Un certain S m’a envoyé un mail qui m’a prise aux tripes. Ne sachant pas à qui faire lire son talent, ses mots qui lui verrouillent le coeur s’il les garde en lui, S m’a envoyé un texte. Et il a bien fait car j’en est été émue et je suis ravie de d’avoir découvert une aussi belle plume !
Avant toi je voulais déplacer le monde, y créer de belles chose.
Avant toi je composais, j’écrivais des chansons et des poèmes.
Avant toi il y avait le soleil, la lune, les étoiles et le bleu, l’infiniment bleu du ciel.
Avant toi, il y avait tout, toujours, tout le temps.
Avant toi je pouvais dire je t’aime. Je savais dire je t’aime.
Avant toi je riais comme savent faire les enfants.
J’avais 10 ans, presque 8 quand tu me souriais, quand tu me disais à ton tour que tu m’aimais.
Avant toi c’était gai, c’était doux et insouciant, c’était comme ces paradis perdus qu’on décrit dans les livres.
J’étais riche de toi, de tes baisers, de l’amour que tu me donnais.
Avant toi je savais, je pensais, j’exultais, je grandissais, je progressais.
Avant toi je mettais les verbes et les mots comme on enfile des perles, je tissais les textes, je sculptais les messages, tu les rendais beaux par l’amour que tu faisais naître en moi.
Mes élans allaient irrémédiablement vers toi, vers nous.
Vers ce « nous », inaccessible, dont tu n’as pas voulu.
Aujourd’hui, je ne sais plus, je ne sais plus les mots, les mélanges, les associations, comme un parfum qui mélange les bonnes fragrances, ou comme les vins qui associe les bon cépages.
Aujourd’hui mes mots n’envoûtent plus les gens et mes chansons n’enivrent plus personne.
Et d’ailleurs, je n’ai plus ni l’envie, ni la foi.
C’est comme si tu étais partie avec mes mots, avec mes vers, avec tout ce qui faisait de moi un poète, un chanteur, un enfant qui dessinait, maladroit des chansons pour ceux qu’il aime.
Je t’ai donné ce qui me restait d’amour.
Je pensais que c’était beaucoup, mais ce n’était pas assez.
Pas suffisant pour que tu restes.
Avant toi, je savais dire je t’aime.
Avant toi, je savais parler d’amour.