous sommes un couple, nous ne sommes pas des clones.
L’autre est différent de nous avec son propre mécanisme, son propre système de valeurs et de croyances.
Les trompeurs s’engagent donc dans le mensonge pensant que le trompé est dans l’incapacité de compréhension et de réflexion.
Enfin, il y a aussi une volonté du trompeur de préserver son partenaire afin de lui épargner souffrance et tortures psychologiques, parce qu’il assouvit des pulsions incontrôlables égoïstement.
Si contradictoire que cela puisse paraître, les trompeurs pensent aussi à protéger le bien-être et l’équilibre de leur conjoint même s’ils font passer leurs besoins avant toute chose pour se sentir vivant…
Ils ne voient donc pas l’intérêt de perturber leur quotidien juste pour une pulsion…
En somme, au fur et à mesure que j’avançais dans l’écriture de cet article, j’ai réalisé à quel point il est difficile de donner une explication à un acte qui est contraire à ses propres valeurs de couple.
J’ai toujours pensé comme beaucoup de personnes que l’infidélité était un acte de trahison suprême, d’égoïsme, de désamour et surtout condamnable.
Que cela demande énormément d’intelligence émotionnelle, analytique et de tolérance, pour essayer de comprendre cet acte, synonyme de division.
Qu’il n’a pas été évident pour ma personne honnête et juste, de justifier l’infidélité, mot qui raisonne comme une injure et que je ferais disparaître du dictionnaire.
Que dans mon monde à moi, tout est justifiable, même un acte aussi égoïste soit-il, car il existe un égoïsme sain,
Que le véritable égoïsme malsain, c’est de ne pas accepter les mêmes agissements chez son partenaire, de lui cacher son infidélité, non pas pour le préserver mais par peur de vengeance et ainsi pouvoir continuer à tromper en toute impunité et sans scrupules.
Que j’accepte tristement la réalité de l’infidélité, qui a toujours existé et existera encore et encore dans notre société attachée à des valeurs obsolètes et hypocrites, mais que parallèlement, si ces valeurs n’existaient pas, ce serait la zizanie dans le monde des couples.
Que je refuse d’être aveugle et hypocrite vis-à-vis de moi-même et des autres.
Que je suis un être sensé et sensible,
Que j’accepte l’éventualité d’être un jour le trompé ou le trompeur,
Que personne n’est à l’abri, même si nous sommes bourrés de valeurs humaines ou que nous croyons connaître parfaitement notre partenaire,
Que personne n’a le droit de nous juger car chacun a sa propre histoire,
Que nous sommes libres de faire le choix de nous libérer des chaînes, infligées par les dictats de notre société,
Que nous devons être responsables de nos actes et de nos choix,
Que la tolérance et le pardon demande du courage, un dépassement de soi et de ses craintes,
Que tolérer l’intolérable nous appartient, mais également pardonner l’impardonnable …
Ne serait-il donc pas plus judicieux de penser que finalement, le plus important, c’est la fidélité du cœur de la personne qu’on aime, même si son corps a pu être ailleurs « le temps d’une pulsion »…
Et que le plus important, c’est d’apprendre de ses erreurs que ce soit pour le trompeur ou le trompé, pour ainsi mieux aborder l’avenir…