Chers tous,
Depuis ce matin, je tente en vain de mettre des mots sur ces terribles attentats d’hier soir. On a tous envie de crier, de hurler. Certains ont peur, d’autres tremblent de colère. J’ai fondu en larmes, mon cœur s’est mis à palpiter en apprenant l’urgence de la situation qui paraissait tellement irréelle alors que je regardais les informations, alors que des amis étaient coincés dans ces restaurants, alors que les coups de feu étaient bien présents. On parle d’état de choc mais ce n’est pas un « choc » à proprement parlé, ce qui s’est passé hier, nous l’avons imaginé, notamment depuis les attentats de Charlie l’an passé. Ce qui s’est passé hier, nous y avons longuement songé, mais quand la guerre est déclarée, il en va autrement dans les esprits. Et puis, peut-on parler de guerre quand ce sont des actes extrémistes ? Peut-on parler de guerre quand un seul camp s’oppose à tous les autres ? Ce qui s’est passé hier n’a rien d’extraordinaire, ce n’est pas une nouveauté, mais oui, aussi égoïste cela puisse-t-il paraître, quand les violences se déroulent sous nos yeux, nos émotions sont décuplées.
Les amalgames vont bon train sur les réseaux sociaux et je n’ai même pas envie de m’attarder dessus tellement certains tweet s et posts me donnent la nausée.
J’ai voulu écrire une lettre de soutien mais les mots étaient trop faibles ou trop violents. J’ai voulu écrire une lettre d’amour à la France mais ce n’était pas juste pour tous les autres pays qui subissent ces violences depuis longtemps. J’ai voulu écrire une lettre d’insulte et de rage mais ils ne le méritent même pas. Écrire a beau être mon métier mes émotions sont si grandes aujourd’hui que je bloque sur le papier car je ne veux pas minimiser, je ne veux pas me mentir a moi même, je ne veux pas parler au nom des familles touchées, au nom de mes amis qui ont perdu des proches.
Ma soirée à Paris hier a dû être semblable à beaucoup d’autres : j’étais dans mon lit avec mon ami, on regardait une série. Quand on a rallumé nos portables : plus d’une vingtaine de sms, d’appels, de messages sur Facebook me demandant comment j’allais. J’ai allumé la télé et j’ai vite compris. Les larmes de rage, de peur et d’impuissance ont suivi.
Je pense à toutes les victimes de ces assassins, les victimes de Paris à Beyrouth. L’année dernière à Paris, ils s’en étaient pris à des journalistes, aujourd’hui ils nous visent nous, les civils. Nous sommes une grande famille, nous devons tous nous soutenir.
J’aurais tellement voulu dire plus, mais je n’y arrive pas aujourd’hui, je n’ai certainement pas le recul nécessaire.
N’oubliez pas de dire à vos proches que vous les aimez car dans une telle période, l’amour peut faire des miracles, apaiser la peur et redonner des forces !
Je terminerai par cette phrase de Zola (1898) :
« Et ce sera pour ta gloire finale, France, car je suis sans crainte au fond, je sais qu’on aura beau attenter à ta raison et à ta santé, tu es quand même l’avenir, tu auras toujours des réveils triomphants de vérité et de justice ! »