Des couples mal assortis, en déséquilibre, en souffrance, il en existe hélas beaucoup. Des hommes et des femmes qui se font du mal mais qui restent ensemble, par peur de partir à cause de la solitude affective, par dépendance affective. Pire encore, sous emprise, à cause de la manipulation de leur partenaire, pervers narcissique. Et quand le couple est devenu famille, les enfants sont une des raisons principales évoquées pour justifier le choix de rester. Rester encore un peu, quelques mois, quelques années, parfois toujours. C’est à cause de la somme de ces peurs qu’il est souvent très long de quitter un conjoint qui nous fait du mal, qui nous rabaisse, qu’on n’aime plus et qu’on déteste même chaque jour un peu plus. Mais heureusement, certaines personnes parviennent à casser le lien, à rompre la toxicité de la relation et à partir. J’ai enfin quitté mon mari rabaissant, c’est le témoignage émouvant de Florence qui nous partage son histoire.
J’ai enfin quitté mon mari rabaissant : témoignage de Florence
Je n’en pouvais plus, et j’ai enfin réussi à dire STOP, et à partir. Ce déclic, je l’attendais, je l’espérais depuis des années. D’ailleurs, je m’en suis voulue longtemps de ne pas réagir, de ne pas agir, de rester là. Une plante verte ; voilà ce que j’était devenue. Non même pas, plutôt un meuble encombrant. C’est comme si je voulais partir mais que je ne pouvais pas. Mon cerveau ne parvenait pas à dire à mon corps quoi faire.
Immobilisme, manque de volonté, honte, culpabilité, peurs, au pluriel. En fin de compte, je réalise que c’était tout cela à la fois. C’est dingue comme on peut s’enfermer dans quelque chose qui ne nous convient pas, pire, qui nous fait du mal.
On en a conscience mais on reste. On a toujours une bonne excuse pour rester d’ailleurs.
IL ne pensait pas ce qu’il a dit. IL va changer. Ce n’est pas de SA faute. IL va faire des efforts.
Puis très vite, le « je » remplace le « il ».
JE lui en demande trop. JE n’aurais pas dû insister. C’est de MA faute. JE suis responsable de nos problèmes de couple.
On se retrouve prise au piège de ses mots, de ses insultes, de ses regards mauvais, de ses gestes rabaissants. On est dans l’attente d’un mot gentil, d’une preuve d’amour, d’une petite attention. Mais plus le temps passe, moins il y en a.
Le quotidien est fait de reproches, de soupirs, de rictus, de disputes, de portes qui claquent. De retards, d’oublis, d’absences. Puis de moqueries, de mesquinerie, d’ironie, de cynisme, de critiques, d’insultes.
Peu à peu, vous n’êtes plus une bonne compagne, une bonne épouse, une bonne maîtresse de maison, une bonne amante, une bonne mère. Vous n’êtes qu’un boulet à l’entendre, un fardeau encombrant qu’il supporte.
Tout est de votre faute, vous faites tout mal, il ne peut pas compter sur vous, vous ne le méritez pas.
Mais vous restez encore un peu, pour la seule et unique raison au monde qui vous semble légitime. Vos enfants. Nous en avons eu deux, un garçon et une fille. Ils ont 7 et 9 ans.
Un marché de dupes dès le début ?
Au début, j’étais très amoureuse, il était mon prince pas charmant, mais moi je le voyais avec des yeux de midinette, alors que je n’étais pourtant pas une petite jeune en quête de son premier amour.
Mon grand amour de jeunesse, justement, s’était achevé 2 ans plus tôt, à 25 ans, une belle relation de 7 ans mais qui n’avait pas su résister à notre entrée dans le vrai monde des adultes. A 25 ans, je me retrouvais célibataire et un peu perdue au milieu de ce monde ingrat des rencontres et des relations d’aujourd’hui.
Quand je l’ai rencontré, à l’aube de mes 27 ans, je n’étais plus une gamine mais je suis quand même tombée dans ses filets. Je l’ai cru gentil, bon, sincère, doux. Sans doute l’a-t-il été.
