Quelle maman ne s’est jamais posée cette question ? A cause d’une journée difficile, des larmes de trop, d’une punition de trop, on se dit qu’on est une mauvaise mère. Qu’on fait tout de travers, qu’on n’y arrive plus. Ou alors on fait tout bien, mais on ne peut s’empêcher de se demander si une autre ne ferait pas mieux, si on offre vraiment la meilleure vie possible à nos enfants. La faute à une pression qu’on se met toute seule ? A la société ? A cette foutue charge mentale de plus en plus forte ? Ou peut-être, un peu, à tout ça à la fois. J’ai toujours rêvé d’être une super maman, épanouie, ultra patiente et bienveillante, mais j’ai peut-être visé trop haut ? A force de croire aux images d’Epinal livrées à la télévision, dans les romans ou sur certains réseaux sociaux, on doit parfois se confronter à la réalité de la vie de maman. Je vous livre ici mon témoignage, j’ai peur d’être une mauvaise mère, parce depuis que je suis devenue maman, la remise en question est devenue centrale dans ma vie.
J’ai peur d’être une mauvaise mère
Cela va faire dix ans que je suis devenue maman. La maman d’un merveilleux petit être qui a bouleversé ma vie. Toute ma vie. Mes repères, mes certitudes, mes priorités et ma définition même de l’amour.
J’ai réalisé en lui donnant la vie que l’amour maternel était vraiment quelque chose de totalement à part, de précieux, d’infiniment magique.
C’est un véritable amour inconditionnel que j’ai ressenti alors que je prenais conscience que j’étais devenue mère. Mais cet amour ne n’est pas invité seul dans ma nouvelle vie de maman, il était accompagné. Oui à partir de ce jour, certaines angoisses ne m’ont plus quittée.
Est-ce que je suis la seule à considérer que c’est parfois douloureux d’être maman ? Douloureux dans la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur. D’être trop ou au contraire de n’être pas assez.
Je crois que cette peur ne m’a jamais quittée depuis sa venue au monde, cette fameuse peur d’être une mauvaise mère.
Pourtant mon enfant est au centre de mes priorités depuis le premier jour. Je n’ai raté aucune de ses premières fois. Premier mot, premiers pas, première dent, premier bobo.
Première maladie infantile, suivie de bien d’autres, première rentrée, premier chagrin.
Mais aussi tous ses bisous, ses câlins et ces moments privilégiés, ces histoires du soir, ces rituels que nous ne sommes que deux à comprendre, ces fous rires.
Et pourtant, malgré ma présence, mon implication, j’ai encore et toujours peur, certains jours, de ne pas être digne de ce rôle que la vie m’a offert.
La faute à mes propres angoisses ? A mon hypersensibilité ? A certains diktats de la société sur comment doit être une maman ? Une bonne mère dans ce monde 2.0 ?
Ou bien la faute à ma culpabilité, tellement envahissante, depuis que son père et moi sommes séparés ? Et celle, au début, de sa naissance par césarienne ?
Il n’y a pas de secret, je ne peux pas dissocier celle que je suis en tant que femme de celle que je suis devenue en tant que mère. Mes émotions sont étroitement liées, une décision que je prends est forcément conditionnée par mon statut de maman solo qui plus est.
Ce statut tient certainement une très grande place dans cette impression de ne pas être la meilleure des mères. Dans cette sensation que je n’offre pas à mon enfant la vie dont j’avais rêvé pour lui.
Et alors je me remets en question. Beaucoup, souvent, sûrement trop souvent d’ailleurs, au gré de mes humeurs et de mes angoisses. Le soir quand tout est calme, avant de m’endormir, je suis envahie par certaines de ces pensées, de ces questions.
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Ai-je fait ce qu’il fallait pour lui ? Est-il heureux ? Suis-je à la hauteur de mon rôle de maman ?
Je crois que cette question s’amplifie lorsque la vie nous envoie des épreuves et qu’on se demande alors pourquoi on doit subir cela. Mais surtout pourquoi notre enfant doit le subir aussi.
On rêve toutes d’une vie parfaite pour nos enfants, dans le sens où elle serait stable, rassurante, confortable, apaisante.
Avec mes seules armes, ma seule force, depuis presque 10 ans, je m’emploie à lui offrir cette vie.
Mais je ne suis pas sûre d’avoir toujours fait les bons choix. Alors cette petite voix intérieure continue à s’inviter et à me questionner.
Je suppose que je dois l’accepter, que c’est normal, inhérent au fait d’être maman. D’être parent. Et au fur et à mesure des années, de ses anniversaires, les inquiétudes évoluent.
Il faut dire qu’être parent est un incroyable accélérateur de temps.
Soudainement, le sablier semble s’écouler de plus en plus vite. En voyant mon enfant grandir, j’ai réalisé tout ce qu’on avait partagé, construit, vécu ensemble. Tous les bouleversements que ma vie a connus depuis sa naissance.
Alors quelque part, je pense qu’on n’est jamais totalement armée face à cette vague d’émotions incroyables qui surgissent quand on devient mère C’est un véritable tsunami émotionnel, tout est décuplé. Les sensations, les émotions, les sentiments. Alors forcément les angoisses et les peurs aussi.
Dans ma peur d’être une mauvaise mère se mêle sans doute le poids de cette responsabilité.
A vie, je suis une maman et pour la vie, je serai responsable de mon enfant. Et ce que je souhaite par-dessus tout c’est y être pour quelque chose dans son épanouissement et son bonheur.
Quand j’arrive à me traiter avec bienveillance, et cela m’arrive de plus en plus enfin, je me dis qu’une mauvaise mère ne se poserait sans doute pas toutes ces questions. Que si je ne dois pas me laisser envahir par mes peurs, elles sont au fond la preuve que je suis la seule maman qu’il fallait pour mon enfant.