Après une rupture, il y a un processus dans l’oubli, comme pour un deuil. On parle de différentes phases avant d’aller mieux ; la dévastation, le sevrage, l’intériorisation, la rage avant de se relever et d’aller mieux. Il y a un temps où les souvenirs sont douloureux, parfois on passe même par une phase de déni, puis vient le temps où la colère prend le dessus avant de céder la place à une forme d’indifférence, de distance. Ce moment où les souvenirs s’effacent peu à peu, comme si notre mémoire faisait un tri sélectif, peut-être pour nous protéger, nous permettre d’avancer. Le temps passant, le temps aidant, les souvenirs douloureux s’estompent et ce sont les bons qui nous reviennent en mémoire. Pas forcément à cause des regrets, mais au contraire parce que nous avons passé le cap, celui du deuil de cet amour passé, que nous avons fini notre travail d’oubli et que le souvenir de cette ancienne relation est moins douloureux, nous ne sommes plus à fleur de peau à son sujet. C’est alors la nostalgie des bons moments qui s’invite, on arrive parfois à se rappeler l’autre avec une certaine tendresse grâce aux souvenirs mélancoliques mais néanmoins heureux de notre histoire. Éprouvons-nous toujours, d’une certaine façon, de la nostalgie pour nos histoires d’amour passées ?
Et toi, as-tu de la nostalgie vis-à-vis de notre histoire ?
Te souviens-tu de notre histoire passée, de nos jours heureux ?
Je crains que non, tu n’es pas homme à vivre dans le passé, à aimer la mélancolie, à te complaire dans la nostalgie. Tu tranches dans le vif, tu tires un trait, tu oublies, tu zappes comme on dit, bref tu passes à autre chose.
Je te rassure moi aussi j’ai avancé mais je n’oublie pas. Ni toi ni les quelques autres hommes qui ont partagé une partie de ma vie, qui ont eu une place dans mon existence et m’ont accompagnée pendant un moment. Même si ça s’est mal terminé, même si ça s’est fini dans les larmes, la douleur, la colère ou l’incompréhension, avec le temps le positif finit par resurgir.
Car je me dis qu’à un moment je t’ai aimé. Que pendant une période de ma vie tu étais la personne la plus importante pour moi. Mon pilier, mon soutien, mon référent, mon confident en plus de mon amoureux, amant, ami. Tu étais la première personne à prévenir en cas de problème, la première personne à laquelle je pensais quand j’avais une nouvelle à annoncer, bonne ou mauvaise. La personne avec qui je faisais des projets, celle qui partageait ma vie. Un bout de ma vie certes.
Mais même si on ne s’aime plus, on s’est aimés. Le désamour actuel, les rancœurs parfois la rancune, le chagrin, la douleur, la colère, la tristesse. Tout cela prendra beaucoup de place pendant longtemps ; des jours, semaines, mois, parfois des années. Mais c’est fini, c’est derrière moi.
Ne pas oublier les bons souvenirs
J’ai passé un cap je crois, franchi une étape. Celle du mieux-être ? D’une forme de sérénité ? Du détachement vis à vis du passé ? Mémoire sélective qui ne veut se rappeler que des bons moments ? Je ne sais pas.
En tout cas aujourd’hui je ne veux plus me rappeler de ce qui nous a séparés mais de ce qui nous a unis à l’époque. Des raisons pour lesquelles on était ensemble. Pourquoi on s’aimait. Ce qu’on a partagé et vécu de fort, de beau, de mémorable. Parce que c’est ça l’important. Garder le positif. Le reste n’apporte rien. Je n’ai pas envie de finir aigrie, pleine de souvenirs tristes et négatifs. Je pense peu à toi c’est vrai mais quand il m’arrive d’y repenser, je préfère de loin me remémorer nos bons moments. Et il y en a eu.
Te souviens-tu de notre première danse ? De ton stratagème pour avoir mon numéro de téléphone ? De notre premier tête à tête ? De tes lettres que j’ai toujours rangées quelque part d’ailleurs ?
Te souviens-tu de l’homme que tu étais, de la femme que tu aimais avant qu’on se déchire, qu’on se détruise ?
Je ne vais pas mentir, cela a été difficile de me dire que je t’ai aimé, que tu as été l’homme d’une partie de ma vie. Il y a eu tellement de souffrance depuis, de déceptions, d’incompréhension, de jeux malsains. Te détester oui aussi. Sûrement encore parfois.
T’aimer c’est fini. Bel et bien. Mais ça n’enlève rien au passé. Au respect que j’ai pour notre histoire.
On ne désaime jamais totalement les gens qu’on a aimés ?
Je pense que si, car on a aimé quelqu’un à un moment donné, à une période de notre vie, mais si on ne le vit pas, l’amour finit par s’essouffler puis disparaître, d’une certaine façon, à un certain degré. Surtout si on a été au bout de son histoire d’amour. Alors oui il reste la nostalgie, les souvenirs heureux, une certaine mélancolie parfois qui prennent le pas sur la tristesse, la colère, la déception et c’est tant mieux. Cela permet de ne pas stagner dans un éventail d’émotions négatives. Il n’y a rien de mal à ressentir encore quelque chose pour une personne qu’on a aimée tant qu’on a conscience que cela est désormais à ranger dans la catégorie des souvenirs, du passé et que nos sentiments tiennent de la tendresse, de l’affection, du respect ou de l’amitié, mais plus de l’amour. Il ne faut pas continuer à vivre dans l’attente, dans l’ambiguïté. C’est malsain et cela fait souffrir, ça ne permet pas de clore les étapes nécessaires au deuil de la relation, à l’oubli.
Tu m’avais dit un jour que même si on se séparait, ce n’était pas pour cela que tu ne m’aimerais plus car il n’y avait pas de bouton off pour désaimer quelqu’un, que tu n’arrêtais pas d’aimer quelqu’un ainsi sur commande, que tu m’avais aimée si longtemps que d’une certaine manière tu m’aimerais toujours.
Je ne sais pas si c’est vrai. Je ne sais pas ce que tu voulais vraiment dire par ces mots, ni même si tu t’en souviens encore. Peut-être même qu’ils n’avaient pas la valeur que je leur donne. Mais ce n’est pas grave. Ce sont ces mots-là que je vais retenir, garder précieusement en mémoire car ce que je veux conserver comme souvenirs de nous deux, malgré tout, c’est ceux d’une jolie conclusion. Le temps guérit les blessures, c’est une vérité, pas juste une belle métaphore. Notre histoire en est un bel exemple.
Dans les histoires de séparations, il y en a toujours un (ou les deux) qui aimerait refaire le chemin à l’envers mais ce qui est terrible ça en est cette impossibilité, cette certitude que ça casserait de nouveau car le problème qui fait que nous nous sommes quittés est toujours d’actualité et que personne n’y pourra rien changer…
Ces regrets peuvent durer le restant d’une vie après la rupture et revenir comme des parasites vous torturer alors que vous vous y attendiez le moins…
On appelle ça « une histoire manquée »…