Parfois je me dis que notre couple a réveillé sa part la plus sombre. Qu’il n’était tout simplement pas fait pour être mari et père.
La rencontre, l’installation ensemble, le mariage, notre fille, tout cela s’est fait rapidement. J’avais 27 ans, lui déjà 34, à l’entendre, il ne voulait plus attendre pour « être heureux… »
Mariée à 28 ans, maman une première fois à 29 puis à 31 ans, je me croyais partie pour une belle de vie de femme, de mère. De couple, de famille.
Le bonheur n’aura pas duré longtemps. Il a toujours été rabaissant mais je ne m’en rendais pas compte.
J’ai enfin quitté mon mari rabaissant : sous emprise pendant 10 ans ?
Il m’infantilisait, me reprenait, mais je pensais que c’était justifié. J’étais plus jeune, sans doute pas assez expérimentée, j’acceptais.
Seulement plus le temps passait, pire c’était. Et ça a donc duré 10 ans. D’ailleurs je crois que ce cap des 10 ans a aussi été mon premier déclic, mon facteur déclencheur.
Les déceptions de sa part, je ne les comptais plus. Jamais là pour moi, de moins en moins pour les enfants au quotidien. Jusqu’au jour où je me suis retrouvée alitée, très malade d’un coup, dans l’incapacité d’aller travailler et de m’occuper des enfants.
Il n’a pas supporté, ne m’a pas accompagnée chez le médecin ni aux examens à l’hôpital, ne se gênait même plus pour me faire des reproches devant les enfants. J’aurais pu crever sur mon lit d’hôpital, il s’en foutait.
J’ai réalisé que je restais avec lui par peur d’être seule mais que seule, je l’étais déjà. Que je restais pour les enfants mais que les enfants, il ne s’en occupait pas. J’étais bien plus forte que je ne le croyais.
Alors je me suis fait une promesse. En quittant l’hôpital, je le quitterai aussi. Il faut parfois être confrontée à une situation extrême pour prendre son bien-être en urgence. Mais mieux vaut tard que jamais !
J’ai enfin quitté mon mari rabaissant : vers une nouvelle vie !
Aujourd’hui, ça fait un peu plus d’un an que je suis partie. Cela n’a pas été facile. On m’a diagnostiquée une maladie chronique. Rien de gravissime mais suffisamment invalidante pour devoir repenser mon quotidien. Et faire le ménage !
Mon énergie, j’allais en avoir besoin pour ma santé et mes enfants. Pas pour lui, enfin si, pour le sortir de ma vie.
Je suis allée vivre dans ma famille quelques temps après l’hôpital. J’ai demandé le divorce, sans vouloir lui faire la guerre mais vu son comportement je n’ai pas eu le choix que de prendre mon propre avocat. Il n’a pas été difficile de prouver ses manquements, vu certains de ses sms, ses absences, son ignorance de certains sujets concernant les enfants. Et il n’en a d’ailleurs pas demandé la garde.
Il m’a pourri la vie pendant des mois à coût de chantage et de menaces. Non pas qu’il m’aimait encore ou qu’il voulait me garder, mais juste parce qu’il ne supportait pas que ce soit moi qui sois partie en premier !
Devant mon indifférence puis les remontrances de la justice, il s’est enfin calmé.
Aujourd’hui, je réfléchis à m’éloigner, à démarrer une nouvelle vie dans une autre région, maintenant que j’ai appris à vivre avec ma maladie et à adapter mon rythme. Suffisamment loin pour qu’il me laisse tranquille et assez près en TGV pour que les enfants continuent à le voir, s’il décide de les prendre selon son droit de visite et d’hébergement.
J’ai appris à lâcher prise sur les choses que je ne pouvais pas contrôler et à me concentrer sur ce qui était vraiment essentiel. Cela m’aide à repenser ma vie avec une nouvelle énergie. Et être seule m’a fait prendre conscience de ma valeur. J’ai longtemps cru que seule, je ne valais pas grand-chose, que j’avais besoin d’un homme pour exister. Aujourd’hui, je sais que c’est là toute mon erreur et que c’est dans ma solitude et ma sérénité enfin retrouvées que je vais devenir la meilleure version de moi-même !