Lettre d’adieu : le temps m’a guérie de toi…
Je n’avais pas pensé à toi depuis plusieurs jours, je ne t’ai pas parlé depuis plusieurs semaines et tu ne me manques plus comme avant depuis plusieurs mois. Le temps fait son œuvre comme on dit. Seul le temps a ce pouvoir-là, de nous aider à passer à autre chose, de panser nos plaies et guérir nos maux, de nos aider à cicatriser, à oublier. Mais aujourd’hui est un jour particulier. Aujourd’hui, même si je n’y pensais pas, je m’en suis souvenue, comme si c’était gravé dans ma mémoire tel un souvenir impérissable.
Aujourd’hui, c’est ton anniversaire. Mais nous ne le fêterons pas ensemble, ni cette année ni les suivantes.
Car tu as choisi. Et la vie que tu as choisie, je n’en fais pas et je n’en ferai plus partie.
J’y pense encore mais c’est moins douloureux. J’y pense de moins en moins en fait, c’est juste une sensation qui revient par instants, une émotion que je ne contrôle pas encore tout à fait, la réminiscence de certains souvenirs enfouis qui se rappellent à ma mémoire subitement sans crier gare. Et sans raison. Aujourd’hui car c’est un jour spécial, je pense à toi. D’autres fois, je n’ai pas trouvé de raison particulière à ton image qui se matérialise à nouveau dans ma tête, comme si tu étais là. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être tout simplement parce que notre histoire demeurera à jamais inachevée. Peut-être parce qu’elle était en grande partie fantasmée. Peut-être parce qu’elle sera toujours associée aux regrets. Oui sûrement, c’est un mélange de tout cela.
Ces sensations, ces émotions, elles seront toujours là quelque part même si elles ne me font plus souffrir, ne me submergent plus, n’occupent plus mes pensées à chaque minute.
Tu fais partie de mon passé, de mon histoire, de ma vie. À jamais.
Mais je sais à présent que tu ne seras pas là à l’avenir. Que nous n’avons pas d’avenir ensemble tout simplement. Que nos chemins ont pris des destinations parallèles et qu’il y a peu de chance qu’ils se croisent à nouveau. Sauf par ta volonté, et je sais que tu ne le feras pas. Tu ne le feras plus.
Tu as pris trop de risques, tu as joué avec le feu, tu as failli te perdre en route. À ton sens, peut-être, tout perdre. Ton confort, ton quotidien, tes certitudes. Pour une vie faite d’incertitudes ? Pour une existence trop compliquée ? C’est sans doute cela que tu as pensé, c’est sans doute la raison de ton renoncement.
Nous sommes si opposés au final, à quoi aurait ressemblé notre histoire ?
Aurions-nous vraiment pu vivre une belle histoire d’amour ? Celle dont on se souvient tout au long de son existence ? Celle qui nous accompagne jusqu’à la fin de notre vie ?
Il y a eu tellement de doutes, de larmes, de déchirements entre nous, et puis surtout il y a tellement de regrets. J’ai l’impression que c’est ce qui définit le plus notre histoire. Je ne sais pas si ces regrets seront éternels, je ne sais plus. Peut-être qu’eux aussi feront à jamais partie de moi comme notre histoire, enfouis dans un coin de ma tête et de mon cœur.
Et puis… Il faut affronter la réalité. Tu sembles m’avoir oubliée, peut-être pas tout à fait, peut-être pas complètement, mais suffisamment pour que je ne me sente plus attendue. Tu sembles avoir repris le chemin de ta vie toute tracée dans laquelle je n’avais pas de place, et tu sembles y être bien.
Comblé, heureux ? Je ne sais pas, avec toi on ne peut jamais savoir, tu caches ces choses-là. Mais il faut que j’accepte que cela ne me regarde plus. Tes humeurs, tes projets, tes joies comme tes peines, tes sourires comme tes larmes, tout cela tu les vis loin de moi maintenant. Tu avances dans une existence qui m’est devenue totalement étrangère ou presque, et cela est mieux pour toi. Pour moi. Pour nous deux.
Il était temps d’arrêter d’attendre en vain, d’espérer pour rien, de souffrir en silence. Il était temps d’en prendre conscience et de décider de ne plus subir.
L’amour nous dévaste parfois autant qu’il nous transporte, le sentiment amoureux a ce don incroyable de nous faire supporter la pire des souffrances, comme celle d’un coup de poignard en plein cœur.
De nous faire devenir quelqu’un d’autre, de nous perdre. De faire de l’attente et de l’espoir les seules sensations existantes.
C’est comme sombrer dans un monde parallèle, un univers chimérique. Duquel il faut réussir à sortir. J’ai mis du temps mais j’ai réussi. Je t’y ai laissé mais je m’en suis évadée. Je t’y retrouve parfois au détour d’une pensée, d’une émotion ou d’un rêve. Mais je n’ai plus mal comme avant. J’arrive même à sourire de certains de nos souvenirs.
Tu me manqueras toujours un peu, j’aurai toujours la nostalgie de notre complicité et les regrets de ce que nous aurions pu partager, mais j’avance sans toi. J’arrive à sourire à nouveau. À envisager ma vie autrement. À me dire que cette place à mes côtés est faite pour un autre. A me créer d’autres souvenirs. À éprouver de nouvelles émotions.
Et j’espère à me projeter à nouveau, bientôt.
Et à aimer, tout simplement, à aimer un homme qui me regardera comme si j’étais magique. Comme si j’étais unique. Comme tu m’as regardée il y a longtemps. Sauf que lui regardera avec moi vers l’avenir.
Cette lettre existe aussi en anglais : Saddest goodbye letter : how to make someone cry in a goodbye letter