Carène Mezino, infirmière au CHU de Reims a été mortellement agressée au couteau le 22 mai 2023. La jeune femme de 37 ans et maman de deux enfants n’a pas survécu. Sa collègue, Magali L. a voulu lui rendre un dernier hommage en lui écrivant cette lettre ouverte et en la partageant avec nous.
Lettre ouverte à Carène Mezino, par sa collègue Magali L.
Carène,
Comment trouver les mots justes…
Cela fait bientôt 20 ans que je travaille au CHU de Reims, soignante est un dur métier, dur pour le corps, dur pour l’esprit, et pourtant je l’aime, j’aime toutes ces rencontres, tous ces moments partagés aussi durs soient-ils parfois, tout ces fous rires, toute cette fatigue, toutes ces victoires.
Les collègues il y en a eu des centaines, quelques-uns de passage, une majorité avec lesquels on noue des liens de confiance, on partage ses doutes, ses espoirs, une même conscience et éthique du travail, avec lesquels on continue à apprendre, réfléchir, avancer, on partage les mêmes combats, les pertes puis on se soutient pour se relever et parfois avec bonheur on vit de petits et de grands soulagements, finalement avec lesquels on grandit dans notre parcours professionnel et certains qui souvent sans le savoir nous apportent aussi personnellement.
Carène faisait partie de ceux-là, vous ne pouviez pas rater son sourire et même avec ces satanés masques, ses beaux yeux en disaient long.
J’ai rarement vu des collègues avec des soucis de santé aussi persévérantes et battantes, je ne l’ai jamais entendue se plaindre ou se morfondre sur sa situation, dieu sait que pourtant, parfois, sa souffrance était visible, que ce soit physiquement ou moralement lorsque l’on échangeait sur la difficulté et sa peur d’arriver à poursuivre ce métier qu’elle chérissait tant en acceptant les restrictions que son corps imposait.
Lorsque nous avons changé de poste, elle a été ravie pour moi puis j’ai été ravie pour elle. Epanouie et radieuse elle retrouvait sa place parmi cette grande famille de soignants que nous sommes.
Je ne connaissais pas Carène en dehors du CHU, je n’avais pas idée qu’à l’intérieur nous risquions tant, à tel point que lorsque j’ai appris les agressions, je lui ai envoyé un message, un message de réconfort pour elle et ses collègues car il était inconcevable que se soit si grave et encore plus que ce soit elle. Quelques heures plus tard je réalisais l’inconcevable.
Je suis tellement heureuse d’avoir eu la chance de travailler avec elle, je garde son sourire, sa joie de vivre et sa force pour avancer et continuer, sans oublier sa recette du gâteau au Champagne qu’elle m’a fait découvrir, n’est pas marnaise qui veut !
Il y a un peu de Carène en chacun de nous, je veux lui dire MERCI.
A Carène
A tous mes collègues du CHU et d’ailleurs
Magali
Paix a elle je pense beaucoup a son époux ses enfants si petit qui ne verron plus leur maman pourquoi