Etre Gay, c’est loin d’être gai.
Magnifique texte de Sandra ! Merci à toi !
Révélation d’une chroniqueuse : je suis amoureuse et j’en suis très heureuse. Pourquoi suis-je si désireuse de vous faire part de cette nouvelle fabuleuse ? Ce n’est nullement pour susciter la jalousie de mesdames les jaseuses, mais plutôt pour la vertu de ma confession que je souhaiterais médicamenteuse. Attention, par « confession », je n’entends pas avouer un péché – puisque ce n’en est absolument pas un – mais simplement le fait de me confier. Et pour que cet aveu soit complet, je dois vous le révéler : je suis gay. D’ailleurs, mettons-nous d’accord d’emblée : l’homosexualité n’est pas acquise mais bien innée. Etre gay, on l’est déjà quand on naît. C’est mon identité et non une personnalité que je me suis créée. Alors pourquoi devrais-je me sentir coupable ou me renier ? A cause de notre société qui se noie dans ses préjugés ? Je ne suis pas de celles qui préfèrent se cacher et vivre dans le secret. Je ne suis pas « devenue gay » suite à un rejet ou par dégout du sexe opposé. Je suis comme je suis, et jamais je ne me forcerai à aimer le sexe opposé pour rentrer dans la « norme », comme elle est communément appelée.
L’homosexualité est une manière comme une autre de vivre ma sexualité. Pourtant, il s’agit toujours d’un sujet brulant et choquant qui ne laisse personne indifférent. Et c’est peu dire, c’est loin d’être un euphémisme. Justement, si l’on aborde le saphisme, on ne peut qu’aborder l’hétérosexisme, le plus flagrant des favoritismes. Cela correspond à l’imposition de l’hétérosexualité comme norme dominante de la sexualité. L’homophobie est donc le fruit de cette hétéronormativité puisqu’elle est institutionnalisée. Autant dire qu’il faudrait avoir de sacrées œillères pour croire que l’homosexualité est pleinement acceptée. En effet, de nos jours, beaucoup disent la tolérer mais ne pas l’accepter. Jouer sur cette différence entre tolérance et acceptation leur permet de justifier leur conception discriminatoire de l’homosexualité.
Car marcher main dans la main, dans la rue, avec ma bien-aimée, n’est pas chose aisée : on se fait tout de suite dévisager de la tête aux pieds. Et c’est sans compter sur les démonstrations d’affection que nous nous devons de réfréner. Auquel cas, les regards inquisiteurs et désapprobateurs pourront être accompagnés de commentaires déplacés, de critiques sexistes, voire d’une certaine vulgarité. Et il est intolérable et inconcevable que leurs paroles haineuses nous fassent sentir honteuses alors que nous nous aimons en toute légalité et légitimité. Pourtant, j’avais décidé, pendant un temps, de ne plus m’exposer et de mettre en place des stratégies pour m’invisibiliser. Mais ce n’est pas la posture à adopter : il faut assumer ce que l’on est et être fière de la personne avec laquelle on est. Qu’on soit homosexuel ou hétérosexuel, c’est du pareil au même : on reste deux êtres qui s’aiment. L’important, ce n’est pas notre enveloppe charnelle – bien que celle de ma moitié soit très belle – mais le cœur qui y sommeille. Peu importe les préjugés et les propos désobligeants contre lesquels nous devrons lutter, je peux le dire sans gêne : je l’aime. Oui, je suis amoureuse et j’en suis très heureuse.
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