Il est où l’amour ?
Par Audrey
Je suis rêveuse, contemplative, mélancolique. Parfois nostalgique. Souvent perdue dans mes pensées, mes rêves. Mes chimères ?
J’ai une imagination débordante pour créer des scénarios, des histoires d’amour, des happy-ends dans ma tête. Emouvant, larmoyant, tristement pathétique, trop dans l’affect, dégoulinant de romantisme peut-être ? Je ne crois pourtant pas au mythe du prince charmant arrivant sur son cheval blanc. Je n’ai pas besoin d’être sauvée, protégée, juste d’être aimée.
On dit que l’amour permet tout, que cela nous fait oser, dépasser nos limites. Que sans sentiments la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Qu’il faut sentir, ressentir, pour se sentir vibrante, vivante.
Et pourtant, aujourd’hui, on semble confrontés à une idéologie inversée. Ne surtout plus ressentir, taire ses émotions et ses sentiments, ne pas se dévoiler, ne pas s’attacher. Voilà les nouvelles règles à suivre, sous peine d’être rejetée, abandonnée, remplacée.
Depuis quand est-ce si honteux d’aimer et de vouloir l’être en retour ? Alors il est où l’amour ? Est-ce devenu une utopie ?
Le vrai, le pur, le sincère, le réciproque ? Celui qui mêle la passion au désir, la tendresse à l’affection, et tant d’autres choses ? Où sont passées toutes ces notions, toutes ces émotions, ces sentiments, qui définissaient une histoire d’amour ? Où est passé l’amour des romans, des films, des rêves d’adolescence, des récits des nos mamys, de nos mamans ? Si tant d’entre nous se l’imaginent, c’est bien qu’on a encore envie de le vivre, ce tumulte des sens et des sentiments ! J’avoue que je ne comprends plus rien. Je suis dépassée. Je ne suis pourtant pas si vieille, enfin il me semble. J’ai grandi en croyant à tout cela et aujourd’hui il faudrait en faire le deuil ? Pourquoi ? Par peur ?
Ah elle a bon dos cette fameuse peur de l’engagement qu’on utilise à toutes les sauces mais qui au final ne veut pas dire grand-chose. On a peur de quoi, d’oser aimer, partager et être aimé ? S’engager c’est prendre un risque oui, celui de se tromper, de souffrir ou de blesser l’autre, mais c’est aussi et surtout faire le choix de laisser parler ses émotions, d’aimer, de vivre tout simplement. S’engager dans une relation, être en couple, ce n’est pas perdre sa liberté ; trop de monde se réfugie derrière cette métaphore de l’emprisonnement, mais c’est un prétexte pour ne pas avouer son égoïsme et ses véritables motivations. Alors oui vivre une histoire d’amour, c’est avant tout faire le choix de prendre un risque encore plus fou, celui d’être amoureux, celui d’être heureux.
Est-ce devenu dépassé, has been ? Aimer c’est pourtant quelque chose d’intrinsèquement naturel et incontrôlable…Non ?
J’admets avoir toujours aimé lire, et de tout, tout le temps et malgré moi l’imaginaire a certainement pris beaucoup de place. Surtout lorsque vous découvrez les romans d’amour lors de vos premiers émois d’adolescente. Qui se souvient des romans à l’eau de rose comme la série « Harlequin » ? Toutes ces belles histoires d’amour, ces jeunes femmes « fleur bleue », ces hommes sincères et amoureux, les obstacles franchis et l’amour qui l’emporte toujours à la fin. Un peu comme dans les contes de fée et les dessins animés avec les princesses de Disney, « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
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Foutus happy-ends… J’ai conscience qu’on se construit sur des schémas idéalisés, qu’on imagine une relation parfaite qui n’existera jamais, car elle ne pourra pas être à la hauteur de nos rêves. Mais je n’en demande pas tant. Même si je reconnais que cela a sûrement fait de moi une femme mi-romantique mi-passionnée. A force de lire, ou d’imaginer, on se projette sans doute dans un idéal.
Aujourd’hui, ma vision de l’amour a évolué. Hélas ou heureusement ?
