Alors que le célibat n’a jamais été aussi important et que les couples se font et se défont rapidement, il y a des histoires d’amour qui durent. Il existe encore des couples qui se sont rencontrés jeunes, pour qui c’était le premier amour, et dont la relation perdure depuis des années, voire des décennies. D’un amour adolescent, de jeunesse peut naître le grand amour de sa vie. Et alors on réalise qu’on a eu dans sa vie qu’un seul amour, qu’on a tout partagé avec une seule personne. C’est le sens du témoignage de Sylvie, je n’ai connu qu’un seul homme dans ma vie. En couple depuis ses 17 ans, mariée, maman, elle est aujourd’hui, à 40 ans, à l’heure des bilans sur sa vie. Si elle se sent parfois à contre-courant des autres, elle mesure aussi la chance qu’elle a de vivre une vraie et belle histoire d’amour.
Je n’ai connu qu’un seul homme dans ma vie : témoignage de Sylvie
J’ai rencontré mon mari alors que j’étais au lycée, j’avais à peine 17 ans, j’étais en première et lui passait le bac. Cela a été le coup de foudre, et on était inséparables comme on l’est à cet âge-là. Je croyais au grand amour évidemment, j’étais romantique et j’ai eu la chance de rencontrer un garçon sincère, tendre, avec qui j’étais sur la même longueur d’onde.
Le lycée ensemble, les copains, les cinémas, les balades dans sa première voiture, la présentation officielle aux parents. Les premiers weekends en amoureux, les premières vacances, notre première fois. On a des millions de souvenirs ensemble et on a tout partagé. Depuis toutes ces années, nous n’avons été séparés que 2 ans, pendant nos études. Mais on se voyait presque chaque weekend, on s’écrivait, on se téléphonait. J’ai encore aujourd’hui les lettres, les cartes d’anniversaire et de Saint-Valentin qu’on s’envoyait.
Adolescents, étudiants, jeunes adultes, on a traversé toutes les étapes de la vie à deux. Et puis après nos études, on a emménagé ensemble. Après quelques années, on s’est mariés, on a acheté notre maison et on a eu deux enfants.
Une vie de couple puis de famille classique, mais heureuse, très heureuse. Nos vies sont étroitement liées depuis plus de 20 ans. Tous mes souvenirs importants, il en fait partie.
Je n’ai jamais regretté mon choix, à vrai dire je ne me suis jamais posée la question. Bien sûr, il y a des jours avec et des jours sans, des années plus difficiles que d’autres mais l’amour est toujours là. Et les projets de vie, les projets de couple et de famille aussi.
Nous avons réussi à nous créer un bon équilibre de vie, entre notre couple et notre rôle de parents, entre la maison et le travail, entre nos vies sociale et personnelle. Et je crois que c’est ce qui explique grandement que notre couple tienne bon depuis plus de 20 ans.
Mes 40 ans, il y a peu, m’ont fait réfléchir mais pas comme une crise de la quarantaine à tout remettre en question. Non en fait cette espèce d’heure du bilan, je l’ai fait en observant ce qui se passe autour de moi depuis quelques années.
Pendant longtemps, je ne me suis posée aucune question sur le fait de n’avoir connu qu’un seul homme dans ma vie.
Avant lui, j’ai eu quelques flirts entre mes 14 et mes 17 ans, mais cela ne compte pas. Ses premiers émois amoureux sont de jolis souvenirs, mais ils n’ont pas construit ma vie amoureuse.
Aujourd’hui, c’est en fait par le biais de mes amis et de mes connaissances que j’ai pris conscience que les choses avaient radicalement changé.
Quand je vois ce qui se passe autour de moi, je me dis que ça tient presque du miracle d’être en couple depuis tant d’années et de n’avoir connu qu’un seul homme. Et de me sentir heureuse et comblée.
Ou alors il manque quelque chose dans ma vie amoureuse que je ne soupçonne pas ? D’autres expériences, des points de comparaison ?
Je pars du principe que faire comme tout le monde n’est pas un gage de raison et surtout je n’en éprouve pas l’envie. Même quand mon mari et moi avons des désaccords ou des disputes, je ne me suis jamais dit que j’allais le quitter.
Pendant les « périodes plus creuses » de notre intimité, et en plus de 20 ans, il y en a forcément, je ne me suis pas dit que j’allais le tromper.
Suis-je naïve et à contre-courant dans une société qui, elle, jette aussi vite qu’elle consomme ? Je ne l’espère pas.
Je suis une femme fidèle et surtout, je n’ai pas eu l’impression de rater quelque chose parce que je n’avais connu qu’un seul homme dans ma vie. C’est même plutôt le contraire. Je me dis que je suis chanceuse car j’ai rencontré très tôt celui fait pour moi quand d’autres passent leur vie à chercher ou attendre leur âme sœur.
Depuis quelques années, parmi mes amis, beaucoup de couples se sont séparés, plus de la moitié. Nous sommes entourés de célibataires et de divorcés, de familles monoparentales et recomposées. C’est la société d’aujourd’hui, cela touche tout le monde qu’on ait 30 ou 50 ans. Nous faisons un peu figure de vieux couple qui résiste et c’est en voyant ce qui se passe autour de moi que ce questionnement s’est imposé à moi.
J’aime mon mari et j’espère de tout mon cœur que rien ne nous séparera. Mais quand je vois des couples comme nous que je croyais solides se quitter les uns après les autres, j’ai peur parfois. Peur de tout perdre et d’être complètement perdue dans une vie que je ne connais pas.
On n’est jamais à l’abri de rien et je sais que si un jour je me retrouvais célibataire, je ne serais pas armée face à ce qui fait les rencontres et les relations d’aujourd’hui.
Ce n’est pas mon intention et je ne veux pas me porter la poisse, alors j’évite d’y penser. Et surtout, je veux continuer à profiter de ce bonheur et de cette chance d’avoir rencontré l’homme de ma vie, celui fait pour moi, il y a plus de 20 ans.