En 1832, Mme Hanska entre dans la vie de Balzac grâce à une lettre postée d’Odessa et signée « Etrangère ». Mme Hanska dévoilera son identité plusieurs mois après une correspondance épistolaire régulière. Ils se rencontrent pour la première fois le 25 septembre 1833. Deux mois plus tard à peine, Balzac lui envoie cette missive :
Dimanche 1er décembre 1833
Mon ange, je viens de lire ta lettre, oh j’ai eu envie de tomber à tes genoux ! mon Ève, ma chère épouse. N’aie jamais une seconde de pensée mélancolique, oh tu ne me connais pas. Tant que je vivrai je serai ton chéri, je respecterai en moi, le cœur que tu as choisi ; je ne m’appartiens pas. Il n’y a ni folies, ni sacrifices, non, non jamais. Oh ne sois pas ainsi, ne me parle jamais de Laudanum. J’ai fait voler les dernières épreuves d’Eugénie Grandet et j’ai sauté comme pour aller à toi. La fin de la lettre m’a fait passer les douleurs du commencement
Mon amour, mon cher amour, je serai près de toi, dans quelques jours, quand tu tiendras ce papier plein d’amour pour toi auquel je voudrais communiquer les battements de mon coeur, il n’y aura plus que quelques jours, je vais redoubler de soins, de travail, je me reposerai là-bas. D’ailleurs, je vais m’arranger pour y rester longtemps. Ö mon amour, fais-toi des cieux sereins, car il n’y a dans mon être qu’affection, amour, tendresses et caresses pour toi.
Oui, je vis en toi comme tu vis en moi. Jamais dieu ne séparera ce qu’il a si fort assemblé. Ma vie est ta vie. Ne m’effraie plus ainsi. Ta tristesse m’attriste, ta joie me rend joyeux, je suis dans ton cœur, j’écoute ta voix par moments, enfin j’ai l’amour éternel, impérissable, angélique que je désirais. Tu es et le commencement et la fin, ma chérie, mon Ève, comprend donc l’Ève, je suis aussi exclusif que tu peux l’être. Enfin, l’adoremus in eaternum est ma devise, entends-tu chérie. Allons, l’heure passe, il faut envoyer à la grande poste pour que tu aies cela, mercredi.
Allons, adieu chère, merci du talisman, j’aime cela, j’aime avoir un cachet qui ne serve qu’à toi. Mon amour, une ris pas de mes fantaisies, ah si tu voyais les deux Anges de Bra, et la Marie et l’Enfant Dieu ! J’ai pour toi dans le coeur tout ce qu’il a trouvé d’adoration, dans on sublime génie à faire exprimer aux anges, mais tu es Dieu pour moi, Ô chère idole adieu.
Source : Les plus belles lettres d’amour, d’Héloïse à Eluard