La couverture puis la quatrième de couverture m’ont attirée alors que je déambulais dans les rayons d’une librairie. Un coup de foudre qui s’est confirmé à la lecture de ce roman de Mikella Nicol : Les filles bleues de l’été.
Les filles bleues de l’été de Mikella Nicol : Résumé
Clara et Chloé cherchent à guérir. Tout l’été, elles s’exilent dans la forêt. Au chalet de leur enfance, elles vont se réfugier, s’épier l’une l’autre, combattre dans le silence et le mal et la peur qui les hantent. Elles ne font plus partie du monde étroit auquel on a voulu leur faire croire : le leur est rythmé par les cigarettes, les siestes et l’eau du lac, calme, infinie. Quand le temps de revenir en ville arrive, elles peinent à se défaire de leur peau de campagne.
Clara et Chloé ont vingt ans et ne se contentent pas de la réalité. Les années les plus belles appartiennent au passé. Leur jeunesse est un pays d’où on ne revient pas.
« L’idée s’est installée d’elle-même. Si l’été ne reviendrait jamais, alors c’était nous qui devions lui revenir. J’ai prononcé ces mots exacts : “ Clara, je vais retourner dans l’été ”. Comme elle ne répondait pas, j’ai ajouté “ Pour de bon ”. Ma voix était ferme. Je ne parlais pas de voyager le temps, je ne croyais pas aux miracles. C’était plus que ça. »
Mon avis :
C’est l’histoire d’une amitié fusionnelle, deux amies alter-ego, deux soeurs de coeur liées par une connexion profonde et puissante, chacune connectée à une souffrance indicible. L’une vit un chagrin d’amour qui l’envahit d’une douleur profonde, l’autre souffre de TCA qui empoisonnent sont corps et son esprit.
Le récit alterne le point de vue de l’une sur l’autre et inversement. Ce n’est pas l’histoire, l’intrigue qui m’a bouleversée, ni même l’amitié inconditionnelle que se portent les deux jeunes femmes. Non, ce qui a touché mon coeur au plus profond de mon être, c’est l’écriture de Mikella Nicol. Une écriture remarquable, tellement poétique, tellement juste qu’elle parvient à sublimer la souffrance et le désespoir. Le tout sur un décor magique d’un lac canadien et de forêt chantante.
C’est prodigieux, intense, stupéfiant de profondeur et intensément féminin. Un premier roman magistral !
Quelques extraits :
Ma peine de cœur avait ouvert mon ventre pour que les curieux puissent y voir grouiller la douleur.
Moi je suis venue une dernière fois contempler mes souvenirs comme on regarde de loin des enfants jouer dans un parc. Revoir la petite fille que j’ai été chatouiller l’herbe en regardant mon père scier des planches pour construire une balançoire. J’étais le centre du monde, quand ma mère m’amenait l’eau et m’apprenait à nager. Qu’est-ce qui a basculé pour que je doive porter le monde en mon centre?
Nous avons vécu le bonheur duquel on ne se relève pas.