Je n’ai plus cette vision idéalisée, parfaite, voire manichéenne de la relation amoureuse, au scénario bien huilé. « Coup de foudre, évidence, passion, désir, tendresse, communication, projets, comme vivre ensemble et fonder une famille, tout partager et vieillir ensemble. »
J’espère que ce modèle existe encore, qu’il n’est pas devenu une espèce en voie de disparition. Même si j ai bien conscience que sur le papier il est idéalisé et qu’au quotidien un couple se dispute, s’ennuie parfois ensemble, doute et se déchire. Je le sais, je l’ai vécu, comme beaucoup d’entre nous.
Mais tout de même, de là à tout remettre en question ? Les émotions et les sentiments, ce qui fait l’amour avec un grand A ? Pour ne conserver que ce qui en fait une pseudo réalité horizontale, l’expression d’un désir purement impulsif et physique, souvent fugace, le sexe pour le sexe ? Ne me dites pas, même si pour certains d’entre vous, « l’amour c’est devenu dégueulasse », que vous ne voulez plus vous engager pour X raisons, que vous ne connaissez pas ou ne vous rappelez pas de ça, de ce qu’on ressent lorsqu’on fait l’amour avec quelqu’un et pas quand on ne fait que consommer un moment de plaisir charnel. Toute l’intensité d’une pulsion quasi animale, d’un désir incontrôlable n’est rien comparé à la saveur du plaisir associé aux sentiments.
Alors on nous dit souvent rêveuses, parfois fleur bleue, avec des idéaux de princesse, ou carrément à côté de la plaque, pleine de rêves d’amour ridicules, prises de tête et j’en passe, quand on parle de sentiments, qu’on ouvre son cœur, osant citer les gros mos suivants « couple, attachement, projets, amour, engagement. »
Aujourd’hui le sexe est à la mode, véritable outil de consommation et l’amour est devenu ringard, alors comment tout cela va se terminer ?
« Ci-git monsieur ou madame X, qui connut tant de partenaires au cours de sa vie » et non plus « A mon défunt époux, l’amour de ma vie, mon alter ego, la femme de ma vie ? »
Dans dix, vingt, trente ans et plus, quand vous vous retournerez sur votre passé sentimental, vous rappellerez-vous de vos multiples conquêtes au visage effacé par le temps, de ces rencontres d’un soir, ou plutôt de celui ou celle qui vous a fait vibrer, d’abord une nuit certes, mais ensuite une autre, puis un mois, une année, une décennie, peut-être plus… De celui ou celle qui aura parcouru un bout de chemin à vos côtés, partagé l’essentiel de ce qu’a été votre vie, ou de celles et ceux qui ne vous connaissaient que physiquement ?
Où est l’amour aujourd’hui ? Je ne sais plus… Mais le sexe par contre, il est partout ! Sur internet, les sites de rencontres et applications, et même ici sur les réseaux sociaux ! Sans oublier les bars, pubs, boites de nuit. On s’engage pour une nuit comme s’il s’agissait d’une mission intérim, on disparait le lendemain…
Est-ce que j’y crois encore ? Oui et c’est pour cela que je prends ma plume, c’est pour cela que je continue à lire de belles histoires d’amour et à regarder des comédies romantiques, et que je m’en inspire. C’est pour toutes ces belles raisons que toute ma vie je me rappellerai de mon amoureux avec qui j’ai partagé trois années de mon adolescence, du premier homme avec qui j’ai vécu quand j’étais étudiante et du père de mon fils. Et non pas d un homme anonyme rencontré sur internet ou sur une piste de danse, puis un autre et encore un autre. Non merci.
Je sais que je n’aurai aucun souvenir de ces hommes sans visage, devenus au mieux des prénoms, au pire des numéros avec les années, et que jamais cela ne pourra constituer une jolie histoire à raconter un jour à mes petits-enfants !
Bonjour,
Complètement d’accord avec vous.
Je ne collectionne pas du tout les histoires (je suis plutôt romantique) mais malheureusement je crois que le monde est ainsi…Que faire, a part rester soi même…
Bonne journée