Delphine de Vigan est l’un de mes auteurs contemporains préférés. J’aime sa sensibilité, sa plume, sa capacité à nous offrir une intrigue prenante et à creuser la psychologie de ses personnages. Et le thème de son dernier roman ; les influenceuses qui mettent en avant leurs enfants sur les réseaux, ne pouvait que m’intéresser !
Les enfants sont rois : résumé du dernier roman de Delphine de Vigan
2010. Mélanie, qui a grandi dans le culte de Loana de Loft Story, n’a qu’une idée en tête : devenir célèbre. Mais son unique apparition dans une émission de téléréalité est un fiasco. Quelques années plus tard, mariée et mère de famille, elle crée sur YouTube la chaîne Happy Récré, mettant en scène Sammy et Kimmy, ses deux enfants, au quotidien. Bientôt, la voilà suivie par des millions d’abonnés, qui likent et commentent la moindre virée au supermarché, les vidéos d’unboxing où les petits déballent des cadeaux sans fin, et autres défis célébrant la consommation.
Pendant ce temps, une jeune femme, Clara, entre dans la police. Marquée par la perte brutale de ses parents et sa difficulté à fonder une famille, elle intègre la Brigade criminelle où elle deviendra « procédurière » – c’est-à-dire chargée de récolter sur les scènes de crime les indices qui lui permettront de rédiger une version précise des faits en vue des Assises.
Leurs chemins se croisent à la suite de la disparition de Kimmy, âgée de sept ans, lors d’une partie de cache-cache en bas de chez elle. Mauvaise rencontre ? Fugue ? Enlèvement ? Tandis que l’enquête progresse et qu’elle découvre l’univers des influenceurs, Clara mesure la violence que constitue Happy Récré pour les deux enfants qui en sont les rois… et les victimes.
Les enfants sont rois : mon avis
Je n’ai pas été conquise par ce roman comme j’ai pu l’être par d’autres de cet auteur (Rien ne s’oppose à la nuit ou D’après une histoire vraie pour n’en citer que deux). Toutefois, Delphine de Vigan a le mérite d’avoir abordé un thème très peu exploré dans la littérature jusqu’à maintenant.
C’est le genre policier que l’auteur a choisi pour nous parler de Mélanie Claux, cette jeune maman biberonnée aux télé-réalités style Love Story et qui, en quête de célébrité depuis toujours, est devenue une maman influenceuse. Son métier ? Montrer ses enfants aux yeux de tous, raconter leur vie, créer des challenges, le tout sponsorisé par des marques plus ou moins dissimulées. La jeune femme vit son rêve jusqu’à ce que sa petite Kimmy se fasse kidnapper…
C’est un roman qui vous glace le sang et qui pointe du doigt les dérives des réseaux sociaux. Ces réseaux qui, exploités à leur paroxysme, empêchent toute vie privée. Ces réseaux qui peuvent donner à ces enfants surexposés, une sensation d’avoir vécu dans un véritable Truman Show.
Je l’ai lu d’une traite et je l’ai aimé. Mais, je ne l’ai pas trouvé exceptionnel. J’ai parfois trouvé le style trop journalistique ou trop documentaire. Il reste malgré tout un bon livre d’actualité qui met en garde contre les dangers de ces nouvelles technologies quand elles sont mal utilisées ou surutilisées.
Les enfants sont rois : commander le roman de Delphine de Vigan :
Quelques extraits du roman Les enfants sont rois :
Dans la plupart des cas, ce sont les parents qui filment leurs enfants et postent des vidéos plusieurs fois par semaine. Le phénomène a commencé aux États-Unis et s’est développé un peu partout ces trois dernières années parce que cela s’est révélé très, très lucratif. Cette année, le youtubeur qui a gagné le plus d’argent au monde est un petit Américain de huit ans. Il s’appelle Ryan et il est filmé par ses parents depuis ses quatre ans. Rien que pour 2019, le magazine Forbes a estimé ses revenus à vingt-six millions de dollars.
Chacun était devenu l’admirateur de sa propre exhibition, et celle-ci était devenue un élément indispensable à la réalisation de soi.
Aujourd’hui, n’importe qui pouvait imaginer que sa vie était digne de l’intérêt des autres et en récolter la preuve. N’importe qui pouvait se considérer et se comporter comme une personnalité, un “people”…
Au fond, Youtube et Instagram avaient réalisé le rêve de tout adolescent : être aimé, être suivi, avoir des fans. Et il n’était jamais trop tard pour en profiter.
Mélanie était une femme de son temps. C’était aussi simple que cela. Pour exister, il fallait cumuler les vues, les likes et les stories.